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France - 28 février 2013
Par Badia Benjelloun
La France, ce qu’il en reste, beaucoup de police et un peu d’armée sous un épais manteau de lois européennes sinon byzantines, peut s’enorgueillir de détenir un record.
Elle détient dans ses geôles le plus ancien prisonnier politique du monde.
Georges Ibrahim Abdallah a été condamné en 1986 sans preuve établie de sa responsabilité dans les crimes qui lui furent imputés. La perpétuité dont il a bénéficié au terme d’une parodie de procès a été le cadeau signant la subordination de la politique étrangère de la France aux USA et à Israël.
Dans ces années-là, la France socialiste faisait preuve d’un activisme militant structurant efficacement la grande restauration qui infléchit jusqu’à nos jours les mouvements politiques émancipateurs qui prirent leurs origines dans les luttes ouvrières du 19ème siècle et les combats anticoloniaux du 20ème.
Georges Ibrahim Abdallah subit sa vingt-neuvième année d’emprisonnement.
Il est libérable depuis 10 ans.
Aujourd’hui, il suffirait d’un arrêté d’expulsion pour qu’à soixante ans enfin il retrouve les siens sur sa terre natale.
Cet acharnement obstiné de la France souligne sa vassalité.
Le ministre de l’Intérieur n’est que le petit exécutant d’un désordre mondial qui fait porter le feu et le sang en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, en Libye, en Syrie et maintenant au Mali à sa sous-unité régionale française.
Georges Ibrahim Abdallah est un monument.
Il concentre en lui la cause arabe. Décrit comme militant pro-palestinien, il est plus que Libanais. Il est plus que ressortissant de ce petit bout de territoire dessiné par le colonialisme au dépends de la grande Syrie. Il est arabe et comme tout arabe, il est concerné par les séquelles de l’impérialisme figurées dans cette zone par l’établissement d’un État à prétention confessionnelle unique et exclusive.
Il est la figure de la volonté inébranlable d’un engagement contre le capitalisme, ce système qui conduit, laissé libre d’évoluer, à la fin de l’humanité.
Il incarne la fidélité à l’idéal de justice et de fraternité.
Georges Abdallah est immense, indestructible.
Manuel Vals, l’actuel détenteur de la clé de sa cellule, un minuscule accident que l’histoire renfermera bientôt dans les plis de l’oubli.
Badia Benjelloun
28 février 2013
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