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Israël - 9 septembre 2007
Par Elias Akleh
Le docteur Elias Akleh est écrivain arabe palestinien, né à Beit Jala. Il vit actuellement aux Etats-Unis.
Après le 11 septembre, les programmes des principaux médias américains se sont orientés vers l'attaque et la critique des systèmes éducatifs arabes et islamiques pour les présenter comme des Madrassas (écoles en arabe) alimentant la haine, les préjugés, l'extrémisme religieux et la violence.
Barbara Walters, de l'émission 20/20 (ABC TV) est partie en Arabie Saoudite pour critiquer les écoles islamiques. Elle a sélectionné quelques phrases du Coran prises hors de leur contexte contre les Juifs, lorsque les Juifs avaient rompu un traité de paix et trahi les Musulmans, et les a dépeintes comme sources de haine et antisémites.
Les Saoudiens ont pris la critique l'esprit ouvert et ont promis de "moderniser" leur enseignement.
Pour des raisons politiques, les critiques, dont Barbara Walters, ont ignoré de reconnaître tous les bons enseignements que les écoles islamiques propagent, y compris l'acceptation des religions judaïque et chrétienne, la tolérance envers les autres cultures, la modération des comportements, les valeurs familiales, la compassion envers les pauvres, l'égalité des droits, la liberté et l'émancipation des esclaves, et la démocratie (la Shoura islamique) parmi de nombreux autres.
Walters et les autres n'ont même pas daigné jeter un coup d'oeil au système éducatif israélien et le comparer avec les autres. Un tel examen révèlerait que le système éducatif israélien est raciste, chauvin, élitiste, intolérant, distillateur de haine, violent, militariste et terroriste.
Les fondateurs sionistes savaient qu'un Etat israélien au coeur du monde arabe, sur des terres palestiniennes usurpées, ne serait jamais accepté. Pour exister, Israël aurait besoin d'être une société militarisée. David Ben Gourion, premier président israélien, avait exprimé ce fait lorsqu'il avait déclaré qu'"Israël est simplement une société militarisée".
On trouve le reflet de cette militarisation dans tous les aspects de la vie israélienne, à commencer dans les familles pour se poursuivre dans les villes, la culture, les affaires, les institutions, les industries, l'éducation et même les arts et le spectacle. Presque chaque israélien est membre de l'armée, d'une manière ou d'une autre. Vous trouvez des soldats israéliens en arme partout où vous allez dans toutes les communautés israéliennes : dans les rues, les marchés, les magasins, les restaurants, les autobus, les trains, partout. Des généraux et du personnel militaire et ex-militaire font fonctionner toutes les pièces des rouages israéliens.
Pour créer une telle société militarisée, qui vit et meurt pour la guerre, les gens ont besoin d'être militairement endoctrinés depuis l'enfance, et quel meilleur moyen d'endoctrinement et de programmation des jeunes que par le système éducatif, lorsque les esprits sont encore souples et malléables. Le journaliste israélien Erna Kazin a noté que les programmes scolaires israéliens sont conçus pour élever les étudiants, depuis l'enfance, dans une atmosphère militaire qui glorifie l'armée, de manière à préparer les étudiants à devenir soldats dans l'armée israélienne. En Israël, le service militaire est considéré comme le devoir religieux le plus élevé auquel chaque citoyen israélien aspire.
La première leçon qu'apprend un enfant israélien est la leçon la plus raciste, chauvine, pleine de préjugés, extrémiste d'un point de vue religieux, homophobe, celle du peuple élu par Dieu persécuté sur la terre promise par Dieu. L'enfant israélien découvre que c'est par droit divin qu'il est né juif, élu par Dieu, et que son privilège divin provoque la jalousie, la haine antisémite et la persécution que les autres (les goyim) lui infligent.
Il apprend que ces goyim ne sont que des âmes animales incarnées dans des corps humains pour le service et le plaisir du peuple élu par Dieu. Il apprend également que sa terre promise par Dieu a été volée par des païens (arabes et musulmans) et que c'est son devoir religieux de suivre la volonté divine de nettoyer cette terre promise de ces païens et d'y construire une maison pour Dieu.
Les livres de classe israéliens sont écrits avec une idéologie sioniste militarisée à l'extrême, profondément colorés de religiosité déformée. Le chercheur israélien Eli Bodia, de l'Université d'Haifa, a mené une étude sur les programmes d'histoire des manuels scolaires israéliens, étude appelée "La lutte israélienne dans les manuels scolaires israéliens d'histoire".
Bodia conclut que les contenus perpétuent le conflit israélo-arabe et ont constitué un obstacle à tout traité de paix réelle avec les Palestiniens.
Il décrit les programmes comme profondément déformés par une idéologie sioniste extrémiste. Ils nourrissent la haine contre les Arabes en général et les Palestiniens en particulier en les dépouillant de leur humanité et en les décrivant comme des sauvages violents, terroristes, arriérés, criminels, sales et bestiaux.
Le savant israélien Sigrid Lehman a déclaré : "Nous, les Juifs, sommes enclins à voir un Arabe comme les goyim, en tant qu'européens nous le voyons comme l' ennemi de nos aspirations nationales, et en tant que socialistes, nous le voyons comme le représentant du pire type d'arriération."
Les programmes sociaux et religieux israéliens sont également pleins de préjugés religieux extrémistes et d'élitisme social sur tous les goyim. Les livres religieux regorgent d'histoires d'anciens prophètes juifs, qui, sous les ordres de leur dieu meurtrier, ont envoyé les Juifs commettre des crimes contre les goyim, n'épargnant personne et tuant tout le monde, des bébés jusqu'aux personnes âgés des deux sexes, commettre des crimes contre des animaux de ferme, tuant tous les troupeaux, et commettre des crimes contre l'environnement, brûlant des villes, coupant les arbres fruitiers et incendiant les cultures. L'histoire du prophète Samuel et du roi Saul est juste un exemple parmi beaucoup d'autres dans le Vieux Testament et le Talmud. Parfois, ce Dieu meurtrier participe à la guerre et fait pleuvoir des grêlons et du feu sur les ennemis d'Israël.
Et c'est ainsi que les étudiants israéliens apprennent qu'assassiner des goyim et détruire leurs villes ne sont pas sanctionnés par Dieu mais sont des devoirs religieux.
Dieu continue à parler aux rabbins israéliens pour conseiller Israël dans sa guerre contre les Arabes. Les rabbins israéliens publient des décrets religieux qui sanctifient l'agression israélienne contre les Palestiniens.
Le rabbin Murdachai Eliahu, ancien rabbin en chef d'Israël, a publié des décrets religieux appelant au génocide de tous les Palestiniens comme devoir religieux.
Le rabbi Eliza Maimed a publié des décrets religieux encourageant les Israéliens à voler et brûler les récoltes palestiniennes, à empoisonner leurs puits. De tels crimes sont devenus des virées nocturnes pour la jeunesse israélienne des colonies contre les villages agricoles voisins palestiniens.
Des décrets religieux extrémistes ont été publiés par le rabbin en chef et leader spirituel israélien Yosef Obadia, qui a décrit les Palestiniens comme des créatures et des cafards qu'il fallait écraser. Il a également prêché que le Messie pousserait tous les Arabes païens en enfer.
En septembre 2005, des rabbins importants, menés par Dov Lenor, ont envoyé un décret religieux au premier ministre israélien de l'époque Ariel Sharon l'autorisant à cibler les civils palestiniens, citant d'anciens rois israéliens comme Saul et David, qui furent guidés par Dieu pour viser tous les goyim sans exception, les enfants comme les adultes.
Ces décrets religieux deviennent des lois et sont enseignés dans les écoles israéliennes à côté d'autres livres religieux qui glorifient les criminels de guerre israéliens, les décrivant comme des saints pour l'assassinats de goyim palestiniens, comme le livre "Baruch, le héro", écrit par le rabbin Izhak Genzburg. Le livre glorifie le terroriste Baruch Goldstein, qui, en 1994, a assassiné 29 palestiniens et blessé beaucoup d'autres, alors qu'ils priaient dans la Mosquée Ibrahimi à Hébron, avant d'être tué par des fidèles. Baruch a été qualifié de "saint" pour ce crime. Il a été enterré dans la colonie israélienne de Kiryat Arba et sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage pour les religieux israéliens extrémistes.
La militarisation du système éducatif israélien a trois caractéristiques majeures :
Premièrement,
le système glorifie le pouvoir militaire et la guerre comme faisant partie de la vie israélienne, et renforce le concept selon lequel la puissance est le droit.
Le service militaire est le service religieux ultime que Dieu attend des Israéliens. Ce Dieu en guerre commande aux Israéliens de nettoyer la terre promise de tous ces goyim arabes et de lui bâtir un temple. On dirait que ce Dieu veuille que les humains fassent sa propre guerre, et veuille laisser son immense univers vivre dans un minuscule temple terrestre. Pour endoctriner (laver le cerveau) des nouvelles générations dans l'esprit militaire, les écoles organisent des sorties de terrain dans des bases militaires, où les étudiants peuvent observer la vie militaire, se familiariser avec toutes sortes d'armes, se faire prendre en photos avec des soldats et suivre un entraînement avec des balles réelles.
On les encourage également à mettre leurs signatures sur les bombes qui seront jetées sur les voisins arabes, comme on a pu le voir pendant l'attaque israélienne au Liban à l'été 2006.
Les étudiants ont le devoir scolaire d'écrire des lettres et des cartes de voeux aux soldats, pour les remercier d'avoir tué les ennemis du peuple élu de Dieu. Généraux et soldats visitent régulièrement les écoles pour y tenir des conférences sur la guerre, sur l'armée israélienne invincible grâce à l'aide de Dieu, et sur les atrocités de la guerre pour insensibiliser les étudiants.
Deuxièmement,
la caractéristique la plus importante des écoles israéliennes est sa coloration militaire, où la gestion des établissements d'enseignement et les cours sont confiés au personnel militaire.
Un général qui se tient devant des étudiants requiert une attention sérieuse et est un exemple à suivre. Le Ministère israélien de l'Education a adopté un programme de formation appelé "Tsafta" pour donner aux anciens officiers militaires et des services secrets la qualification de professeurs et de directeurs d'école. Le directeur de ce programme, Motti Saji, a expliqué que l'objectif du programme n'est pas de trouver des enseignants qualifiés mais des chefs militaires aux compétences spéciales.
Après que Limor Lifnat, du Likud, soit devenu Ministre de l'Education en 2000, la droite militaire extrémiste a pu occuper les postes les plus élevés au ministère, militarisant encore plus le système éducatif.
Enfin,
la création d'institutions militaires religieuses, connues sous le nom de “Yishovot Hahsadir”, qui combinent extrémisme religieux et militaire.
Ces institutions sont dirigées par des rabbins, et les bacheliers israéliens y sont soumis aux enseignements religieux racistes sionistes aussi bien qu'à la formation militaire. Bien que l'armée finance ces institutions, elle n'a aucun contrôle sur elles.
Elles existent principalement dans les colonies installées sur la terre palestinienne volée et à Jérusalem occupée. Leur programme religieux est basé sur des décrets religieux extrémistes sionistes qui sont pleins de préjugés et de haine envers les goyim, en particulier les Arabes.
Les rabbins enseignants de ces institutions sont connus pour leurs attaques contre les Arabes et leur critique et opposition à tout accord de paix avec eux.
Le rabbin Eli Elbaz, un rabbin occidental important, est célèbre pour ses attaques contre l'Islam et son prophète Muhammad.
Le Rabbin Eliahu Reskin, de la colonie Efrat, construite sur la terre volée à la ville de Bethléhem, se moque de toutes les tentatives de dialogue inter-croyances entre les rabbins juifs d'un côté et les prêtres chrétiens et les cheikhs musulmans du monde arabe de l'autre. Il prêche que le seul langage que les Arabes comprennent est "le langage des balles".
Ces institutions militaires religieuses sionistes menacent non seulement les Arabes mais la paix au Moyen Orient en général, et l'Etat israélien lui-même. Beaucoup d'observateurs, dont des généraux israéliens, pensent que ces institutions préparent le renversement du gouvernement israélien laïque pour un gouvernement sioniste religieux.
Une étude réalisée par l'Université israélienne Bar-Ilan, à Ramat Gan, a démontré que 99% des étudiants de ces institutions religieuses militaires, et que 90% des israéliens religieux orthodoxes ignoreraient les lois laïques israéliennes et suivraient les décrets religieux des rabbins, en cas de contradiction entre les deux systèmes.
Ces éléments furent confirmés par un sondage d'opinion fait par le Hertzlia Center en 2006, qui indiquait que 95% des soldats et généraux israéliens considéraient qu'ils suivaient les décrets religieux plutôt que les lois laïques, lorsqu'il y avait contradiction.
Ceci fut évident en 2004 lorsque feu le premier ministre Ariel Sharon a mis en oeuvre le Plan de Désengagement en évacuant les colonies israéliennes de la Bande de Gaza.
Le rabbin Abraham Shapira a appelé ses étudiants et disciples à déserter l'armée si le plan était appliqué, alors que le Rabbin Haim Druckman a appelé ses étudiants et disciples à ouvrir le feu sur les forces israéliennes de sécurité si elles tentaient d'appliquer le plan par la force.
Ce ne sont que quelques faits sur le système éducatif israélien terroriste. J'invite les journalistes concernés, comme Barbara Walters, à enquêter plus avant sur ce thème, et à faire une comparaison juste entre les systèmes éducatifs arabes et israéliens.
Lire sur le même sujet : "Recrutement d'enfants en Israël : Résumé des principaux résultats et des recommandations"
Extrait du Rapport de New Profile rédigé par Amir Givol, Neta Rotem et Sergei Sandler et présenté lors d'une conférence à Tel-Aviv le 29 juilllet 2004.
Source : Amin
Traduction : MR pour ISM
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9 septembre 2007