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Palestine occupée - 8 mai 2011
Par Ziad Medoukh
L'accord de réconciliation entre les différents mouvements palestiniens a été signé cette semaine au Caire, grâce à la médiation égyptienne, mais surtout grâce aux manifestations populaires des Palestiniens qui se sont rassemblés en masse pour le revendiquer. D'autres manifestations de joie et de soutien regroupant toute la population civile de la bande de Gaza, qui a beaucoup souffert de cette division, ont suivi cette signature historique et depuis, ici, tout le monde attend avec impatience son application sur le terrain.
Dans cet accord, le premier point porte sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, un gouvernement intérimaire qui se composerait de personnalités indépendantes, agréées par le Fatah et le Hamas.
D’ici deux semaines, un nouveau gouvernement va donc voir le jour dans les territoires palestiniens, un gouvernement qui sera chargé de régler les questions liées à la division, et d’unifier les institutions palestiniennes de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, sans oublier la reconstruction de Gaza et l'obtention de la fin du blocus qui dure depuis plus de 4 ans.
Quels que soient les membres de ce gouvernement de transition, et quel que soit le nom de son chef, je pense qu'ils vont devoir affronter trois principaux défis : un défi intérieur, un défi israélien et un défi international.
Le défi intérieur : la situation inter-palestinienne est très compliquée. Nous sommes face à deux projets différents, avec des stratégies différentes : un projet de négociation de paix avec les Israéliens, projet très impliqué dans un processus de paix qui n’a pas abouti à des résultats concrets, projet qui préfère la résistance populaire et non-violente contre l’occupation, et un autre projet qui s’oppose au premier et qui préfère la résistance militaire comme forme de résistance à l’occupation, même si ce projet n’a pas un consensus national et est souvent marqué par une trêve non affichée avec les Israéliens. Le nouveau gouvernement devra trouver un compromis. En dehors de cette divergence, il y a la question de la sécurité dans les territoires palestiniens : comment organiser le travail de ses différents services en Cisjordanie comme dans la bande de Gaza ? Il y a aussi le problème des armes des différentes factions. Il ne faut pas non plus oublier la reconstruction de Gaza, la fin du blocus, les déplacements entre la bande de Gaza et la Cisjordanie , la continuité géographique entre les deux régions, et bien sûr, la manière d'effacer les conséquences de cette division qui a duré plus de 4 ans.
Le défi Israélien : Israël est le grand perdant dans cet accord. Toute unité nationale entre Palestiniens le met devant ses responsabilités. C’est pour cela que le gouvernement israélien essaiera par tous les moyens de créer des problèmes à ce nouveau gouvernement. Les menaces ont déjà commencé. Les autorités israéliennes pourront fermer les passages qui relient la bande de Gaza à la Cisjordanie, elles pourront interdire aux ministres palestiniens de se déplacer entre ces deux points, elles pourront également suspendre le transfert des taxes au budget palestinien. Mais le vrai danger viendra surtout des provocations d'Israël face aux factions palestiniennes, sous forme d'attaques, de bombardements, et d'incursions, notamment à Gaza, afin de susciter leur réaction par des tirs de roquettes, ce qui mènerait la région à une nouvelle escalade. Dans ce cas, Israël serait le premier bénéficiaire de cette situation de guerre et d’instabilité sous le prétexte de défendre ses citoyens et sa sécurité.
Et pour finir, le défi international : la Communauté Internationale officielle pourrait, elle, approuver la position israélienne, couper les aides accordées à l’autorité palestinienne ; elle pourrait aussi faire pression sur ce nouveau gouvernement palestinien afin qu’il accepte les conditions du Quartet pour le Proche-Orient, soit, la cessation des violences, et la reconnaissance des accords signés par Israël et l’OLP. Cette Communauté pourrait reprendre sa position de 2006 quand elle avait boycotté le gouvernement créé après les élections de 2006 dans les territoires palestiniens.
Devant ces défis, le nouveau gouvernement devra être ferme, il devra résister, continuer de travailler, même dans des conditions extrêmement difficiles et dans un contexte particulier marqué par des menaces et le manque de moyens.
Malgré ces défis et les difficultés de leur application, les dirigeants et les mouvements palestiniens doivent rester conscients d'être à la hauteur des attentes de la population, pour que se fasse l'unité nationale et pour permettre à notre peuple de décider de son destin et d'instaurer un Etat libre et indépendant, son Etat, la Palestine.
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Politique intérieure
Ziad Medoukh
8 mai 2011