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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Nous avons besoin d’une commission d’enquête honnête pour établir la vérité

Par

La visite récente du dirigeant Fatah Nabil Sha’ath dans la Bande de Gaza est un premier pas bienvenu vers une réconciliation nationale palestinienne. Contrairement à beaucoup de fanatiques du Fatah, qui prônent ouvertement une guerre sans fin contre le Hamas, Sha’ath a toujours fait preuve de beaucoup de modération vis-à-vis du Hamas, refusant de considérer le mouvement de libération islamique comme « l’ennemi », comme beaucoup d’autres éléments anti-islamistes au sein du Fatah l’ont fait.

Nous avons besoin d’une commission d’enquête honnête pour établir la vérité


Nabil Sha'ath (au centre) serre la main de Khalil al-Hayya, leader du Hamas après leur rencontre à Gaza ville le 3 février 2010 (Xinhua/Wissam Nassar)

A son crédit, le dirigeant Fatah de premier plan n’a jamais nourri d’illusions sur les limites entre les troubles inter-palestiniens, comme la scission entre le Fatah et le Hamas, et le conflit fondamental entre le peuple palestinien et Israël.

Malheureusement, ce sont ces limites que quelques fonctionnaires de l’Autorité Palestinienne (AP) ont cherché à estomper ou à effacer au service d’Israël. Comme par exemple ce militaire de haut rang dans l’appareil sécuritaire de l’AP qui a été cité comme disant à ses « collègues » israéliens, il y a deux ans, que « nous sommes alliés et nous avons un ennemi commun, et le nom de cet ennemi commun est le Hamas ».

C’est pourquoi la visite de Sha’ath et la série de réunions auxquelles il a participé avec les dirigeants de Gaza, dont le premier ministre élu Ismaël Haniya, doivent être applaudies et accueillies par tous les Palestiniens qui veulent sincèrement voir la fin proche des 30 mois de dissensions entre le Hamas et le Fatah.

La Bande de Gaza n’appartient pas seulement au Hamas, pas plus que la Cisjordanie n’appartient seulement au Fatah. Mais tant l’une que l’autre, ainsi que le reste de la Palestine occupée, appartiennent au peuple palestinien, y compris aux partisans du Fatah et du Hamas.

Ceci étant dit, il est impératif, dans l’intérêt d’une véritable réconciliation nationale, que les deux côtés cessent les récriminations mutuelles. Le Fatah, en particulier, doit mettre fin à son discours de propagande souvent empoisonnée qui affirme que le Hamas a fait un coup d’Etat et tué des centaines de miliciens et partisans Fatah.

Proférer des mensonges obscènes ne servira pas la chère cause de la réconciliation nationale. Finalement, le Fatah, comme le Hamas, est partie prenante dans la compétition et, en tant que tel, ne peut être en même temps juge et partie.

Mais si le Fatah est vraiment et sincèrement intéressé à connaître la vérité, le Hamas ne devrait émettre aucune objection à la création d’une authentique Commission d’Enquête composée de juges et de juristes aux références impeccables. Une telle commission serait nécessaire pour aboutir à une réconciliation nationale durable car elle serait fondée sur la vérité et l’honnêteté.

Beaucoup de questions sensibles devraient recevoir une réponse satisfaisante. Parmi elles :

1) Quelle fut la nature des relations entre la CIA, c’est-à-dire le général Keith Dayton, et les milices de l’AP à majorité Fatah à Gaza avant les événements de juillet 2007 ?

2) Les agences de sécurité de l’AP à Gaza ont-elles été de connivence avec les Nord-Américains, et peut-être les Israéliens, contre le gouvernement démocratiquement élu du Hamas ?

3) Les agences de sécurité de l’AP, en particulier la Force de Sécurité Préventive, ont-elles planifié un coup d’Etat contre le Hamas avant les événements de juillet 2007 ?

4) Les agences de sécurité ont-elles reçu des camions d’armes financées par les Etats-Unis via Israël pour renverser le gouvernement Hamas ?

5) Les agences de sécurité ont-elles essayé, en toute connaissance de cause, de fomenter l’insécurité et l’instabilité à Gaza dans le but d’embarrasser et de fragiliser le gouvernement d’unité nationale ?

6) Qui a assassiné les trois enfants de Baha’a Balusha ?

7) Qui a assassiné le professeur Hussein abu Ajwa ?

8) Qui a rompu le cessez-le-feu chaque fois que la médiation égyptienne permettait d’en atteindre un ?

9) Le Fatah a-t-il envisagé d’écraser le gouvernement Hamas, avec l’aide des Etats-Unis et d’Israël, et probablement de quelques régimes arabes ?

10) Qui sont les responsables de la tentative d’assassinat du premier ministre Haniya en décembre 2007, alors qu’il rentrait à Gaza depuis l’Egypte ?

11) Enfin, lorsqu’Israël a lancé son massacre néo-nazi contre Gaza l’année dernière, qui a tué, blessé ou brûlé des milliers de Palestiniens innocents, des rumeurs ont circulé selon lesquelles certains cercles de l’organisation Fatah (et également au sein de l’OLP) s’étaient entendus avec les Israéliens, certaines personnalités suppliant les Israéliens de détruire des centres entiers de population palestinienne « parce qu’ils le méritaient puisqu’ils avaient voté pour le Hamas. » En conséquence, ces accusations graves et ces allégations doivent faire l’objet d’examens minutieux pour établir la vérité.

De plus, le Fatah peut suggérer toute série de questions qu’il estime mériter une investigation sérieuse, comme l’affirmation que des combattants du Hamas ont tué un fonctionnaire du Fatah en le précipitant du toit d’un immeuble de plusieurs étages. J’évoque ce point particulier parce qu’une enquête méticuleuse sur les circonstances de cet incident montre que la victime, Husam abu Gneis, fut en fait poussé par erreur par un agent du Fatah qui l’avait pris pour un membre du Hamas parce qu’il portait la barbe.

Je ne suggère pas que le Fatah est coupable jusqu’à preuve du contraire. Cependant, tant le Fatah que le Hamas doivent être considérés comme innocents tant que leur culpabilité n’est pas prouvée, ce qui nécessite la création d’une véritable commission d’enquête.

L’instauration de la justice et de la vérité, par des juges intègres, neutres et professionnels, pourrait mettre fin à toutes les disputes et incriminations mutuelles entre les deux camps. De plus, il y aurait des leçons à tirer d’une telle action hardie et sage puisque la vérité sortirait, nue, aux yeux de tous ceux qu’elle intéresse.

En ce qui concerne les questions plus immédiates concernant le soi-disant document égyptien, il est amplement évident que ce document a perdu beaucoup, sinon tout, de son attrait suite à l’action manifestement hostile du régime égyptien contre le Hamas, à savoir la construction du mur de la honte de conception israélienne le long de la frontière entre Gaza et le Sinaï.

Cette honte colossale a effectivement placé le régime de Moubarak dans le cercle d’hostilité au Hamas. Par conséquent, il faut trouver un parti tiers neutre qui garantisse l’authenticité et la pérennité de tout accord de réconciliation.

Enfin, pour organiser des élections en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, il faudra que des garanties de sécurité et autres soient données pour éviter la répétition des violations scandaleuses qui ont eu lieu avant et après les élections de 2006. A l’époque, Israël a raflé la plus grande partie des candidats islamistes qui avaient gagné ou qui étaient en passe de remporter les élections pendant que l’Occident et les régimes arabes fantoches, probablement avec l’assentiment et l’encouragement tacite d’éléments dirigeants au sein du Fatah, imposaient un blocus mortel contre le nouveau gouvernement palestinien, au motif qu’ils n’aimaient pas les résultats des élections.

Bien sûr, organiser des élections dans les circonstances actuelles revient à dire aux électeurs qu’ils seront affamés et mis sous blocus s’ils votent pour le Hamas, et que ce n’est qu’en votant pour le Fatah qu’ils pourront toucher leurs salaires à la fin du mois.

La même chose s’applique à la situation politique actuelle dans les territoires occupés, en particulier en Cisjordanie , où une inquisition agressive, et même féroce contre le Hamas se poursuit depuis l’été 2007.

Dans ce contexte, pas moins de 10.000 personnes ont été arrêtées, des centaines d’institutions islamiques ont été saisies et remises au Fatah, et des milliers de gens innocents ont été virés de leur boulot parce qu’ils étaient soupçonnés d’être affiliés ou associés au Hamas.

De plus, au moins douze partisans du Hamas ont été torturés à mort, pendant que d’autres sont handicapés à vie par suite des tortures physiques sévères auxquels ils ont été soumis, de la main des interrogateurs du Fatah.

Il est donc très difficile d’imaginer même que des élections véritables et transparentes puissent être organisées sous les conditions prévalant en Cisjordanie . Des élections véritables exigent une atmosphère saine où les citoyens peuvent exercer leur liberté d’expression et de parole, et organiser des rassemblements de soutien de leurs partis politiques respectifs. Cette exigence essentielle n’existe pas aujourd’hui en Cisjordanie et, dans une moindre mesure, dans la Bande de Gaza.

Ce qui signifie que l’appareil d’Etat politique actuel en Cisjordanie doit être immédiatement démantelé. Sinon, la tenue d’élections dans les circonstances actuelles, alors que des gens sont arrêtés et torturés pour le simple fait de brandir le drapeau vert islamique, sera vouée au désastre.

Source : Palestine Info

Traduction : MR pour ISM

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