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Gaza - 7 juin 2008
Par Elias Akleh
Le docteur Elias Akleh est un auteur arabe d'origine palestinienne, né à Beit Jala. Il vit actuellement aux Etats-Unis.
Gaza est devenue une bombe à retardement, prête à exploser n'importe quel jour. Cela a commencé avec la conspiration du trio USA/Israël/Abbas, révélée par le magazine Vanity Fair, pour renverser le gouvernement palestinien démocratiquement élu et dirigé par le Hamas, qui a abouti à la division palestinienne et l'isolement de la Bande de Gaza.
Pour en finir avec le leadership du Hamas, Israël a emprunté aux tactiques de siège nazi du Ghetto de Varsovie, et a appliqué une version plus stricte de celui-ci sur la Bande de Gaza. Israël a graduellement diminué les importations de toutes les produits vitaux à Gaza et, depuis juin 2007, a complètement bouclé ses cinq carrefours frontaliers, laissant 1,5 millions de Palestiniens mourir de faim, de soif, de la pollution et du manque de médicaments. Israël a coupé tous les approvisionnements en fuel à Gaza, y compris aux agences des Nations Unies, telle l'UNRWA, qui se consacre à la fourniture de soins de santé, d'éducation et de nourriture aux familles pauvres.
Sans fuel pour générer l'électricité, les 32 puits de Gaza ont cessé de pomper l'eau potable, 4.000 autres puits ont cessé de pomper l'eau destinée à l'agriculture, provoquant l'assèchement des principales récoltes.
Les pompes de traitement des eaux usées ont arrêté de fonctionner, provoquant la dispersion des égouts dans la mer et une pollution côtière.
Les pêcheurs ne peuvent pas sortir, et ceux qui l'ont fait ont été coulés par les navires de guerre israéliens. Aucune marchandise ou nourriture ne sont autorisées à entrer dans Gaza. La population n'est pas autorisée à en sortir, par quelque moyen que ce soit. 75% des familles vivent sous le seuil de pauvreté. Sous blocus israélien total, Gaza est devenue la plus grande prison concentrationnaire de toute l'histoire de l'humanité.
Le mot "blocus" n'est plus pertinent pour décrire la situation à Gaza, car Israël a mis en route un génocide progressif contre les Gazans. Non content de transformer Gaza en plus grand camp de concentration jamais vu, Israël a envoyé son armée terroriser les Palestiniens, a systématiquement fait des incursions dans les villes de Gaza, détruit les maisons des civils, rasé les terres agricoles fertiles, assassiné les citoyens et kidnappé les jeunes.
Le dernier raid a eu lieu le mardi 3 juin, lorsque 7 chars israéliens et un bulldozer militaire ont traversé la frontière nord de Gaza, attaqué les fermiers et rasé leurs terres.
Le dimanche 1er juin, 10 chars israéliens et 5 bulldozers militaires, couverts par des hélicoptères Apache, ont bombardé la ville de Khan Younis, rasé de grands pans de terres agricoles, détruit les cultures, et se sont retirés après des affrontements avec les combattants de la résistance palestinienne.
Le 30 mai, 15 chars israéliens et 2 bulldozers militaires ont envahi le quartier Furta, à Beit Hanoun, rasé les terres, détruit les récoltes ; les troupes ont parqué les hommes entre 16 et 60 ans dans le centre ville et raflé au moins 60 d'entre eux. L'armée terroriste israélienne, ses flottes aérienne et navale bombardent quotidiennement les villes de Gaza. Pendant le seul mois de mai, les forces terroristes israéliennes ont assassiné 45 Gazans, pour la plupart des enfants de moins de 18 ans.
La jeunesse de Gaza, qui représente près de 51% de la population, souffre le plus. Elle souffre de malnutrition, d'anémie et autres maladies incurables. Les hôpitaux sont pleins et manquent de toutes sortes de médicaments. Sans électricité, les hôpitaux ne peuvent pas faire fonctionner les couveuses et autres appareils, ce qui provoque la mort évitable de beaucoup de nouveaux-nés et d'autres malades.
La Bande de Gaza est devenue un champ de mort, où la mort est un incident quotidien.
Amnesty International a exprimé ses graves préoccupations sur la situation dramatique de Gaza, où les familles vivent avec un dollar par jour, et a condamné la punition collective d'Israël contre le peuple de Gaza.
La Commissaire pour les relations extérieures de l'Union Européenne, Benita Ferrero-Waldner, a protesté officiellement "contre cette punition collective du peuple de Gaza". Javier Solana, le principal responsable de la politique étrangère de l'Union Européenne, a agréé, dans une lettre à Electronic Intifada, l'usage du terme "punition collective" pour décrire les actions d'Israël.
D'autres responsables internationaux tel John Dugard, Rapporteur spécial aux Nations Unies pour les droits de l'homme dans les Territoires Palestiniens Occupés, a affirmé que les actions d'Israël, dont le meurtre et les blessures des civils palestiniens, et le siège de Gaza, constituaient des violations sérieuses des lois internationales. Décrivant la situation à Gaza, l'ancien Président des Etats-Unis Jimmy Carter a dit : "La punition perpétrée sur la population de Gaza est une atrocité. C'est un crime… Je pense que le fait que cela continue est une abomination." Il a décrit le blocus israélien de Gaza comme "l'un des plus grands crimes humains ayant jamais existé sur terre."
Lors de sa mission d'enquête à Gaza, l'Archevêque Desmond Tutu, qui a, en de nombreuses occasions, comparé les politiques israéliennes avec celles de l'apartheid en Afrique du Sud, a lui aussi qualifié le blocus d'Israël sur Gaza d' "abomination". Il a condamné le silence de la communauté internationale sur les crimes d'Israël, disant : "Mon message à la communauté internationale est que notre silence et notre complicité, en particulier sur la situation à Gaza, est une honte pour nous tous."
Ironiquement, cette abomination, ce blocus génocidaire, ce très grand crime a été aidé, dirigé et géré par ces mêmes pays européens hypocrites qui prêchent la liberté et la protection des droits de l'homme, et qui ont envoyé en toute hâte des troupes au Darfour pour protéger son peuple des massacres, envahi l'Afghanistan pour libérer son peuple des terroristes religieux extrémistes Taliban, envahi l'Irak et massacré 2 millions de sa population sous le prétexte de la libérer d'un dictateur, condamné la Chine pour son occupation du Tibet, et appelé à un Kosovo indépendant.
Pourtant, ils ne lèvent pas le petit doigt ni ne prononcent un mot contre la terreur israélienne contre les Palestiniens. Au contraire, ils justifient ses crimes d'Israël et soutiennent son terrorisme, le décrivant comme "la lumière parmi les nations".
Pour eux, les Israéliens, "le peuple élu de Dieu", sont au-dessus de toutes les lois. Si les Européens considèrent leur soutien aux crimes israéliens comme une repentance pour leur propre holocauste contre leur population juive, alors il leur appartient de comprendre qu'un tel soutien injustifié et honteux facilite la perpétration par Israël d'un autre holocauste contre le peuple innocent de Palestine.
Les pays européens oublient le fait qu'Israël, avec la 3ème plus puissante armée du monde, est l'agresseur et l'occupant de la Palestine, et reprochent aux combattants palestiniens pour la liberté leur résistance légitime. Ils citent les roquettes rudimentaires, tirées depuis Gaza en légitime défense contre les occupants israéliens, comme justification du génocide d'Israël des 1,6 millions d'habitants de Gaza. Leur logique biaisée prétend que le Hamas est un groupe terroriste déterminé à détruire Israël, qui se défend.
Si tel est le cas, alors pourquoi Israël impose-t-il des blocus contre de nombreuses villes de Cisjordanie , alors que cela fait des décennies qu'aucune roquette n'a été lancée contre Israël depuis la Cisjordanie ?
Israël construit son mur-prison autour des grandes villes palestiniennes, a érigé plus de 600 checkpoints militaires entre les villes palestinienne, et attaque régulièrement les maisons palestiniennes en Cisjordanie .
Lors d'une mission d'enquête dans les villes de Cisjordanie , David Hammerstein, membre du Parlement Européen, a condamné, le 1er juin, la situation des villes palestiniennes, en particulier à Al-Khalil (Hébron) comme barbare, ajoutant qu'elles vivent sous les formes les plus affreuses de l'occupation israélienne.
La vérité toute nue est qu'Israël lui-même, et non pas les Arabes ou le Hamas, est déterminé à détruire la Palestine et son peuple. Israël a rayé la Palestine de la carte, a totalement rayé plus de 500 villages palestiniens de l'existence, détruit continuellement les demeures et les organisations civiles palestiniennes, rase les terres agricoles, usurpe la terre palestinienne pour y construire des colonies illégales, et a rejeté tous les accords de paix proposés par les Arabes, y compris l'Initiative de Paix Arabe qui reconnaissait à Israël le droit d'exister en paix à l'intérieur de frontières reconnues.
Israël ne veut pas la paix. Ces gouvernements successifs ne veulent pas démordre du rêve sioniste ultime d'un "Grand Israël" et l'Initiative Arabe de Paix détruirait ce rêve.
Depuis son élection démocratique, le gouvernement Hamas a offert à Israël de multiples accords de cessez-le-feu à long terme, mais Israël a rejeté toutes ces offres, et a continué à attaquer Gaza. Hamas a fait de nombreuses tentatives de réconciliation avec l'Autorité Palestinienne Fatah de Ramallah, à travers la médiation d'autres pays arabes, mais le gouvernement appointé d'Abbas a posé des conditions inacceptables.
Hamas a plaidé auprès du Président égyptien Mubarak pour la réouverture du terminal de Rafah, entre Gaza et l'Egypte. Lorsque l'Egypte a ignoré cet appel, les Gazans ont ouvert à l'explosif des brèches dans la grille et se sont précipités en Egypte pour acheter de la nourriture et des fournitures.
L'Egypte a répondu par une augmentation du nombre de gardes frontières, a appelé les entreprises américaines pour qu'elles construisent un mur renforcé à la frontière, et beaucoup de leurs responsables et organes médiatiques porte-parole ont accusé les Gazans de menacer la sécurité égyptienne et ont promis de casser les jambes de chacun des "infiltrés".
Comme le président égyptien, les autres dirigeants arabes se sont ralliés au blocus contre Gaza. Leur objectif principal est de maintenir leurs propres citoyens dans la soumission et l'obéissance. Ils ne veulent surtout pas qu'un mouvement national vienne réveiller leurs citoyens endormis.
Ils considèrent leurs frères palestiniens comme les citoyens d'un autre pays. Certains de ces dirigeants manquent de la volonté politique d'aider, d'autres sont à la merci des pressions étrangères hostiles, et d'autres sont juste aussi sionistes que le gouvernement israélien.
Hamas a orchestré des protestations et des marches en direction des passages frontaliers pour demander la fin du blocus, mais l'armée israélienne a accueilli les marcheurs pacifiques à coup de balles réelles et de gaz lacrymogènes, tuant et blessant des dizaines d'entre eux.
Pire que la mort elle-même est de voir vos jeunes enfants, vos vieux parents et vos frères et sœurs mourir de faim, de manque de médicaments, et de la main de l'armée terroriste israélienne.
Abandonnés et poussés à mourir dans leur coin sans aucune alternative, les Palestiniens de Gaza ne resteront pas silencieux. Ils préfèrent mourir en luttant pour leurs droits et pour leur liberté. C'est le seul choix qui leur est laissé. Nous avons vu dernièrement quelques opérations militaires contre les forces israéliennes d'occupation, aux carrefours frontaliers. Bientôt, chacun à Gaza les rejoindra et nous serons les témoins d'un Intifada armé.
L'explosion imminente de Gaza est proche, et ses effets toucheront tout le monde, les Israéliens, les Arabes et les Internationaux.
Source : The Palestine Chronicle
Traduction : MR pour ISM
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Elias Akleh
7 juin 2008