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Palestine -

Les postes-clés de la sécurité palestinienne sont de plus en plus durs à affecter

Par

in The New York Times (quotidien américain) du dimanche 2 juin 2002

A la demande expresse de l’administration Bush, Yasser Arafat prépare une fusion de ses multiples services de sécurité, en réduisant le nombre des agences redondantes et en installant de nouveaux dirigeants à leur tête, indiquent des diplomates en poste ici, à Jérusalem.

Mais les pressions dans le sens d’une réforme palestinienne pourraient avoir quelques effets pervers. Certains hauts responsables considérés par Israël comme des successeurs potentiels de M. Arafat commencent à se détourner timidement des postes de la sécurité, de crainte que de telles fonctions ne les fassent apparaître comme se pliant aux pronostics israéliens.


M. Arafat et ses conseillers au plus au niveau se débattent afin de satisfaire, ou tout du moins de donner l’air de satisfaire, aux demandes de réforme émanant tant des Palestiniens que de l’étranger. Tandis que l’administration Bush met davantage l’accent sur les changements en matière de sécurité que sur les changements vers plus de démocratie, George J. Tenet, directeur de la CIA, est attendu ici ce week-end, pour superviser un “shake-up” de la douzaine, environ, de services de sécurité palestiniens, depuis la sécurité militaire en Cisjordanie jusqu’à la police maritime à Gaza.


Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a répété, vendredi dernier, à un autre émissaire américain, Williams J. Burns, assistant du Secrétaire d’Etat américain pour les affaires du Proche-Orient, qu’un changement complet dans l’Autorité palestinienne était pour lui la condition sine qua non d’un retour aux négociations de paix.


L’administration Bush n’a pas faite sienne cette approche. Elle y préfère des discussions, menées parallèlement aux réformes. Mais, jusqu’ici, rien ne laisse présager des négociations de cette nature et l’administration Bush n’en a formulé aucune demande publique, ce qui amène les Palestiniens à redouter que même les propos de l’administration américaine au sujet des réformes ne pourrait qu’être une tactique dilatoire.


L’administration Bush a déjà indiqué par le passé qu’une conférence sur le Moyen-Orient, pourtant programmée, pourrait se voir repousser du début de l’été à la fin de cette année. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Yoschka Fischer, a mis en garde aujourd’hui contre ce report, qui serait “une erreur”, de son point de vue.


“Nous devons agir en temps opportun, et ne pas perdre le moindre instant”, a-t-il dit à des journalistes après avoir rencontré le président égyptien Hosni Moubarak, dans la station balnéaire de Sharm ElSheikh, sur la Mer Rouge. M. Mubarak doit rencontrer plus tard dans la semaine le président Bush, et peu de progrès sont attendus ici d’ici là, ont indiqué des diplomates.


Les réformateurs palestiniens affirment que les exigences de changement provenant d’Israël ne font qu’interférer avec leurs propres efforts et les gêner en les faisant apparaître comme les serviteurs des intérêts israéliens bien plus que de ceux des palestiniens.


Pour la même raison, l’animation d’une agence de sécurité palestinienne renforcée ne présente pas vraiment l’attrait de tremplin qu’on pourrait croire attaché à cette fonction. Avec nulle perspective politique à l’horizon et des Palestiniens fortement favorables au conflit avec Israël, “le nettoyage des services de sécurité et la chasse aux militants du Hamas, ce n’est pas le genre de boulot promis à un avenir politique grandiose”, me dit un diplomate occidental, faisant allusion au groupe activiste musulman palestinien.


La presse israélienne a fait état, ces derniers jours, du fait que Muhammad Dahlan, chef de la Sécurité préventive palestinienne dans la bande de Gaza, sera vraisemblablement appelé à la direction des services de sécurité palestiniens unifiés. Mais des diplomates en poste à Jérusalem indiquaient que M. Dahlan ambitionne, quant à lui, de devenir le plus haut conseiller politique d’Arafat, mission qui lui donnerait des prérogatives plus étendues et le mettrait à l’abri de la responsabilité au jour-le-jour qui est propre aux service de sécurité.


Une dynamique différente pourrait bien laisser Jibril Rajoub, le chef de la sécurité préventive en Cisjordanie , sans poste à la tête d’un service de sécurité du système révisé, indiquent des diplomates. M. Rajoub, qui conserve un grand portrait de M. Tenet dans son bureau, est affaibli politiquement de manière significative, parce qu’il est d’ores et déjà considéré par beaucoup de Palestiniens comme trop enclin à coopérer avec les Israéliens et les Américains.


Israël a renoncé au travail en commun avec les services de sécurité palestiniens. Des officiels israéliens très haut placés disent qu’aussi longtemps que M. Arafat restera aux manettes, améliorer la sécurité des Palestiniens reviendrait, à défaut d’autre chose, à mettre Israël en danger.


Israël n’a absolument pas effacé les limites négociées entre territoires contrôlés par ses forces et territoire contrôlés par la sécurité palestinienne. Il a cessé de qualifier certains de ses raids dans les territoires contrôlés par les Palestiniens d’”incursions” et s’est mis à y faire référence en évoquant des “patrouilles”, un mot suggérant non l’invasion, mais le travail routinier de la police.


Aujourd’hui, les troupes israéliennes ont réinvesti le camp de réfugiés de Dheisheh, à l’intérieur de Bethléem, arrêtant un homme, avant de se retirer, a indiqué l’armée. Les troupes israéliennes ont continué à opérer dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, où elles ont procédé à l’arrestation de plus de cent hommes pour interrogatoire, après quoi trente parmi ces hommes ont été emprisonnés, depuis samedi dernier, indique l’armée.


Israël a pris d’autres mesures de sécurité significatives, telle le resserrement de son blocus imposé aux zones palestiniennes. Cette semaine, les forces israéliennes ont creusé une tranchée de plus d’un mètre de profondeur et de plus d’un mètre de largeur à travers les oliveraies qui entourent pratiquement de tous côtés la ville de Bethléem. A côté de cette tranchée, des rouleaux de fil de fer barbelé sont déroulés, sur une hauteur de plus d’un mètre, et la piste en terre battue a été passée au bulldozer, la terre extraite étant déversée par-delà la grille.


En début de semaine, M. Arafat a proposé de réduire ses forces de sécurité, qui sont au nombre d’environ une douzaine, à six. Mais des diplomates européens et américains ont rejeté ce nombre, encore trop important. M. Arafat est actuellement en train d’évaluer la réduction de ces services à quatre, auxquels il faudra ajouter sa garde prétorienne, la Force-17.


Les dirigeants de la Force-17 ont, dit-on, rejeté violemment des suggestions selon lesquelles leur force pourrait se fondre dans un autre service de sécurité. Dans un tel système, la Force-17 aurait un rôle plus clairement défini, plus limité, elle se contenterait de servir de garde personnelle rapprochée à M. Arafat.


M. Dahlan et M. Rajoub, qui parlent couramment l’anglais et l’hébreu, en plus naturellement de l’arabe, figurent depuis longtemps en tête de liste des successeurs putatifs de M. Arafat. Des responsables israéliens de la sécurité spéculent depuis plusieurs mois sur une Autorité palestinienne post-Arafat se scindant en deux entités : un “Rajoubstan” et un “Dahlanistan”, deux provinces gouvernées séparément par les deux hommes forts.


Les Palestiniens se gaussent de telles spéculations qu’ils considèrent incarner les voeux pieux d’Israéliens rêvant de diviser pour mieux régner.


Les deux hommes ont un impressionnant état de services de combattants. M. Dahlan a été emprisonné durant six ans par Israël, et M. Rajoub durant dix-sept ans. Tous deux avaient été finalement exilés par Israël, et tous deux étaient rentrés, au milieu des années 1990, lorsque M. Arafat fut autorisé à rentrer en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, en vertu des accords d’Oslo.


Mais les destins politiques des deux hommes se sont séparés.

Tandis que l’influence de M. Rajoub déclinait et que sa popularité s’évanouissait, M. Dahlan améliorait sa position auprès de M. Arafat. Mais certains Palestiniens disent qu’il a des liens avec des responsables corrompus, et qu’il a eu des difficultés à étendre son rayon d’action au-delà de la bande de Gaza, en Cisjordanie . C’est notamment ce qu’expliquent des analystes palestiniens spécialisés.

Les responsables de la sécurité israélienne ont déclaré récemment à des journalistes que M. Dahlan joue un double jeu, encourageant les activistes (“terroristes”) tout en se présentant pour la galerie comme un responsable de la sécurité. Mais dans la galerie des miroirs déformants que représentent les relations israélo-palestiniennes, ce type d’accusations est susceptible de ne représenter, en réalité, qu’un effort israélien visant à redorer le blason de M. Dahlan dans l’opinion publique palestinienne...


Alors que les forces israéliennes ont détruit le QG de M. Rajoub, situé au sommet d’une colline, à Ramallah, durant leur incursion d’avril dernier, elles n’ont pas touché à celui de M. Dahlan, à Gaza.

M. Dahlan est un politique accompli et prudent. Il est le genre d’homme à répondre à une interview en arabe, mais à corriger à de multiples reprises l’interprète traduisant ses réponses en anglais... Durant des mois, il a insisté non seulement sur son intention de reprendre en main les activistes, mais aussi sur l’incapacité où il serait placé de le faire, aussi longtemps qu’il ne lui serait pas possible de proposer une alternative politique crédible et prometteuse à la violence.

Déjà en novembre dernier, M. Dahlan affirmait que les incursions des Israéliens dans le territoire contrôlé par les Palestiniens, ainsi que leurs assassinats programmés de dirigeants de la résistance palestinienne, mettaient l’Autorité palestinienne dans l’impossibilité totale de réduire la violence palestinienne. “Ils exigent de l’Autorité palestinienne qu’elle s’en prenne au peuple palestinien, et ça, c’est totalement hors de question”, disait-il alors.


Article paru dans le Point d'information Palestine
Newsletter privée réalisée par La Maison d'Orient - BP 105 - 13192 Marseille Cedex 20 - FRANCE
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Pour recevoir cette lettre de diffusion, envoyez un mail à : lmomarseille@wanadoo.fr

Source : www.nytimes.com/

Traduction : Marcel Charbonnier

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