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Liban - 17 août 2006
Par Charles Glass
Le vice secrétaire général et cofondateur du Hizbullah, Naim Qassem, a décrit d’une manière fascinante, quand bien même serait-elle partisane, la création et l’ascension de cette formation.
Naïm Qassem a qualifié la libération du Sud Liban de "plus grande et plus importante victoire sur Israël depuis le début de son occupation de la Palestine, cinquante ans auparavant – c’est une libération qui a été réalisée par le pays le plus faible qui soit, par une résistance opérant avec des moyens des plus rudimentaires, et ne disposant d’aucun arsenal puissant".
Mais ce qui a impressionné la plupart des Libanais, ce fut le fait que ce mouvement de résistance ne liquida pas les collaborateurs.
Dans ses mémoires, intitulées ‘Un Rêve pas si fou que ça’ [Not So Wild a Dream], le célèbre correspondant de la CBS, Eric Sevareid, s’est souvenu d’avoir assisté à l’exécution de collaborateurs des nazis dans la ville de Grenoble, qui venait d’être libérée, en 1944.
Quand le panier à salade arriva et que les six condamnés à mort allaient en émerger, un cri effrayant, horrible s’éleva de la foule.
Les six hommes, jeunes, marchèrent d’un pas ferme vers les poteaux d’exécution en fer et, tandis qu’on leur liait les mains par derrière, ils tenaient haute leur tête dénudée, un ou deux les yeux fermés, les autres fixant les nuages bas, au-delà de l’alignement des immeubles et de la foule…
Puis il y eut le bruit glaçant et métallique des sécurités des fusils, puis la rafale, nette et déchirante. Les six hommes jeunes glissèrent lentement à genoux, leur tête retombant de côté.
Un officier courut avec une hâte frénétique de l’un à l’autre, leur donnant le coup de grâce avec son revolver, et on put voir une des victimes qui ouvrait la bouche, comme pour dire quelque chose à l’exécuteur.
Quand le dernier coup fut tiré, le cri sauvage, terrible, s’éleva à nouveau de la foule. Des mères tenant leur bébé dans les bras s’élancèrent pour reluquer les corps de près, des petits garçons courraient de l’un à l’autre pour leur cracher dessus. La foule se dispersa, hommes et femmes riant et conversant bruyamment. Barbare ?
Ce genre d’événement s’insère dans ce que les Français appellent l’épuration – la purification ou la purge de la France, après quatre années d’occupation allemande. Le nombre des Français, hommes et femmes, tués par la Résistance ou par des tribunaux d’opérette est généralement évalué à dix mille.
Camus qualifia ceci de "justice humaine, avec tout ce qu’elle comporte de défauts". Les forces américaines qui libérèrent la France ont toléré les règlements de comptes locaux à l’encontre de ceux qui avaient collaboré avec un occupant brutal.
Des milliers de Français, encouragés par un gouvernement installé à Vichy – un gouvernement qu’ils pensaient, pour certains d’entre eux, légitime – avaient collaboré avec l’occupant. Beaucoup, comme les membres de la Milice, un gang fasciste armé par Vichy, poussèrent cette collaboration jusqu’à tuer des Français.
Dès que les sponsors étrangers de Vichy se retirèrent et que le gouvernement de Vichy fut mis à bas, commencèrent les tueries. Il y eut des règlements de comptes, avec la même violence, dans d’autres provinces de l’ancien Troisième Reich – des pays qu’à l’instar de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, nous considérons appartenir au monde civilisé.
De 1978 à 2000, Israël a occupé des parties du Liban, depuis leur frontière commune jusqu’à Beyrouth, vers le Nord, puis il se retira progressivement. Afin d’alléger le fardeau pesant sur ses propres troupes, les Israéliens créèrent une sorte de Milice : l’Armée du Liban Sud [ALS].
Celle-ci, recrutée localement, fut placée initialement sous les ordres du major Saad Haddad, déserteur de l’armée libanaise en 1976 avec quelques centaines d’hommes, puis sous ceux du général Antoine Lahad.
Tous deux étaient chrétiens, et leurs hommes – armés, entraînés, nourris et habillés par Israël – étaient principalement des musulmans chiites originaires du Sud.
Près d’un tiers de l’effectif de ces troupes, qui atteignirent jusqu’à près de 10 000 hommes, étaient des chrétiens. Certains s’étaient enrôlés parce qu’ils ne supportaient plus la présence des Palestiniens au Sud Liban.
D’autres l’avaient fait parce qu’ils avaient besoin d’argent : la région a toujours été la plus pauvre du pays.
L’ALS avait une réputation – non surfaite – de cruauté, confirmée lors de la découverte de ses chambres de torture, à Khiam, après le retrait israélien en 2000, ainsi que d’un taux particulièrement élevé de désertions.
Israël s’étant retiré de Beyrouth, le point limite, au Nord, atteint par ses troupes lors de son invasion de 1982, son morceau de Liban se rétrécit de plus en plus.
Après s’être emparé de 3 560 kilomètres carrés, soit près d’un tiers du Liban, comportant près de 800 villages et villes, Israël se retrouva, en 1985, avec seulement 500 kilomètres carrés, et 61 villages, pour la plupart vidés de leurs habitants.
Le Hizbullah, qui dirigea la résistance qui avait contraint les Israéliens à abandonner l’essentiel du terrain conquis, exigea la restitution inconditionnelle de tout le territoire libanais.
L’armée israélienne plaça l’ALS entre le Hizbullah et elle-même afin que cette ALS paie à sa place le prix qu’Israël avait décrété qu’il n’avait pas les moyens de l’acquitter.
Le Hizbullah kidnappa des hommes de l’ALS, et l’ALS et les Israéliens enlevèrent des Chiites.
Les deux cotés s’entretuèrent, tuèrent beaucoup de civils, et des dettes de sang furent ainsi créées.
Le 17 mai 1999, les Israéliens élirent Ehud Barak sur ses promesses qu’il éliminerait les conséquences de l’aventure de Sharon au Liban, qui avait à l’époque causé environ un millier de morts chez eux.
Barak annonça qu’Israël se retirerait dans l’ordre, en juillet 2000, pour peu que le Liban accepte certaines conditions. Le gouvernement libanais, sur injonction du Hizbullah, rejeta ces conditions, et exigea un retrait israélien total, conformément aux résolutions 425 et 426 adoptées par l’Onu en 1978.
Barak abandonna le Liban deux mois avant la date fixée, inopinément et sans avertissement, le 20 mai 2000.
Ses clients de l’ALS et d’autres Libanais qui collaboraient avec l’occupant depuis plus de vingt-deux ans furent pris au dépourvu. Quelques-uns d’entre eux s’enfuirent en Israël, mais la plupart restèrent là où ils se trouvaient.
Les personnels de l’Onu lancèrent des appels urgents afin d’éviter qu’ils ne se fassent massacrer par le Hizbullah. Le Hizbullah fit son entrée au Sud Liban, et il n’y eut aucun règlement de comptes.
Le vice secrétaire général et cofondateur du Hizbullah, le Sheikh Naim Qassem, a écrit un résumé fascinant, quand bien même est-il partisan, de la création et de l’ascension du Hizbullah.
Sa version des événements de 2000 est toutefois étayé sur des témoignages visuels de Libanais appartenant à d’autres confessions – y compris de gens qui étaient persuadés qu’ils allaient y rester – et à l’Onu.
"Inutile de cacher que certains jeunes combattants, ainsi que certains habitants de la région, avaient un désir de vengeance – en particulier ceux qui savaient ce que les collaborateurs et leurs familles avaient fait subir aux mujahidin et à leurs proches dans les villages occupés", écrit Qassem dans son ouvrage : Le Hizbullah : l’histoire vécue de l’intérieur.
"Les dirigeants de la Résistance ont émis un avertissement très ferme interdisant toute exaction de ce type et jurant de faire rendre des comptes à tous ceux qui en commettraient, quelles que fussent les justifications".
Le Hizbullah a saisi des armes israéliennes, qu’il utilise aujourd’hui contre Israël, et il a remis les miliciens de l’ALS au gouvernement libanais, sans en assassiner aucun. Barbarie ?
Naïm Qassem a qualifié la libération du Sud Liban de "plus grande et plus importante victoire sur Israël depuis le début de son occupation de la Palestine, cinquante ans auparavant – c’est une libération qui a été réalisée par le pays le plus faible qui soit, par une résistance opérant avec des moyens des plus rudimentaires, et ne disposant d’aucun arsenal puissant".
Mais ce qui a impressionné la plupart des Libanais, au moins autant que la victoire remporté par le Hizbullah sur Israël, ce fut le fait que ce mouvement de résistance ne liquida pas les collaborateurs – il s’agissait là d’une victoire sur le tribalisme, cette plaie qui a toujours divisé la société libanaise, depuis sa fondation même.
Les chrétiens appartenant à l’armée libanaise que je connaissais reconnurent qu’à la place du Hizbullah, ils auraient commis des atrocités.
Le Hizbullah a sans doute joué un rôle politique au Liban, mais il a refusé de jouer aux petits jeux de la politique libanaise. Ce qu’il a recherché au Sud Liban, ce n’est pas la revanche, mais les voix des électeurs.
Entre sa fondation, en 1982, et sa victoire de 2000, le Hizbullah était devenu – tout autant qu’une force armée – un parti politique sophistiqué et efficient. Il a mis au rebut sa rhétorique des débuts, prônant une république islamique libanaise, et il a de plus en plus évoqué des Libanais chrétiens, des Libanais musulmans et des Libanais druzes vivant en harmonie.
Quand il a présenté des candidats aux élections législatives, certains d’entre eux, sur les listes électorales, étaient des chrétiens ; il a remporté quatorze sièges.
Comme les autres ennemis d’Israël, le Hizbullah a recours aux armes du pauvre – voitures piégées, embuscades, volées occasionnelles de roquettes et attentats suicides.
La différence, c’est qu’il utilise ces armes du pauvre intelligemment, en conjonction avec un programme politique sans aucune compromission.
Contre mille morts laissés par Israël sur son terrain d’opérations libanais, leHizbullah a perdu 1 276 "martyrs".
C’est la plus proche des parités, dans les pertes avec Israël, jamais encore atteinte par aucune formation arabe.
L’OLP perdait habituellement des centaines de commandos, face à des pertes israéliennes se comptant en dizaines, et le Hamas a vu la plupart de ses dirigeants assassinés et des milliers de ses cadres capturés pour un résultat quasi nul.
La principale conquête du Hizbullah (peut-être est-ce paradoxal, pour un parti religieux dirigé par des hommes en turbans ?), c’est qu’il appartient à la modernité.
Il filme en vidéo ses embuscades où tombent des convois militaires israéliens, et il diffuse le jour même.
Il a capturé des soldats israéliens et il a contraint Israël à libérer des centaines de prisonniers pour pouvoir les récupérer.
Il a eu recours à des rochers factices en carton pâte, qui ont explosé au passage de patrouilles israéliennes.
Il a fait voler des drones au-dessus d’Israël pour prendre des clichés de reconnaissance du terrain – comme les Israéliens le faisaient au Liban !
Il a depuis longtemps créé un site ouèbe exempt des fanfaronnades arabes traditionnelles et regorgeant de faits concrets.
Si, en 1948, les Israéliens avaient eu affaire à un ennemi tel le Hizbullah, l’issue de leur "guerre d’indépendance" [sic !] aurait été différent. Israël, dont les militaires respectent le Hizbullah, en a parfaitement conscience.
C’est la raison pour laquelle, après avoir échoué à éliminer le Hizbullah quand il occupait le Liban, Israël essaie de le détruire aujourd’hui.
Aux yeux d’Israël, le péché impardonnable du Hizbullah, c’est son succès militaire. Israël peut bien portraiturer le Hizbullah comme le bras armé de la Syrie et de l’Iran, la base de son soutien est libanaise. De plus, le Hizbullah fait une chose que la Syrie et l’Iran ne font pas : il se bat pour les Palestiniens.
Le 12 juillet, le Hizbullah a attaqué une unité de l’armée israélienne, capturant deux soldats [et en éliminant 8 autres… ndt]. Il a dit qu’il ne négocierait pas directement pour les échanger contre des prisonniers libanais et palestiniens détenus en Israël, comme il l’avait fait par le passé.
Il a fait savoir que cette attaque avait pour objectif de soutenir les Palestiniens assiégés à Gaza après la capture d’un autre militaire israélien, une semaine auparavant. La totalité du monde arabe était resté silencieuse alors qu’Israël réoccupait les colonies de Gaza et bombardaient ce territoire.
La réponse apportée par le Hizbullah a humilié les régimes arabes (qui ont condamné pour la plupart son action) au moins autant qu’elle a humilié Israël. Personne n’aurait pourtant dû être surpris.
Le Hizbullah a une longue tradition de soutien aux Palestiniens. Beaucoup, parmi ses premiers combattants, ont été formés par l’OLP, dans les années 1970, à l’époque où les Chiites n’avaient pas de milice en propre. Le Hizbullah s’est exposé à la colère de la Syrie, en 1986, en s’alliant à la cause palestinienne.
Sa capture, le mois dernier, de deux soldats israéliens, a envoyé à Israël le message qu’il ne pouvait plus continuer à assiéger et à attaquer les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie sans devoir faire face à une réaction.
A cette occasion, Israël, qui considère les sévices qu’il inflige aux Palestiniens soumis à son occupation comme une affaire intérieure, dans laquelle ni l’Onu, ni les pays arabes, n’ont le moindre droit de "s’immiscer", a calibré sa réponse d’une manière telle qu’il était impossible qu’il vainquît.
Au lieu de passer un marché pépère avec le Hizbullah afin d’obtenir la libération de ses militaires, Israël a lancé un assaut total contre le Liban.
Des rapports indiquent qu’Israël a d’ores et déjà balancé sur le Liban un tonnage de bombes dépassant celui de l’invasion sharonienne de 1982.
L’objectif proclamé était de contraindre un nombre significatif de Libanais à exiger de leur gouvernement qu’il désarme le Hizbullah, une bonne fois pour toutes. Rien de tel ne s’est produit. La destruction massive du Liban par Israël a eu pour effet de considérablement améliorer la position du Hizbullah dans le pays.
Sa popularité était particulièrement basse, depuis un an, après qu’il eut été le seul à refuser d’exiger le départ de l’armée syrienne après l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafik Hariri. Le Hizbullah sentait bien, en effet, que Washington était en train d’orchestrer une campagne anti-syrienne à son seul profit – et non au "bénéfice" du seul Liban.
Après tout, la Syrie avait contribué à fonder le Hizbullah après l’invasion israélienne – et il l’avait encouragé à affronter et à vaincre l’occupation, ainsi qu’à « éconduire » les Américains du Liban.
La Syrie, quant à elle, autorisa l’Iran, dont les dirigeants religieux donnaient des directives au Hizbullah et dont les Gardiens de la Révolution lui fournissaient une formation tactique de grande valeur, à envoyer des armes au Liban, à travers son territoire.
Les dirigeants du Hizbullah jouissent néanmoins d’un soutien suffisamment fort dans la population libanaise pour pouvoir affirmer leur indépendance vis-à-vis de ces deux pays sponsors, dès lors que leurs philosophies ou leurs intérêts entrent en contradiction. (J’ai une expérience de première main de cette indépendance, quand bien même s’agirait-il d’enjeux mineurs : le Hizbullah m’ayant kidnappé, au vu et au su d’un checkpoint de l’armée syrienne, en 1987, la Syrie insista pour que je sois relâché, afin de montrer que le contrôle de la Syrie sur le Liban était incontournable. Malheureusement pour moi, le Hizbullah ignora royalement la requête syrienne…)
En dépit de pressions syriennes occasionnelles, le Hizbullah a toujours refusé de partir en guerre contre une quelconque milice libanaise. Il s’est toujours tenu à l’écart de la guerre civile, et il s’est concentré sur la nécessité de battre Israël et ses supplétifs de l’ALS.
Les piètres résultats du Hizbullah aux premières élections législatives post-Syrie furent largement attribuables à des changements apportés à la loi électorale. Mais ils peuvent aussi être attribués à sa position, perçue alors comme pro-syrienne.
Aujourd’hui, Israël a volé au secours du Hizbullah, faisant de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, l’homme le plus populaire non seulement du Liban, mais de l’ensemble du monde arabe.
Un sondage d’opinion commandité par le Centre de Recherche et d’Information de Beyrouth a montré que 80 % des chrétiens libanais soutiennent le Hizbullah ; les chiffres, dans les autres communautés, étaient bien entendu encore plus élevés.
Il n’est pas sans signification qu’après que de fausses nouvelles eurent circulé, selon lesquelles le Hizbullah aurait réussi à couler un deuxième bâtiment de guerre israélien, le quartier qui tira en l’air les rafales de mitraillette de réjouissance les plus nourries fut Ashrafiyéh, c’est-à-dire le cœur de la partie chrétienne de Beyrouth Est.
Contrairement à 1982, époque où Israël pouvait compter sur certaines des milices chrétiennes, Israël n’a aujourd’hui plus aucun ami au Liban.
Israël a méjugé de la réaction du Liban à son agression, de même que le Hizbullah a méjugé de l’opinion israélienne. En tirant ses roquettes contre Israël, le Hizbullah n’a pas réussi, comme il l’escomptait peut-être, à diviser les Israéliens et à les inciter à exiger qu’il fût mis fin à la guerre.
Les Israéliens, comme les Libanais, s’en sont remis à leurs combattants, dans un contexte en train de prendre les proportions d’une question de vie ou de mort pour les deux pays.
Contrairement à Israël, qui n’a cessé de réitérer, toujours et encore, le même scénario voué à l’échec au Liban, depuis sa première attaque contre Beyrouth en 1968, l’histoire du Hizbullah est faite des leçons tirées de ses erreurs.
Ayant constaté la nature de la réaction des Israéliens à ses bombardements par roquettes de Haïfa et de Netanya, dans le Nord d’Israël, Nasrallah n’a pas mis en application sa menace d’envoyer des roquettes jusqu’à Tel Aviv.
Aujourd’hui, il indique qu’il le fera, mais seulement si Israël prend pour cible le centre de Beyrouth.
Si l’Onu avait un quelconque pouvoir, ou encore si les Etats-Unis exerçaient le leur avec un minimum de responsabilité, il y aurait eu un cessez-le-feu inconditionnel depuis des semaines, déjà, et un échange de prisonniers.
Le Moyen-Orient aurait pu, dès lors, attendre sa prochaine crise. Car les crises vont inévitablement se répéter de manière récurrente, tant que le problème palestinien n’aura pas été solutionné.
Mais le Liban n’aurait pas été détruit, des centaines de personnes n’auraient pas été tuées, et la haine entre les Libanais et les Israéliens ne serait pas devenue aussi féroce.
Le 31 juillet, le Premier ministre israélien Ehud Olmert déclarait : "C’est là une opportunité unique de changer les règles du jeu au Liban". Néanmoins, Israël continue, pour sa part, à jouer en fonction des mêmes vieilles règles génératrices d’échec.
Israël ordonne au Liban de désarmer le Hizbullah, sinon il sera détruit, exactement comme il exigeait de lui, en 1975, qu’il démantelât l’OLP. A l’époque, beaucoup de Libanais combattirent l’OLP, détruisant leur propre pays de l’intérieur.
Aujourd’hui, ratiocinent-ils, mieux vaut la guerre qu’une nouvelle guerre civile : plutôt laisser les Israéliens nous massacrer que nous massacrer nous-mêmes...
Qu’est-ce qu’Israël pourrait encore bien leur faire subir, qu’il n’ait pas déjà fait ?
Il a bombardé la totalité du Liban, il a détruit l’infrastructure du pays, qui avait été reconstruite à grands frais, il a assiégé le pays et il y a ré-envoyé ses troupes.
Israël persiste à prétendre qu’il détruira le Hizbullah en quelques semaines, bien qu’il n’ait pas réussi à le faire, en dix-huit ans, de 1982 à 2000, alors qu’il avait des milliers de soldats sur le terrain et une force supplétive locale pour l’y aider !
Israël pourrait-il avoir l’amabilité de nous dire quelle est son arme secrète, cette fois-ci ?
© 2006 London Review of Book
Source : http://www.palestinechronicle.com/
Traduction : Marcel Charbonnier
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