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Cisjordanie - 1 août 2011
Par Mel Frykberg
Les membres dirigeants des Comités populaires palestiniens en Cisjordanie préparent un soulèvement de masse et des actions de désobéissance civile contre les autorités de l'occupation israélienne pour septembre, date de la demande de reconnaissance de l'Etat palestinien aux Nations Unies.
"Nous envisageons de descendre en masse dans les rues," dit Musa Abu Maria, membre dirigeant du Comité populaire à Beit Ommar, une ville à 11km au nord d'Hébron, au sud de la Cisjordanie occupée. "Nous bloquerons les autoroutes qui desservent les colonies israéliennes illégales. Nous marcherons sur les colonies. Mais les actions seront non violentes et les manifestants seront pacifiques."
"Nous avons travaillé sur des stratégies créatives pour attirer de plus en plus l'attention de la communauté internationale et des médias du monde sur l'occupation. Nous nous coordonnerons avec nos soutiens internationaux en Europe et en Amérique pour que davantage de gens, au niveau international, connaissent la situation tragique des Palestiniens à un moment où le vent tourne en notre faveur," a ajouté Abu Maria.
Le gouvernement, les services du renseignement et les forces de sécurité israéliens se préparent à un déclenchement de protestations palestiniennes en septembre, date à laquelle les Palestiniens espèrent que l'Assemblée générale des Nations Unies appuiera massivement leur demande d'indépendance.
Les forces de sécurité israéliennes ont organisé des exercices militaires pour se préparer à des affrontements de masse. En même temps, les dirigeants politiques du pays ont entrepris une tournée éclair des pays européens pour essayer de gagner le soutien de "pays européens de qualité", comme le dit le gouvernement israélien, pour qu'ils votent contre la reconnaissance de l'Etat palestinien.
Le gouvernement israélien espère que les membres des Nations Unies les plus forts au niveau économique et politique seront aux côtés d'Israël puisque 140 membres de l'ONU "en développement ou du Tiers Monde", parmi d'autres, ont dit qu'ils voteraient en faveur de la Palestine.
Le gouvernement israélien est si préoccupé que lundi dernier, il a menacé d'abroger les accords d'Oslo de 1993 en réponse au projet de septembre de l'Autorité palestinienne. Selon des sources au gouvernement, c'est simplement une des alternatives auxquelles réfléchit le gouvernement israélien pour contrer la démarche politique.
Les Palestiniens font avancer leur stratégie à plein régime.
La semaine dernière, dans une initiative innovante indépendante des directions officielles de l'AP et du Hamas, plus d'un millier de dirigeants et de militants politiques représentant le spectre politique palestinien dans son ensemble ont convergé vers Beit Ommar pour trois jours de conférence pendant lesquels ils ont réfléchi à la stratégie palestinienne pour mettre fin à l'occupation israélienne.
La conférence a eu lieu dans trois villages où ont lieu les manifestations du vendredi les plus importantes contre l'expropriation de la terre palestinienne au bénéfice des colonies israéliennes illégales.
Des représentants du Hamas, du Fatah, du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) entre autres, sont convenus qu'ils appelleraient leurs partisans à démarrer des campagnes massives de désobéissance civile dans toute la Cisjordanie en septembre.
"Nous avons dit aux différents dirigeants que s'ils voulaient mettre la politique de leur propre parti avant la libération, alors ils n'étaient pas les bienvenus à cette conférence. Toutefois, s'ils étaient déterminés à travailler pour la libération et l'unification de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie , d'un point de vue politique et géographique, alors ils auraient notre soutien," a déclara Abu Maria à IPS.
Selon Younis Arrar, membre dirigeant du Fatah, du Comité populaire de Cisjordanie et salarié de l'AP, la direction palestinienne dans son ensemble a confirmé son soutien.
"Ils demanderont à leurs supporters de prendre les rues par milliers. Nous ne parlons pas des protestations qui ont lieu actuellement dans plusieurs villages de Cisjordanie , mais de dizaines de cités, villes et villages, dans tout le territoire palestinien qui répondront à l'appel," a dit Arrar à IPS.
"Les Israéliens craignent les troubles civils de masse et non violents plus que tout autre chose. Ils espèrent que nous deviendrons violents pour pouvoir user de leur force militaire supérieure pour nous écraser, comme ils l'ont toujours fait. Mais nous nous en tiendrons à une résistance non armée," a ajouté Arrar.
"Je pense que les Israéliens feront au moins quelques victimes en visant directement les têtes avec les grenades lacrymogènes à haute vélocité ou par des tirs à balles réelles, comme ils l'ont fait par le passé."
Parmi les protestations envisagées en Cisjordanie , il y aura des courses de vélo et des manifestations politiques à thème. Dans le village de Nabi Saleh, les villageois vont monter des tentes, dans le style de la révolution égyptienne, pour mettre en lumière le vol continu de leur terre au bénéfice de la colonie adjacente illégale de Halamish.
A part des marches et des protestations de masse, les Comités populaires travaillent avec diverses organisations populaires en Europe, dont celles qui prônent la campagne BDS, qui organiseront simultanément des protestations et des marches pour appeler à un boycott économique des produits israéliens.
Abu Maria pense que si la direction palestinienne ne prend pas une part active aux mouvements du peuple dans un futur proche, les Palestiniens organiseront la révolution par leurs propres moyens. Ceci s'est produit pendant la première Intifada palestinienne lorsque l'OLP en exil a dû suivre le courant de la rue palestinienne, lorsque le soulèvement a éclaté en 1987.
"Je suis impliqué au niveau politique depuis que j'ai 15 ans, quand les Israéliens m'ont emprisonné pour la première fois. Je fais partie de la base populaire, j'ai de nombreux contacts et je sais ce que pense le peuple. Nous ne cesserons que lorsque nous aurons obtenu notre liberté et notre indépendance. C'est écrit sur le mur," dit Abu Maria.
Source : IPS
Traduction : MR pour ISM
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