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Israël - 9 août 2008
Par Daphna Berman
Des centaines d’habitants de Beit Shemesh se sont rassemblés en début de semaine pour manifester contre la récente vague de violence des Ultra-orthodoxes, obligeant la police et les responsables municipaux à prendre des mesures plus énergiques contre les «voyous» Haredi dans cette ville en pleine expansion de plus en plus divisée.
Les manifestants, dont de nombreux habitants anglophones des quartiers modernes orthodoxes de la ville, disent qu'ils sont fatigués des contraintes religieuses, des graffitis, des agressions verbales, de la violence et de ce qu'ils ont décrit comme une atmosphère de capitulation devant les exigences des Haredi.
Les tensions dans la ville couvent depuis des années, mais pour la plupart des manifestants, l'attaque d’il y a deux semaines - lorsque une femme et un soldat israélien ont été agressés par un jeune ultra-orthodoxe parce qu’ils s’étaient assis côte à côte dans un bus Egged pour Beit Shemesh - a été un moment décisif.
"La violence et le vandalisme se sont aggravés ces deux dernières années, mais quand une femme est frappée parce qu’elle s’est assise à la mauvaise place dans l'autobus, nous avons commencé à voir les écrits sur le mur et à réaliser que nous devions faire quelque chose", a déclaré Eliyahu Shiffman, un habitant de longue date lors de la manifestation.
"Les Haredim disent que «notre quartier», c'est chutzpa (ndt : c’est une honte). Il ne leur appartient pas. Il appartient à chacun d'entre nous."
La manifestation de cette semaine était organisée par des militants anglophones, dont l’adjoint au maire, Shalom Lerner, qui se présenterait aux élections municipales de l’année prochaine.
Des rabbins et d’autres membres du conseil municipal ont pris la parole lors de cette manifestation où était également diffusée de la musique religieuse et s’est terminée par l’«Hatikvah», l'hymne national israélien - un geste en apparence anodin qui n’a fait qu’augmenter les tensions.
Autrefois une ville en mal de développement, Beit Shemesh s’est agrandie de façon spectaculaire au cours des dernières années. Située entre Jérusalem et Tel-Aviv, elle est particulièrement populaire auprès des immigrants anglophones qui représentent maintenant plus de 20% de la population.
Les immigrants russes et éthiopiens, moins riches, se sont également installés dans la ville par vagues, aux côtés de nombreuses familles Haredi qui ont quitté des quartiers de Jérusalem comme Mea She'arim à la recherche de logements abordables.
Les Haredim – dont des membres des sectes Hassidiques anti-sionistes telles que Satmar - représentent maintenant environ un tiers de la population de la ville.
Bien que la plupart des quartiers soient séparés, des questions telles les tenues légères ou conduire une voir le jour de Shabbat sur les grandes artères restent explosives et chaque communauté rivalise pour déterminer l'avenir de la ville.
Pas de jogging
"Beit Shemesh est un lieu ouvert et nous ne voulons pas changer sa nature," a déclaré cette semaine l’anglophone Lerner (membre du parti National Religieux).
"La police ne prend pas la violence suffisamment au sérieux et le temps est venu de s’en occuper sérieusement. Il y a trop de cas de violence et nous ne voulons pas que cela devienne habituel."
Seuls les incidents les plus violents font la Une des journaux mais les habitants disent qu’ils craignent de nouvelles hostilités.
Les femmes disent qu'elles ne peuvent plus faire du jogging sur le Boulevard Herzog, la rue qui sépare le riche quartier de Sheinfeld à forte population d’Anglophones du quartier de Ramat Beit Shemesh Bet où vivent les Ultra-orthodoxes.
Des pancartes dans les supermarchés et des affiches suspendues aux immeubles d'habitation dans la ville préviennent les femmes de s'habiller modestement. Les voitures qui circulent en bas de la rue le jour de Shabbat sont souvent caillassées de pierres, alors que les jeunes Haredi hurlent "Shabbos" à la circulation.
Des manifestants Ultra-orthodoxes ont parfois renversé les poubelles dans la rue afin que les voitures ne puissent pas passer le jour de Shabbat. Et les habitants disent qu’ils ne peuvent même pas faire le ménage avant la fin du Shabbat.
«C'est un petit groupe de personnes, mais ils sont terrifiants», a déclaré une femme qui a demandé à rester anonyme car elle travaille avec la communauté Haredi.
"Mon fils a été attaqué, j'ai été attaqué deux fois et si vous mettez un drapeau [israélien] sur votre voiture pour Yom Ha'atzma'ut [La fête de l'indépendance d'Israël], ils vous l’arrachent. Et cela empire de jour en jour."
C’est quoi un nom ?
Même le nom de la rue où a eu lieu la manifestation est un sujet de tension. Le Boulevard rabbin Herzog avait été appelé Boulevard Hadekel (Bld des Palmiers), mais il a été rebaptisé récemment en capitulation devant les nouveaux appartements pour les Haredim dans la rue, disent les habitants.
"Apparemment, les Haredim ne peuvent vivre que dans des rues portant les noms de rabbins» dit une femme qui a demandé de ne pas être nommé.
L'un des points de friction est la construction de la nouvelle école nationale religieuse pour garçons du côté du boulevard Herzog où vivent les Haredi. Le mot «voleurs» inscrit sur la pancarte du chantier a été récemment effacé à la bombe, action qui a été attribuée aux Haredim.
Un tract a été distribué cette semaine dans toutes les boites aux lettres du quartier exhortant les habitants à reconsidérer l'emplacement de l'école. Bien qu’il soit signé «les habitants du quartier Sheinfeld», de nombreuses personnes suspectent les agitateurs ultra-orthodoxes de l’autre côté de la rue de l’avoir écrit. Il ne contient aucune autre indication sur l'auteur.
Tract de campagne
"Pour ne pas être stupide", dit la brochure en hébreu. "L'école n'a pas à être construite intentionnellement sous le nez des Haredim, cela ne servira qu’à provoquer des émeutes inutiles."
Le document anonyme, qui exhortait les habitants à mettre l'école de "notre côté", a fait grand bruit dans le quartier. Mais lors de la manifestation de cette semaine, les objections à l'idée de changer l'emplacement de l'école étaient féroces. Le Rabbin Oren Duvdevani, le chef spirituel de la Congrégation Netzach Menashe à Sheinfeld a proclamé sont soutien à la foule, "L'école ne sera pas déplacée."
D’autre part, certains habitants craignent que la violence et leur proximité avec les quartiers Haredi affectent les prix de l'immobilier.
«Je vis une vie religieuse moderne, détendue et je veux être en mesure de maintenir ce style de vie», a déclaré Tamar Silverman, qui dit que les enfants ont jeté des pierres et l’ont raillé à propos de la manière dont elle s'habille. "Ces derniers mois, les choses ont empiré et j'ai commencé à imaginer d’aller vivre ailleurs», dit-elle.
Mais ses amis et ses voisins ont lui a demandé de rester et de s'impliquer pour changer la situation. Maintenant, elle est en train d'organiser une pétition contre la dernière vague de violence.
Un porte-parole de la municipalité a déclaré que la ville et le maire, Daniel Vaknin, condamnaient toutes les formes de violence, tant physique que verbale, et invitaient tous les groupes à agir dans un esprit de tolérance et de respect mutuel."
Un porte-parole de la police a rejeté les accusations que la police n’en faisait pas assez pour maîtriser la violence des Haredi dans la région et a déclaré que, dans la dernière attaque contre le bus, des officiers ont été attaqués et blessés par les Haredim lorsqu’ils sont arrivés sur les lieux.
En outre, un véhicule de police a été vandalisé et ses quatre pneus ont été crevés. "Vous ne pouvez pas dire que nous n'étions pas là», a déclaré le porte-parole.
Source : http://www.haaretz.com
Traduction : MG pour ISM
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