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USA - 27 janvier 2009
Par Noam Chomsky
Tout le monde s’accorde à reconnaître en Barack Obama un homme à l’intelligence aiguisée, et un juriste chevronné particulièrement précis dans le choix de ses mots. On doit donc prendre Obama au sérieux – tant dans ce qu’il dit que dans ce qu’il tait. D’une signification particulière, sa première déclaration substantielle en matière d’affaires étrangères, le 22 janvier, au Département d’Etat : il intronisait alors George Mitchell, duquel il faisait son envoyé spécial au Moyen-Orient.
En juillet 2008, en compagnie du criminel de guerre Ehud Barak, Obama visite Sderot
On attend de Mitchell qu’il focalise son attention sur le problème israélo-palestinien, au lendemain de la récente invasion américano-israélienne de Gaza. Durant cet assaut meurtrier, Obama est resté silencieux, n’émettant que quelques platitudes, au motif, disait-il, qu’il n’y aurait eu qu’un seul président des Etats-Unis – alors que cela ne l’avait jamais incité à se taire sur bien d’autres questions.
Sa campagne, en revanche, avait lourdement insisté sur cette déclaration du même Obama : « Si des roquettes tombaient là où mes deux filles dorment, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour arrêter ça ! ». Il faisait allusion aux enfants israéliens (est-il besoin de le préciser ?), et non aux centaines d’enfants palestiniens en train d’être massacrés par des armes de fabrication américaine, dont, évidemment, il ne pouvait pas parler, puisque – combien de fois faudra-t-il vous le répéter ? – il n’y avait qu’un seul président qui fût en mesure de le faire (mais qui n’en avait nulle envie) ?!
Toutefois, le 22 janvier, le seul et unique président des Etats-Unis est devenu un certain Barack Obama. Par conséquent, celui-ci pouvait désormais parler librement de ce genre de question – en évitant soigneusement, bien sûr, l’agression contre Gaza, qui venait de prendre fin, par le plus grand des hasards ( !). Juste à la veille de son intronisation !
Le discours d’Obama a mis l’accent sur son engagement en vue d’un règlement pacifique. Il en a laissé les délinéaments dans le vague, excepté une proposition spécifique : « L’initiative de paix arabe », a dit Obama, « comporte des éléments constructifs qui pourraient contribuer à faire progresser ces efforts. Le temps est venu, pour les pays arabes, d’agir selon la promesse de cette initiative en soutenant le gouvernement palestinien sous la direction du président Abbas et du Premier ministre Fayyad, en allant de l’avant dans la normalisation de leurs relations avec Israël et en luttant contre l’extrémisme qui nous menace tous. »
Obama, on le voit, ne falsifie pas tout de go la proposition de la Ligue arabe, mais son entourloupe, soigneusement ciselée, est hautement instructive.
La proposition de paix de la Ligue arabe appelle effectivement à une normalisation des relations avec Israël – dans le contexte – je répète : dans le contexte – d’un solution à deux Etats dans les termes du consensus international réuni de longue date, que les Etats-Unis et Israël bloquent depuis plus de trente ans, dans un isolement international total, chose qu’ils continuent à faire aujourd’hui. Le noyau de la proposition de la Ligue arabe, comme Obama est ses conseillers ès-Moyen-Orient le savent parfaitement, c’est son appel à un règlement politique pacifique dans ces termes, bien connus désormais, dont il est reconnu qu’ils sont la seule base possible pour le règlement pacifique auquel Obama professe être attaché. L’omission de ce fait crucial ne saurait être purement accidentelle : elle signale de manière très claire qu’Obama n’envisage nullement de se départir du rejectionnisme américain. L’appel qu’il lance aux pays arabes, les exhortant à mettre en actes un corollaire de leur proposition, tandis que les Etats-Unis continuent à ignorer jusqu’à l’existence de son contenu fondamental, qui bien entendu pré-conditionne le corollaire, dépasse les bornes du cynisme.
Les actes les plus significatifs de nature à saper tout règlement pacifique sont les agissements quotidiens soutenus par les Etats-Unis dans les territoires occupés, tous reconnus comme des agissements criminels : confiscations de terres arables et de ressources et construction de ce que l’architecte-en-chef du plan, Ariel Sharon, appelait des « bantoustans » pour Palestiniens – ce qui était d’ailleurs une comparaison injuste, car les bantoustans sud-africains étaient autrement plus viables que les fragments de la Palestine concédés aux Palestiniens dans la conception sharonienne des choses, en train de se réaliser sur le terrain. Mais les Etats-Unis et Israël vont même jusqu’à continuer à refuser un règlement politique en pures paroles verbales, encore tout récemment, en décembre 2008, les Etats-Unis et Israël (ah, j’allais oublier… ainsi que quelques minuscules îles du Pacifique) ayant voté contre une résolution de l’Onu soutenant « le droit du peuple palestinien à l’autodétermination » (votée à 173 voix pour, 5 contre, et le véto des Etats-Unis-Israël, sous des prétextes évasifs).
Obama n’a pas eu un seul mot au sujet des constructions de colonies et d’infrastructures (réservées aux colons) en Cisjordanie , ni des mesures complexes visant à contrôler l’existence des Palestiniens et conçues de manière à saper les perspectives de toute solution pacifique à deux Etats. Son silence est une réfutation sinistre de ses envolées lyriques sur la manière dont il va « entretenir un engagement actif à rechercher deux Etats vivant côte-à-côte, dans la paix et la sécurité ».
Il n’a pas mentionné, non plus, l’utilisation d’armes américaines à Gaza, en violation non seulement du droit international, mais aussi de la loi américaine. Ni l’expédition de nouvelles armes américaines par Washington à Israël, au plus fort de l’agression américano-israélienne, chose que n’ignoraient certainement pas les conseillers es-questions moyen-orientales d’Obama.
Sur un point, toutefois, Obama s’est montré intraitable : la contrebande d’armes à destination de Gaza doit être stoppée… Il avalise l’avis commun de Condoleezza Rice et de la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni, selon lequel la frontière entre la bande de Gaza l’Egypte doit être hermétiquement scellée – remarquable exercice d’arrogance impériale, comme l’a fait observer le Financial Times : « Se congratulant mutuellement, à Washington, ces deux responsables semblaient oublier le fait qu’elles étaient en train de conclure un marché au sujet d’un commerce illégal à la frontière de quelqu’un d’autre : en l’occurrence, des Egyptiens. Le lendemain, un responsable égyptien qualifia leur mémorandum de « fictionnel ». Mais cette objection égyptienne fut rejetée d’un revers de main…»
Revenons à l’allusion faite par Obama à la proposition « constructive » de la Ligue arabe ; comme l’indique le compte-rendu, Obama persiste à refuser de soutenir le parti vainqueur [Chomsky écrit, par erreur : « defeated party », ndt] des élections de janvier 2006 – les seules élections libres de tout le monde arabe – auxquelles les Etats-Unis et Israël réagirent, immédiatement et ouvertement, en punissant sévèrement les Palestiniens de s’être opposés à la volonté des maîtres. Mais il y a un léger ‘hic’, c’est le fait que le mandat d’Abbas a pris fin le 9 janvier, et que Fayyad a été nommé sans avoir été confirmé par le Parlement palestinien (dont beaucoup des membres ont été kidnappés par Israël, où ils sont emprisonnés depuis lors). Le quotidien israélien Ha’aretz qualifie Fayyad de « drôle d’oiseau dans le monde politique palestinien. D’un côté, c’est l’homme politique palestinien le plus estimé en Israël et en Occident. De l’autre, toutefois, il n’a pas le moindre pouvoir électoral, ni dans la bande de Gaza, ni en Cisjordanie ». Le rapport relève par ailleurs « la relation intime de Fayyad avec l’establishment israélien », et en particulier son amitié avec Dov Weisglass, un conseiller extrémiste de Sharon. Bien que dépourvu de tout soutien populaire, Fayyad est considéré compétent et intègre, ce qui n’est pas courant dans les secteurs politiques sponsorisés par les Etats-Unis.
L’insistance mise par Obama à ne jurer que par les seuls Abbas et Fayyad ne fait que confirmer le mépris constant de l’Occident pour la démocratie, dès lors que celle-ci échappe à son contrôle.
Obama a fourni les raisons habituelles « justifiant » qu’on ignore le gouvernement élu dirigé par le Hamas. « Pour être un authentique partenaire de paix », a ainsi déclaré Obama, « le quartette [Etats-Unis, Union européenne, Russie et Onu] a fait savoir très clairement que le Hamas doit répondre à des conditions très précises : reconnaître le droit à l’existence d’Israël ; renoncer à la violence ; respecter les accords déjà conclus. » Passé sous silence, comme d’habitude, le fait gênant que les Etats-Unis et Israël rejettent fermement la totalité de ces trois conditions. Seuls dans le monde, ils empêchent un règlement à deux Etats, dont un Etat palestinien ; bien entendu, ils ne renoncent pas à la violence ; et ils rejettent la proposition centrale du Quartette, à savoir la « feuille de route ». Israël l’a certes acceptée, pour la forme, mais accompagnée de quatorze réserves qui, de fait, en éliminent le contenu (en cela, Israël était soutenu, tactiquement, par les Etats-Unis). C’est le grand mérite de l’ouvrage de Jimmy Carter, Palestine : la paix, pas l’apartheid !, d’avoir porté ces faits à la connaissance de l’opinion publique pour la première fois – et à celle de l’opinion politiquement correcte, consensuelle, « mainstream », pour la seule et unique fois…
Par un raisonnement élémentaire, il s’ensuit que ni les Etats-Unis, ni Israël ne sont des « partenaires de paix sincères». Mais ça, il ne le dira jamais. Cette phrase ne doit même pas exister, en anglais !
Il est peut-être injuste de critiquer Obama pour cette quintessence de cynisme, car elle est quasi universelle, à la différence de son éviscération méticuleuse de la composante centrale de la proposition de la Ligue arabe, qui est vraiment un apport innovateur qui lui revient en propre et qu’on ne saurait lui contester…
Quasi-universelles, elles aussi, ces références convenues au Hamas : organisation terroriste, vouée à la destruction d’Israël (à moins que ce ne soit à celle de tous les juifs ?). Sont omis les faits gênants (sans doute) que les Etats-Unis-Israël non seulement sont voués à la destruction de toute forme viable d’Etat palestinien, mais ne cessent de mener des politiques allant dans ce sens. Ou encore celui que, contrairement aux deux Etats réjectionnistes, le Hamas a appelé à une solution à deux Etats, dans les termes du consensus international : publiquement, explicitement et de manière répétée.
Obama a introduit ses observations ainsi : « Permettez-moi d’être clair : l’Amérique est garante de la sécurité d’Israël. Et nous soutiendrons toujours le droit qu’a Israël de se défendre contre des menaces illégitimes. »
Au sujet du droit des Palestiniens à se défendre contre des menaces bien plus extrêmes, comme celles qui se produisent quotidiennement, avec le soutien des Etats-Unis, dans les territoires occupés : rien ! Nada ! Mais, là encore, c’est la norme à laquelle nous sommes « habitués »…
Normale, là encore, l’énonciation du principe selon lequel Israël a le droit de se défendre. C’est correct. Mais c’est vide : se défendre, dans l’absolu, tout le monde en a le droit ! Mais dans son contexte, ce cliché est pire que vide : c’est une tromperie cynique supplémentaire.
La question n’est pas de savoir si Israël a le droit de se défendre, comme n’importe qui d’autre, mais s’il a le droit de le faire par la force. Personne, y compris Obama, ne pense qu’un pays puisse jouir d’un droit de valeur générale à se défendre par la force : tout d’abord, il est nécessaire de démontrer qu’il n’existe aucune alternative pacifique, que l’on pourrait expérimenter. Dans le cas qui nous occupe, il y a des alternatives, assurément.
Une alternative étriquée consisterait, pour Israël, à respecter un cessez-le-feu, comme, par exemple, le cessez-le-feu proposé par le chef politique du Hamas Khaled Meshaal quelques jours avant qu’Israël ne lance son agression, le 27 décembre. Meshaal a appelé à réinstaurer l’accord de 2005 ; cet accord préconisait une fin des violences et une ouverture permanente des frontières, accompagnées d’une garantie, par Israël, que les biens et les personnes pourraient circuler librement entre les deux parties de la Palestine occupée, à savoir la Cisjordanie et la bande de Gaza. Cet accord avait été rejeté au bout de quelques mois par les Etats-Unis et Israël, après que les élections libres de janvier 2006 eurent « mal tourné ». Les autres cas, tout aussi hautement significatifs, abondent.
Mais une alternative plus large et plus significative consisterait, pour les Etats-Unis et pour Israël, à abandonner leur isolationnisme extrême, et à rejoindre le reste du monde – dont les pays arabes et le Hamas – dans le soutien à un règlement à deux Etats conforme au consensus international. Il convient de noter qu’au cours des trente années écoulées, il n’y a eu qu’une unique occurrence d’abandon de l’isolationnisme américano-israélien : les négociations de Taba, en janvier 2001, qui semblèrent très proches d’une résolution pacifique du conflit, lorsqu’Israël les fit capoter prématurément. Il ne serait pas incongru, pour Obama, d’accepter de rejoindre le reste du monde, fût-ce dans le cadre de la politique américaine, encore faudrait-il que cela l’intéresse vraiment ?
En résumé : la réitération quelque peu forcée, par Obama, du droit d’Israël à l’autodéfense n’est rien d’autre qu’un énième exercice de tromperie cynique – même si, il faut le reconnaître, elle n’est pas quelque chose qui lui soit propre, s’agissant d’une tromperie virtuellement universelle.
Si, dans ce dernier cas, la tromperie est particulièrement frappante, c’est parce que l’occasion en fut la nomination de Mitchell au poste d’envoyé spécial. Le principal haut-fait de Mitchell fut son rôle éminent dans le règlement pacifique en Irlande du Nord. Celle-ci prôna la fin du terrorisme de l’IRA et de la violence britannique. Cela revenait à reconnaître, implicitement, que, si la Grande-Bretagne avait bien le droit de se défendre contre le terrorisme, elle n’avait aucun droit à le faire par la force, car il existait une alternative pacifique : la reconnaissance des griefs légitimes de la communauté irlandaise catholique, qui étaient à l’origine de la terreur de l’IRA. Dès l’instant où la Grande-Bretagne adopta cette attitude raisonnable, la terreur cessa. Les implications pour la mission de Mitchell, en matière de conflit israélo-palestinien, sont tellement évidentes qu’il n’est nul besoin de les rappeler. Et leur omission, là encore, est un indice frappant de l’inscription de l’administration Obama dans le rejectionnisme traditionnel des Etats-Unis et dans leur opposition à la paix, à moins que ce ne soit à leurs propres conditions extrémistes.
Par ailleurs, Obama a rendu hommage à la Jordanie en raison de « son rôle constructif dans l’entraînement des forces de sécurité palestiniennes et dans l’entretien de ses bonnes relations avec Israël – ce qui contraste de manière frappante avec le refus américano-israélien de traiter avec le gouvernement palestinien démocratiquement élu, tout en punissant sauvagement les Palestiniens pour avoir élu ledit gouvernement pour des motifs qui, comme nous l’avons noté, ne soutiennent pas un simple examen de quelques secondes. Il est vrai que la Jordanie s’est jointe aux Etats-Unis dans l’armement et l’entraînement des forces palestiniennes de sécurité, afin qu’elles soient en mesure d’interdire toute manifestation de soutien aux malheureuses victimes de l’agression américano-israélienne contre Gaza, et aussi en arrêtant des partisans du Hamas et l’éminent journaliste Khaled Amayreh, tout en montant de toutes pièces leurs propres manifestations de soutien à Abbas et au Fatah, dans lesquelles « la plupart des participants étaient des fonctionnaires et des écoliers ayant reçu de l’Autorité palestinienne l’ordre expresse d’y participer », d’après le quotidien Jerusalem Post. Cela, oui, d’accord : c’est le genre de démocratie qui est à notre goût…
Obama a fait un autre commentaire lourd de sens : « Dans le cadre d’un cessez-le-feu à long-terme, les points de passage à travers la frontière de Gaza devront être ouverts afin de permettre le passage des aides et des marchandises, avec un régime de surveillance adéquat… » Bien entendu, il s’est bien gardé de mentionner que les Etats-Unis et Israël avaient rejeté un accord quasi similaire après les élections de janvier 2006 et qu’Israël n’avait jamais respecté par le passé des accords du même type à ses frontières.
On notera aussi l’absence totale de réaction à l’annonce par Israël de son rejet de l’accord de cessez-le-feu, rendant du même coup toute perspective que ledit accord soit « de longue durée » inutile. Comme cela a été immédiatement rapporté par la presse, « le Ministre israélien Binyamin Ben-Eliezer, qui assiste aux délibérations du Conseil des ministres en matière sécuritaire, a déclaré à la Radio de l’Armée, mercredi, qu’Israël ne laisserait pas les points de passage vers Gaza rouvrir sans qu’ait été au préalable conclu un marché en vue de la libération de Gilad Shalit, » (AP, 22 janvier) ; « Israël maintiendra les carrefours de Gaza fermés... Un responsable a dit que le gouvernement envisageait d'utiliser la question pour marchander la libération de Gilad Shalit, le soldat israélien prisonnier du groupe islamiste depuis 2006 » (Financial Times, 23 janvier) ; « En début de semaine, la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a déclaré que des progrès en matière de libération du caporal Shalit seraient un préalable à l’ouverture des postes frontière restés fermés, la plupart du temps, depuis que le Hamas avait arraché le contrôle de la bande de Gaza à l’Autorité palestinienne, en 2007 » (Christian Science Monitor, 23 janvier) ; « un responsable israélien a déclaré que des conditions très dures seraient mises à toute levée du blocus, qu’il a conditionnée elle-même à la libération de Gilad Shalit » [Financial Times, 23 janvier]. ; entre bien d’autres éléments.
La captivité de Shalit est une question prééminente en Occident : c’est là une énième « preuve » du caractère criminel du Hamas. Quoi que l’on puisse en penser, il est incontestable que la capture d’un militaire d’une année d’agression est un crime bien moindre que la capture de civils telle que la pratiquait exactement la veille l’armée israélienne, qui avait fait prisonniers deux frères qu’elle avait ensuite exfiltrés à travers la frontière, après quoi ils avaient disparu dans un camp d’emprisonnement israélien. Contrairement au cas beaucoup moins grave de Shalit, ce crime a pratiquement été passé sous silence, et il a fini par être oublié, en même temps que la pratique sur une base régulière, par Israël, depuis des décennies, du kidnapping de civils au Liban et en haute mer, suivie de leur dispersion dans diverses prisons israéliennes, où ils sont bien souvent maintenus prisonniers durant des années, en tant qu’otages. Mais la capture de Shalit, elle, c’est autre chose : elle interdit la conclusion d’un cessez-le-feu !
Le discours d’Obama, au département d’Etat, consacré au Moyen-Orient, se poursuivit avec « la situation en train de se dégrader en Afghanistan et au Pakistan… (deux pays qui sont) le front central de notre lutte constante contre le terrorisme et l’extrémisme ». Quelques heures plus tard, des avions de guerre américains attaquaient un hameau principalement peuplé de bergers. « Des femmes et des enfants figurent parmi les vingt-deux tués, ont-ils indiqué, d’après Hamididan Abdul Rahmazai, le chef du conseil provincial. » (Los Angeles Times, 24 janvier).
Le premier message qu’adressa Karzai, le président afghan, à Obama, après son élection, en novembre, fut une exhortation à arrêter les bombardements contre des civils afghans, une exhortation qu’il réitéra quelques heures avant qu’Obama ne prête serment. Cela fut considéré comme un appel significatif de Karzai au départ [de l’Afghanistan] des forces américaines et des autres forces armées étrangères. Les riches et les puissants ont leurs « responsabilités ». Parmi celles-ci, a écrit le New York Times, il y a celle d’ « assurer la sécurité » dans le sud de l’Afghanistan, un pays où « les insurgés sont formés sur place et auto-entretenus ». Air connu. Cela ressemble mot pour mot à ce que l’on pouvait lire dans la Pravda, dans les années 1980. Par exemple…
Source : ZNet
Traduction : Marcel Charbonnier
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Noam Chomsky
27 janvier 2009