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Belgique - 22 avril 2013
Par Luk Vervaet
Quatre ans après sa plainte pour « racisme et violences policières », le tribunal a donné raison sur toute la ligne à Nordine Saïdi. Dans le jugement rendu ce lundi 21 avril 2013, le tribunal a condamné le policier Condijts à huit mois de prison avec sursis pendant 4 ans et à payer les frais de justice, ainsi qu’à une compensation symbolique d’un euro pour Nordine, pour ses propos racistes contre le porte-parole du parti Egalité en 2009 et pour violence contre un policier d’origine immigrée en 2010.
Pour rappel : après l’arrestation de Nordine Saïdi pour sa participation à une action BDS « Boycott Israël » au marché d’Anderlecht, M. Condijts, adjoint du commissaire de police, lui a tenu les propos suivants, en présence d’autres policiers : « Bougnoule, si ça ne te plaît pas ici, retourne dans ton propre pays. Attache une ceinture autour de ton ventre et va te faire exploser dans ton pays à toi. » « Tu as appris ton texte par cœur en te branlant le soir, » « Vous, les Arabes, avez une bite à la place du cerveau. » Nordine a ensuite été amené dans les sous-sols où on lui a demandé d’enlever sa veste, ses chaussures et de prendre une couverture. En le mettant dans la cellule, Condijts lui a dit : « Pour la prière, c’est là », en l’indiquant de la main la direction des toilettes.
A l’audience du 22 avril, le tribunal n’a pas repris la lecture des attendus, il est allé droit au jugement. Le juge a déclaré coupable le policier inculpé. Il a insisté sur le fait que le policier n’en était pas à sa première infraction, qu’il a témoigné de manière répétée d’une attitude raciste, sexiste et homophobe. Commettre de la violence en tant que policier est déjà un fait grave, selon ce jugement. Que cette violence soit accompagnée de racisme ne fait qu’augmenter la gravité des faits. Pour le juge, et il a insisté sur ce point, la police doit donner l’exemple.
Pendant la lecture du jugement, l’inculpé s’est effondré et a eu besoin de soins médicaux. Nous ne nous réjouissons pas de son malaise. Mais il contraste fortement avec l’arrogance et l’agressivité de ce policier lors de la première audience.
Là, de manière calme et hautaine, il n’a jamais quitté le rôle de celui qui représente l’autorité et les institutions. Il s’est présenté comme un défenseur de l’ordre, respectueux de toutes les règles et normes, travaillant sans problèmes avec des collègues allochtones, certainement pas raciste, n’ayant rien à se reprocher. Il avait déclaré que toutes les accusations contre lui étaient fausses, qu’il était victime d’une campagne de diffamation de la part de certains de ses collègues, dont il ne comprenait pas les motivations. Que l’arrestation de Nordine Saïdi s’était faite selon les règles et que Nordine était un menteur. Il avait révélé qu’il avait été briefé avant l’incident, que Nordine était un fouteur de merde (« een keetschopper »), qui avait déjà créé des problèmes à ce marché d’Anderlecht. Condijts avait fait ajouter quelques documents au dossier pour présenter Nordine comme un terroriste potentiel. D’abord, en y ajoutant la plainte de Caroline Fourest contre Nordine pour sa prétendue comparaison avec Breivik. Ensuite, en rappelant son exclusion du Mrax. Et pour finir, en y ajoutant que « des organisations juives disent que Nordine est un raciste ». Et c’est ce monsieur qui va déclarer que mon client est un raciste ? s’était exclamé l’avocat de Condijts. Le tribunal n’a pas suivi les manœuvres de Condijts et de son avocat.
En ce qui concerne la plainte du policier contre Condijts, le tribunal ne l’a suivie qu’en partie. Il a dit que le policier avait probablement provoqué l’incident lui-même et que le nombre de jours d’incapacité de travail suite à l’incident était une manipulation des médecins.
Le policier condamné peut décider d’aller en appel dans les quinze jours qui viennent.
Le parti Égalité se réjouit de ce jugement qui constitue un encouragement de poids pour toutes les victimes de violence et de racisme policier à déposer plainte et à mettre fin à l’impunité.
Source : Egalité
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