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Israël - 10 décembre 2012
Par Ali Abunimah
Article du mercredi 5 décembre 2012
Une vidéo montre un chauffeur de bus public israélien refuser de manière flagrante à des passagers de monter à bord de son bus juste parce qu’ils sont Palestiniens. Un travailleur palestinien de Cisjordanie occupée, en possession d’un permis d’un permis délivré par l’occupant israélien pour accéder à Tel Aviv, essaye de prendre le bus pour rentrer chez lui. Le chauffeur refuse de le laisser monter à bord, lui disant « les Palestiniens ne voyagent pas avec moi dans les territoires ».
Capture d'écran de la vidéo ci-dessous
D’après la vidéo, ce voyageur et plusieurs autres personnes dans le même cas ont été détenus et harcelés pendant 2 heures avant que la police ne les laisse finalement monter à bord du bus.
L’incident a été filmé à la Gare Centrale de Tel Aviv en octobre, par Eran Vered pour l‘organisation Kav LaOved (hotline pour les travailleurs) qui se décrit comme un groupe « destiné à protéger les droits des travailleurs brimés employés en Israël et par des Israéliens dans les Territoires occupés », comprenant des Palestiniens, des travailleurs migrants, des travailleurs sous-traités et des nouveaux immigrants, et qui « s’est engagé en faveur de principes de démocratie, d’égalité et de droit international relatifs aux droits de l’homme et aux droits sociaux ».
La vidéo commence par les images de coupures de presse de reportages israéliens concernant la pression populaire en faveur de l’interdiction des bus publics aux Palestiniens.
La "sécurité" invoquée comme excuse à un racisme flagrant
La semaine dernière, Haaretz a rapporté que la police israélienne faisait systématiquement descendre les Palestiniens des bus, et que le Ministère des Transports israélien avait l’intention de mettre en place des lignes distinctes pour eux.
"La police a commencé à ordonner aux Palestiniens détenteurs de permis de travail légaux de sortir des bus qui relient la région de Tel Aviv à la Cisjordanie , à la suite de plaintes émanant de colons qui considèrent que fréquenter les mêmes bus est un risque pour la sécurité.
Le Ministère des Transports dit qu’il envisage d’ajouter des lignes entre les barrages routiers marquant les frontières de la Cisjordanie et le centre d’Israël ; et que ce dispositif serait destiné aux travailleurs palestiniens. Pour autant, un tel plan prendrait au moins plusieurs mois avant d’entrer en application.
Plus tôt, ce mois-ci, un bus de la compagnie Afikim qui assure les liaisons entre les colonies de Cisjordanie pour le compte de l’Etat, s’arrête à un barrage de police près de la colonie de Elkana. La police, qui a ensuite invoqué des raisons de sécurité, a alors ordonné à tous les passagers palestiniens de descendre – les laissant partir à pied jusqu’au checkpoint le plus proche, situé à plusieurs kilomètres de là , où ils ont dû payer un taxi pour rentrer chez eux, a rapporté un réserviste de l’armée israélienne qui était en poste au checkpoint.
Les apologistes de telles pratiques racistes se bercent de l’excuse de la "sécurité", rappelant les anciens attentats à la bombe perpétrés par des Palestiniens, en guise de justification.
Mais la vidéo montre à quel point il ne s’agit que d’un prétexte. Si la "sécurité" était la véritable préoccupation, la fouille de tous les passagers se trouvant à bord du bus (sans discrimination) serait alors une solution qui, aussi peu pratique soit-elle, serait beaucoup plus efficace que les heures d’argumentations que cela a engendré.
Et si ces passagers représentaient précisément un risque, pourquoi le chauffeur et les autres semblent-ils aussi peu concernés par leur propre sécurité pendant tout le temps où les Palestiniens sont à bord, puis à côté du bus, tandis qu’ils argumentent pour avoir le droit de remonter ?
Des attaques violentes contre les Palestiniens utilisant les transports
La sécurité des Palestiniens est également en jeu. Alors que les attaques violentes israéliennes contre des Palestiniens sont beaucoup plus fréquentes que celles de Palestiniens à l’encontre d’Israéliens, elles n’ont généralement pas lieu dans les transports publics.
Pour autant, ce n’est pas nouveau. En août dernier, six Palestiniens, dont deux jeunes enfants, ont été atrocement brûlés par une bombe incendiaire jetée sur le taxi à bord duquel ils circulaient à proximité de la colonie de "Bat Ayin", en Cisjordanie occupée. La police israélienne a arrêté trois colons, des adolescents impliqués dans l’attaque.
En 2005, Eden Natan-Zada, un soldat israélien habitant dans une colonie de Cisjordanie , tira sur des citoyens palestiniens d’Israël qui se trouvaient à bord d’un bus circulant dans le nord du pays, dans la ville de Shefa Amr ; il en tua quatre et en blessa dix autres.
Exemple parfait de sa justice à la Jim Crow, Israël n’a jamais cherché à enquêter sérieusement sur les meurtres perpétrés par Natan-Zada, mais a finalement déclaré les survivants palestiniens, qui avaient mis fin à sa violence meurtrière en le tuant, coupables de "tentative d’assassinat".
Au vu de la fréquence des attaques de colons sur les Palestiniens, ce sont les travailleurs palestiniens qui ont le plus à craindre à circuler dans les mêmes bus que les colons.
Economie d’apartheid
Alors qu’un racisme tellement flagrant et sans complexe est dérangeant, il est aussi important de prendre du recul et de voir comment il s’inscrit dans une économie d’apartheid plus large. Ces lignes de bus sont supposées servir aux habitants colonialistes israéliens vivant sur les terres palestiniennes occupées, volées, de Cisjordanie . Les colonies sont illégales au regard du droit international.
Les travailleurs palestiniens de Cisjordanie appartiennent à une population occupée qui n’a quasiment aucun droit ou protection. Ils sont exploités dans des emplois sous-payés dans l’économie d’apartheid d’Israël, et finalement soumis à discrimination de style Jim Crow. Contrairement à Rosa Parks, l’arrière du bus ne leur est même pas accordé. Ils n’ont carrément pas le droit de monter à bord.
Malheureusement, c’est une parfaite métaphore de ce qu’est la vie des Palestiniens dans leur pays natal, sous les lois racistes du soi-disant Etat "juif et démocratique".
Source : Electronic Intifada
Traduction : CR pour ISM
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Ali Abunimah
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