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Palestine occupée - 27 décembre 2019
Par Ramona Wadi
24.12.2019 - Israël a réagi de manière typiquement belliqueuse à l'annonce faite par le procureur général de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, qu'il existe des motifs suffisants pour enquêter sur des crimes de guerre commis contre les Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés. La déclaration de la CPI n'est en aucun cas une confirmation définitive des poursuites - elle déclare qu'"il existe une base raisonnable pour ouvrir une enquête sur la situation en Palestine". Israël, cependant, a interprété cette annonce préliminaire comme une confirmation des poursuites.
Premier jour de la fête juive d’Hanukka, les musulmans arrêtés par les forces d’occupation pour laisser entrer des dizaines de juifs dans la mosquée Al-Aqsa
(Article et photos sur Quds News Network)
Les menaces habituelles de nouvelles violences politiques s'en sont suivies, dans le but de dissuader l'Autorité palestinienne d'aller plus loin. Le ministre israélien des transports, Bezalel Smotrich, a exigé qu'un ultimatum soit donné à l'AP pour son démantèlement, en déclarant : "Les avantages de l'existence de l'AP ne valent pas [et ne valent plus depuis longtemps] les dommages diplomatiques qu'elle nous cause."
De manière prévisible, Israël a également refusé de coopérer aux enquêtes et a communiqué la décision de classifier toutes les discussions gouvernementales de l'enquête de la CPI. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a demandé l'interdiction de diffuser des informations concernant les délibérations gouvernementales sur la CPI. Avec d'autres décisions de refuser l'entrée aux fonctionnaires de la CPI, comme il l'a fait à plusieurs autres occasions à des représentants internationaux, le récit sécuritaire israélien s'est étendu pour protéger sa trajectoire de crimes de guerre.
Tal Becker, conseiller du ministère des Affaires étrangères israélien, a décrit les procédures de la CPI comme "une initiative palestinienne pour criminaliser le conflit". Ses propos font écho à la déclaration du procureur général israélien Avichai Mandelblit, lorsqu'il a accusé les Palestiniens de tenter de "pousser le tribunal à déterminer les questions politiques qui devraient être résolues par des négociations, et non par des procédures pénales". Les dénégations de la nécessité d'une enquête criminelle ont également été formulées par l'ancien chef d'état-major de l'armée et chef du Parti Bleu et Blanc (Kahol Lavan), Benny Gantz, qui a qualifié la communication de la CPI d'altération de la "légitimité internationale d'Israël".
Ce qui a été réalisé jusqu'à présent, c'est un regain d'attention sur la façon dont Israël affiche ouvertement son agression contre les Palestiniens, en termes de massacres, d'exécutions extrajudiciaires et d'expansion des colonies, tout en espérant que ses crimes de guerre soient interprétés à tort comme un "conflit". Le Rapporteur spécial des Nations Unies, Michael Lynk, qui a plaidé en juillet pour la rupture des liens avec Israël si l'expansion des colonies se poursuit, a réaffirmé que les actions d'Israël constituent des violations du droit international et des crimes de guerre.
Israël a manipulé le droit international en maintenant son statut "d'exception" et son discours sécuritaire. Cependant, il ne montre aucune intention de fournir des preuves pour justifier ses actions devant une enquête internationale. Israël s'attend à maintenir sa position sur la scène mondiale et à influencer la diplomatie internationale tout en protégeant les auteurs de ces actes et la politique de l'État contre tout examen.
Bien sûr, Israël ne se réjouit pas d'un coup de projecteur défavorable au moment où les Etats-Unis ont donné à l'entité coloniale le feu vert pour commettre toutes les violations du droit international qu’elle veut sous ses auspices. Pour l’instant, la décision de la CPI est l'occasion de dépeindre la duplicité d'Israël en matière de droits de l'homme et de crimes de guerre. Cinq ans après l'"Opération bordure de protection" et après des décennies d'expansion des colonies, le concept de justice est devenu illusoire pour les Palestiniens. Ce n'est cependant pas une excuse pour s'abstenir de déterminer la responsabilité et la culpabilité lorsqu'il s'agit des crimes de guerre commis contre eux.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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