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Cisjordanie - 25 avril 2006
Par Youssef Echaïeb
Quand un ouvrier palestinien se met en tête d¹escalader le mur de l¹apartheid israélien pour aller travailler et chercher à manger pour ses enfants, il y a des chances qu¹il connaisse le sort de Kheder Khelil !
Le Kheder Khelil en question a fini dans un bloc de soins intensifs, dans un état piteux, sans parole, le corps entièrement recouvert de plâtre, entouré de partout d¹équipement médicaux bien pauvres.
Kheder est un habitant de Beit Lahm (Bethléem) dans le sud de la Cisjordanie et c¹est son cousin Mohamed Youssef qui raconte son histoire à Islamonline.net : l¹histoire d¹un ouvrier palestinien, au chômage depuis plus d¹un mois, qui décide au petit matin du lundi 17 avril 2006, d¹aller à Al Qods occupée (Jérusalem) pour chercher du travail, espérant ainsi revenir chez lui avec de la nourriture pour calmer la faim de ses 7 enfants.
Kheder réussit miraculeusement à escalader le mur de l¹apartheid et se retrouve de l¹autre côté, à Abou Dis.
Mais à peine descendu de son perchoir, il est intercepté par une patrouille de garde- frontières israéliens.
Quatre de ces soldats s¹occupent de lui, le rouent de coups avec les crosses de leurs fusils et des matraques et, pour bien finir leur travail, le remontent sur le mur et le jetèrent par-dessus.
Le pauvre est retombé de l'autre côté, tel un sac, d¹une hauteur de 7 mètres.
Sa famille a appris la nouvelle de sa mésaventure par des habitants de Abou Dis qui l¹avaient ramené jusqu¹au check-point du "container", au nord de Beit Lahm.
Une voiture de secours palestinienne s'est chargée de le conduire à l¹hôpital public de Beit Jala, où il est toujours hospitalisé.
Un voyage de tous les dangers
Le voyage de l¹ouvrier palestinien pour aller à son travail derrière la ligne verte (Palestine occupée en 1948) est entouré de dangers incalculables.
Il lui faut passer les check-points, les barrages routiers, les fils barbelés, les chiens policiers, éviter les balles perdues des soldats israéliens et après, si tout va bien, parvenir à son travail. Et encore, tout au long du travail, il lui faut réfléchir au chemin du retour et comment éviter ses mille et mille embûches.
Des Palestiniens vivant au voisinage du mur, qu¹ils appellent mur d¹étranglement (Jidarou Al Khank], racontent combien sont nombreuses, multiples et quotidiennes, les agressions et les persécutions contre les travailleurs cherchant à traverser les barrages pour assurer la nourriture des leurs.
L¹ouvrier Chawki Graïsa, 48 ans, originaire de Beit Sahour, voisine de Beit Lahm, nous raconte sa dernière mésaventure :
"Nous étions en route pour notre travail à Al Qods occupée, quand nous avons été interceptés par des soldats de l¹occupation qui nous ramenèrent à un camp militaire dans la région de Atrout où nous fûmes gardés pendant des heures.
Après cette longue attente, nous avons été interrogés brièvement puis ils nous ont bandé les yeux et nous ont jetés dans un bus.
Celui-ci a fait le tour de tous les postes de police et des camps de Al Qods occupée pour ramasser les travailleurs arrêtés.
Il y en avait à chaque escale, si bien que notre nombre s'est élevé à 17.
Le bus nous a conduit au tribunal de Salem, près de Naplouse. C¹est là qu¹on nous a informés que nous étions en détention et on nous a dit d¹en informer nos familles au téléphone.
On nous a conduit directement devant le tribunal qui nous a condamnés chacun à 2 mois de prison ferme et à une amende 2000 Shekels [=450 dollars ou 357 Euro], pour entrée illégale en Israël"
C¹est la charge qui menace des centaines, voire des milliers de travailleurs palestiniens sans autorisation, qui se risquent, en connaissance de cause, à traverser la ligne verte pour chercher du travail.
C¹est l¹autorité civile d¹occupation qui délivre ces autorisations. Mais elle ne le fait pratiquement pas pour des motifs fallacieux de sécurité. Elle les utilise plutôt pour faire pression sur les travailleurs et les faire chanter dans le but d¹obtenir leur collaboration.
A propos des prisons où sont conduits ces travailleurs, l¹un d¹eux, qui a tenu à garder l¹anonymat, raconte : "la vie en prison est une humiliation permanente. Les travailleurs sont des gens simples et tous évitent de protester contre les comportements des soldats, de crainte que leur peine soit prolongée. Il y a des vieux de 60 ans et plus, parmi ces prisonniers".
Graïsa raconte que "le reçu de l¹acquittement de l¹amende est aussi matière à humiliation pour les travailleurs.
Les autorités d¹occupation se jouent des nerfs des travailleurs prisonniers à ce niveau.
En effet, nombre de familles des travailleurs se trouvent contraintes de s¹acquitter de l¹amende et d¹envoyer aux autorités le reçu par la poste.
Il arrive souvent que le jour de sa sortie prévue de prison, un travailleur se voie dire que le reçu d¹acquittement de l¹amende n¹est pas encore parvenu aux autorités de la prison".
L¹humiliation permanente :
Hassen Al Barghouthi, président du "Centre de démocratie et des droits des travailleurs" à Ramallah, note les diverses formes de mépris et d¹humiliation, subis par les travailleurs allant en Israël, dans les Cheik points.
Il souligne que déjà avant l¹encerclement économique actuel, ces travailleurs subissaient toutes formes d¹humiliation et étaient privés de toute dignité. Il était devenu normal qu¹ils subissent la torture physique de la part des soldats israéliens, ce dont certains étaient morts. En plus de nombreux ont été tués par les tirs des soldats de l¹occupation".
Al Bargouthi ajoute que : "la dépendance de l¹économie palestinienne de l¹économie israélienne est le résultat d¹une politique savamment programmée. Tout au long des trente années d¹occupation, Israël a découragé les investissements dans les territoires palestiniens ce qui a conduit à cette situation de dépendance totale, économique et sociale, de l¹Etat occupant".
Une bombe à retardement
Des observateurs palestiniens et israéliens s¹accordent à dénoncer "la marche éprouvante du travailleur palestinien allant à son travail en Israël » et qui est devenue plus difficile depuis la construction du "mur étrangleur".
Ce dernier a découpé des terres de Cisjordanie voisines d¹Al Kouds et les a pratiquement annexées à Israël. Tous estiment que la situation qui en est née risque de devenir à chaque instant une bombe à retardement.
L¹auteur israélien Simon Klein écrit dans un article, diffusé cette semaine par un site israélien, que "les travailleurs palestiniens s¹alignent dans des queux très longues pour entre en Israël à la recherche de travail.
Leur journée commençait à 3 heures du matin. Les barrages routiers et les cheik point, source de multiples humiliations et de retards incroyables, ont joué beaucoup dans la montée de leur haine d¹Israël, surtout que de nombreux entrepreneurs israéliens ont profité de cette situation pour leur payer des salaires de misère".
A l¹approche de la fête du premier mai, l¹Union générale des travailleurs palestiniens a publié un rapport indiquant que l¹année 2005 n¹a pas été bonne pour les travailleurs.
Ce rapport mentionne qu¹une vingtaine de travailleurs ont été tués, des centaines ont été blessés et que près de 500 d¹entre eux, ont été incarcérés, sous le motif de ne pas disposer d¹une autorisation pour entrer en Israël.
Traduit de l'arabe par Ahmed Manaï, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette rtaduction est en Copyleft
Source : Islamonline.net
Traduction : Ahmed Manaï
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