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Cisjordanie occupée - 4 mars 2020
Par Motasem A. Dalloul
Le "plan de paix" de Donald Trump donne à Israël presque tout ce qu'il veut, tandis qu’on achète les Palestiniens qui reçoivent des miettes territoriales de la table d'occupation. L'"accord du siècle" a été critiqué dans le monde entier comme une recette pour perpétuer la lutte israélo-palestinienne, bien que de nombreuses critiques soutiennent l'accord à huis clos.
Les Palestiniens, quant à eux, se penchent sur les positions de leur direction, qui sont déroutantes. Bien que le Hamas et le Fatah aient tous deux rejeté l'accord en public, chaque camp accuse l'autre de le soutenir.
Le Fatah, bien sûr, domine toutes les institutions palestiniennes officielles, y compris l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Conseil national palestinien (CNP) et l'Autorité palestinienne (AP), mais c'est le Hamas qui a gagné la dernière fois que les habitants de la Palestine occupée se sont rendus aux urnes. Avec le Fatah qui contrôle l'AP en Cisjordanie occupée, et le Hamas qui dirige la bande de Gaza, chaque partie accuse l'autre de coordination avec les Etats-Unis et Israël pour mettre en œuvre l'accord de Trump.
Le leader du Fatah Mahmoud Abbas, qui est également à la tête de l'OLP et le président de l'AP, a déclaré que l'accord "annule les droits des Palestiniens" et "ne peut pas aboutir à la paix". Un futur État palestinien basé sur cet accord ressemblerait à du "fromage suisse" et "nous nous opposerons à son application sur le terrain". Pour ce faire, Abbas s'est engagé à se rendre dans la bande de Gaza et à rencontrer le Hamas afin de réaliser l'unité palestinienne et d’avoir ainsi une position de force face plan américano-israélien visant à éradiquer la cause palestinienne.
Le Hamas a également condamné l'accord, et son ancien dirigeant Khaled Meshaal a déclaré que le mouvement est convaincu qu'il échouera : "Nous allons le faire échouer". Il a souligné que le Hamas a déjà commencé à prendre des mesures pratiques en vue de l'unité politique.
Le successeur de Meshaal à la tête du Bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, a déclaré que le président Abbas est le bienvenu à Gaza. "Nous lui demandons de venir dès que possible afin de commencer à prendre des mesures communes concrètes contre la gifle du siècle".
Les Palestiniens ont été très heureux d’entendre ces remarques venant des deux bords. Ils imaginaient les dirigeants palestiniens unis autour d'un plan fort et efficace contre l'accord de Trump. Leur bonheur a été de courte durée.
Abbas a annulé sa rencontre avec la direction du Hamas à Gaza, affirmant que le mouvement n'avait pas répondu à sa demande de visite de l'enclave côtière. Selon Azzam Al-Ahmad, membre du comité exécutif de l'OLP, les délégations du Fatah et de l'OLP étaient prêtes à visiter Gaza, mais attendaient l'invitation du Hamas. Le secrétaire général de l'OLP, Saeb Erekat, a déclaré qu’ils n’avaient pas reçue l’invitation et que la réunion avait donc été annulée. Al-Ahmad a affirmé que le Hamas ne voulait pas rencontrer le Fatah afin de perpétuer la division interne palestinienne et ainsi contribuer à la mise en œuvre de l'accord du siècle. Un des principaux collaborateurs d'Abbas, le ministre de l'AP Hussein Al-Sheik, a affirmé que le Hamas traitait à la fois avec Israël et les Etats-Unis pour mettre en œuvre l'accord et a accusé le mouvement de vouloir créer un émirat des Frères musulmans dans la bande de Gaza.
Selon d’autres allégations, une délégation de sécurité israélienne, qui s'est rendue au Qatar le mois dernier, a rencontré les dirigeants du Hamas afin de convenir de mesures communes pour mettre en œuvre l'accord du siècle. Le Hamas a nié ces allégations et Israël a précisé que la délégation avait rencontré des responsables qataris.
Prétendant que le Hamas n'a pas autorisé les partisans du Fatah à Gaza à commémorer la mort de Yasser Arafat, Abbas a accusé les dirigeants et les membres du Mouvement de la résistance islamique d'être des "espions" pour Israël. "Nous avons souffert d'espions ici et là, et ils finiront dans la poubelle de l'histoire", a-t-il insisté. Le Hamas l'a ignoré. "Le discours d'Abbas est insignifiant", a noté le porte-parole Sami Abu Zuhri.
Il est assez pathétique pour le Fatah de prétendre qu'Abbas et d'autres hauts responsables du Fatah et de l'OLP ont besoin d'une "invitation" pour visiter Gaza. Personne, j'en suis sûr, ne leur bloquerait l'entrée. La visite de deux responsables de l'OLP au milieu du mois dernier et les réunions qu'ils ont tenues avec les différentes factions palestiniennes en sont la preuve. C'est presque comme si Abbas et ses conseillers cherchaient une excuse pour ne pas construire de ponts avec le Hamas après ses premiers discours forts contre l'accord du siècle.
En effet, Abbas a apparemment été invité à modérer ses critiques à l'égard de l'accord, et cela a été très clair dans ses discours. On lui a donné l'occasion de s'exprimer au sommet de la Ligue arabe et au Conseil de sécurité des Nations unies, puis on lui a dit que c'était suffisant.
De plus, l'AP continue de collaborer avec l'occupation israélienne sur les questions de sécurité, agissant comme la force de police de substitution d'Israël qui contrôle les Palestiniens en Cisjordanie . Abbas a continué à réduire les salaires des députés palestiniens affiliés au Hamas, ainsi que les allocations versées aux détenus actuels et anciens. Les sanctions que l'AP a introduites contre les Palestiniens de Gaza sont toujours en vigueur, et les personnes qui critiquent l'occupation sont toujours arrêtées.
Il est assez évident pour les gens sensés que le groupe qui prétend être contre le plan de Trump mais dont on sait qu'il collabore avec Israël travaille contre l'intérêt des Palestiniens. Le suivi des commentaires faits par les responsables du Fatah, de l'AP et de l'OLP le confirme, tout comme les remarques faites à Al Jazeera cette semaine par l'ambassadeur américain en Israël, David M. Friedman. L'Amérique, a déclaré Friedman, maintient "des canaux de communication avec les dirigeants palestiniens, même avec le gouvernement palestinien" en ce qui concerne l'accord du siècle.
Si Mahmoud Abbas est convaincu que ce qu'il fait est dans l'intérêt du peuple palestinien, pourquoi ne publie-t-il toujours pas un décret présidentiel pour organiser des élections afin que le peuple puisse décider lui-même qui le représente le mieux et ne le trahit pas ? Le Hamas a renoncé à toutes ses conditions préalables à la tenue d'élections ; il fait confiance au jugement du peuple palestinien. Qui trahit le peuple de Palestine, le Hamas ou Abbas ? Laissez le peuple décider par les urnes.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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