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France - 28 octobre 2007
Par Gamal Nkrumah
Comme si ses problèmes conjugaux n'étaient pas suffisants, "Sarco le Sayan" est soudainement apparu comme le titre le plus tristement célèbre du président français Nicolas Sarkozy. L'influent quotidien français, Le Figaro, a révélé la semaine dernière que le dirigeant français avait travaillé à une époque - et peut-être encore, laisse-t-on entendre - pour les services de renseignements israéliens en tant que sayan (assistant en hébreu), l'un des milliers de citoyens juifs des pays autres qu'Israël, qui coopèrent avec les katsas (agents du Mossad).
Une lettre envoyée l'hiver dernier aux responsables de la police française – soit longtemps avant l'élection présidentielle, mais plus ou moins gardés secrète -- a révélé que Sarkozy avait été recruté en tant qu'espion israélien.
La police française enquête actuellement sur des documents concernant les soi-disant activités d'espionnage de Sarkozy pour le compte du Mossad, qui selon Le Figaro datent de 1983.
Selon l'auteur du message, en 1978, le Premier ministre israélien Menahem Begin avait donné l'ordre d'infiltrer Parti Gaulliste au pouvoir, l'Union pour un Mouvement Populaire. A l'origine étaient ciblés Patrick Balkany, Patrick Devedjian et Pierre Lellouche. En 1983, ils ont recruté le "jeune et prometteur" Sarkozy, le "quatrième homme".
L'Ex agent du Mossad, Victor Ostrovsky, décrit comment fonctionne les sayanim dans "By Way Of Deception : The Making and Unmaking of a Mossad Officer".
Ils sont généralement contactés par le biais de la famille en Israël. Par exemple, un Israélien ayant un parent en France pourrait être invité à rédiger une lettre disant que la personne portant la lettre représente une organisation dont l'objectif principal est de contribuer à sauver des Juifs dans la Diaspora. Est-ce que le parent français pourrait aider de quelque façon?
Ils remplissent de nombreux rôles.
Par exemple, un sayan voiture gérant une agence de location de voitures pourrait aider le Mossad à louer une voiture sans avoir à remplir les documents habituels. Un sayan appartement pourrait trouver un logement sans lever les soupçons, un sayan banque pourrait donner de l'argent à quelqu'un au beau milieu de la nuit s'il en a besoin, un sayan médecin pourrait soigner une blessure par balle sans le signaler à la police.
Et, un sayan politique ? Ce que cela peut signifier est plutôt évident. Les sayanim sont un réservoir de personnes prêtes à garder le silence concernant leurs actes de loyauté envers la "cause", un système de recrutement sans risques qui attire des millions de personnes juives à l'extérieur d'Israël.
Ces paroles donnent des frissons dans le dos, en particulier aux Arabes et aux Musulmans. En effet, la révélation n'est pas passée inaperçue dans les capitales arabes ou n'a fait l'effet d'une surprise. Paris peut être un endroit ensoleillé pour des individus louches. Quand il s'agit de récolter des renseignements pour le compte d'Israël, un point d'interrogation est immédiatement posé sur la qualité morale de la personne en question.
Mais, comment ce scandale influence-t'il la politique étrangère et intérieure de la France?
Il est symbolique que le Premier ministre israélien Ehud Olmert ait été en visite d'État en France au lendemain des révélations du Figaro – apparemment pour discuter du nucléaire iranien et de la question palestinienne. La France fière et piquante sous son nouveau président soi-disant perspicace espère jouer un rôle plus important dans le monde perplexe de la politique moyen-orientale.
Lundi, Sarkozy s'est envolé pour le Maroc, la demeure ancestrale de nombreux Juifs de France, peu de temps après que ses liens avec le Mossad aient été publiés. Il n'y a pas de preuves claires que les révélations rendront la France plus impopulaire dans le monde Arabe qu'elle ne l'est déjà, surtout pas dans les milieux officiels.
Cependant, sur le front intérieur, il existe de nombreuses observations contradictoires. Les Juifs de France semblent désormais avoir des vapeurs, en contraste absolu avec le triomphalisme vaniteux avec lequel ils ont accueilli son élection : "Nous sommes convaincus que le nouveau président poursuivra l'éradication de la résistance anti-israélienne," pontifiait Sammy Ghozlan, le président de la Communauté juive de Paris peu de temps après l'élection de Sarkozy. 500000 Juifs vivent en France, pour la plupart des Juifs séfarades originaires d'Afrique du Nord et des pays méditerranéens
Le propre grand-père maternel de Sarkozy, Aron Mallah, originaire de Salonique en Grèce, aurait exercé une influence considérable sur son petit-fils.
Même s'il a été élevé en tant que Catholique, "Sarkozy a joué un rôle crucial dans l'évolution du gouvernement français à faire ce qui était nécessaire pour s'attaquer aux menaces affrontées par la plus grande communauté juive en Europe occidentale", a noté David Harris, le directeur exécutif de l'American Jewish Committee. Sarkozy, après tout, est un produit politique de l'élite à prédominance juive de Neuilly-sur-Seine, où il a été maire longtemps.
La minorité Musulmane de France est loin d'être surprise par les révélation du Figaro, même si certains peuvent avoir feint la déception. D'autres ont été plus francs. "La France n'est pas dirigée par des Français, mais par des laquais de l'Internationale Sioniste qui contrôle l'économie", a déploré Radio Islam, à tendance militante islamiste.
Quand Sarkozy était ministre de l'Intérieur de la France et qu'il s'en est pris durement aux immigrés musulmans, en traitant les principaux émeutiers musulmans de "racaille" dans un entretien largement médiatisé, ils ont riposté en le traitant de "Sarkozy, sale juif".
Manifestement, il n'y a pas d'amour perdu entre les cinq millions de Français de la communauté musulmane, la plus importante en Europe occidentale, et le président français. Il a des raisons de s'inquiéter. Il courtise assidûment les Israéliens. Cela est bien connu.
Dans les annales scientifiques de la politique française, il y a un récit édifiant de la pantomime. Les présidents français ne sont pas toujours ce qu'ils paraissent. Il ya, toutefois, deux principales observations concernant Sarkozy.
D'abord, Sarkozy a l'intention de mettre en oeuvre un "nouveau contrat social" entre les employeurs et les employés, entre le capital et la main d'oeuvre. Cela relève du thatchérisme. Sa détermination à forcer une "révolution culturelle" dans le psyché collectif national est un peu grotesque. Il a récemment présenté un projet de loi -- en même temps que sa diminution des retraites, demandant un profil génétique des immigrés pour s'assurer que les parents désirant immigrer seraient liés génétiquement. La stratégie semble avoir pour but d'amortir le choc de la réduction des retraites en faisant appel à un racisme xénophobe.
L'état des relations entre les races en France donne une image encore plus confuse que le suggerent les caricatures à l'effet dévastateur de l'humoriste franco-africain Dieudonne. Il est connu pour avoir joué le rôle d'un Juif hassidique qui imite le salut nazi.
Cependant, rares sont les politiciens qui accusent les comédiens cyniques d'être responsables de leurs problèmes, et Sarkozy ne fait pas exception. Ses partisant montrent du doigt la "presse irresponsable".
Mais la vraie magie commence quand vous renforcez le pouvoir de Sarkozy avec son ex-modèle d’épouse. Elle a, après tout, joué un rôle dans la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien. Elle est, elle aussi, d'ascendance juive-espagnole. Mais, cela n'est peut être qu'un aparté insignifiant.
En France, de manière générale, on considère leurs différends comme une mauvaise plaisanterie. Contrairement aux Américains, les Français ne prennent pas terriblement au sérieux la vie privée de leurs présidents.
Par exemple, il y a eu le défunt François Mitterrand. Pratiquement personne en France n'a levé un sourcil quand on a appris qu'il avait une fille illégitime. Les Français sont plus concernés par l'orientation idéologique et l'affiliation politique de leur président et ne sont pas intéressés par leur vie privée -- au moins pas dans un sens politique.
Cependant, ce qui est intéressant, c'est que la compétition entre Cecilia et Nicolas Sarkozy est un croisement comique entre une dispute d'amoureux et une lutte des sexes.
Il semble que les électeurs français à l'esprit embrouillé soient obligés de fermer les yeux sur le comportement de leurs dirigeants.
Le divorce de Sarkozy fait suite à la séparation de la première femme candidate à la présidence de la France, Ségolène Royal, la "gazelle" de la politique française, avec son amour de toujours, François Hollande, à peine un mois après avoir perdu les présidentielles en mai.
D'ailleurs, à l'âge de 19 ans, Royal avait poursuivi son père pour son refus de divorcer avec sa mère et le paiement d'une pension alimentaire et d'un soutien de famille. C'était en 1972; à peine une décennie plus tard, elle gagnait son procès contre son père.
Ironie du sort, le propre mentor de Royal, le défunt socialiste français, le président Mitterrand était connu pour ses aventures extra-conjugales, la plus connue étant son histoire d'amour avec Anne Pingeot et la divulgation vers la fin de sa vie qu'il avait eu une fille illégitime, Mazarine, avec elle.
Et qu'en est-il des électeurs? Le dernier danger affronté par le président français a été sa politique socio-économique. L'épreuve de force de Sarkozy avec les syndicats menace de se transformer en moment de vérité pour la France.
La politique étrangère, elle aussi, a fait l'objet de beaucoup d'observation. La France est devenu fanatiquement atlantiste sous la présidence de Sarkozy.
Bien que, contrairement au Président américain George W. Bush, Sarkozy ne fasse pas beaucoup de bruit au sujet de ses propres convictions religieuses douteuses. La critique la plus courante de Sarkozy, c'est qu'il est trop conscient de son patrimoine religieux, un trait qui n'est pas apprécié par la classe politique française fanatiquement laïque.
La France est culturellement le pays le plus athée d'Europe, qui est elle-même le continent le plus laïque et anti-religieux au monde..
En tant que politicien reconnu pour son flair, il est surprenant que Sarkozy ait été dépassé par les événements, il aurait du les voir venir. Sa sagacité lui a manifestement manqué cette semaine. Le Figaro a laissé sortir le chat de sa boite. Et sa femme, elle aussi, après son shopping avec Lyudmila Poutine, la première dame de Russie, a apparemment décidé qu'elle en avait assez d'être traitée comme "faisant partie des meubles" et elle a annoncé publiquement leur rupture.
La France est maintenant dans la position inconfortable de ne pas avoir de première dame. L'ancien mannequin de 49 ans, juriste et conseiller politique n'est en aucune façon timide devant les médias.
"J'ai donné 20 ans de ma vie à Nicolas", a-t-elle déclaré au populaire magazine français Elle dans un dossier spécial qu'elle a demandé personnellement, en dépit de la lourdeur de son calendrier. Elle se plaignait depuis longtemps d'être secondaire au niveau politique.
Autant que cette interprétation puisse être troublante, elle est en quelque sorte réconfortante pour Sarkozy. Il est maintenant libre de traiter ses adversaires sans avoir son franc-tireur Cecilia dans son dos ou, au contraire, sans qu'elle disparaisse aux moments cruciaux.
Même avec sa vie personnelle en lambeaux, Sarkozy est obligé de hisser le drapeau de la France haut dans l'arène internationale. Quel sera ce drapeau ?
Source : http://weekly.ahram.org.eg/
Traduction : MG pour ISM
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