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Canada - 6 novembre 2007
Par Robert Bibeau
> Robert.bibeau@mels.gouv.qc.ca
En ces temps de grande confusion, quelle orientation doivent prendre les militants du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien ? Clarifions d’abord la question de la nature du conflit israélo-palestinien ? S’agit-il d’une lutte contre des groupes terroristes ? S’agit-il d’une lutte pour vaincre les méchants sionistes et pour assurer le triomphe des bons sionistes ? S’agit-il d’une lutte pour la paix et la justice et contre la guerre ? S’agit-il enfin d’une lutte de libération nationale, anti-coloniale et anti-impérialiste ?
Selon la réponse que l’on apporte à cette question, il s’ensuit une vision et une analyse spécifique des événements récents ainsi que des prises de positions à l’avenant. Bref, il devient possible de tracer une ligne directrice pour l’action de solidarité et pour le soutien à la lutte du peuple palestinien.
Examinons chacune de ces thèses. Israël combat les hordes terroristes, proclament Bush, Olmert et leur ami Abbas qui s’empresse d’interdire la résistance en Cisjordanie occupée et d’emprisonner les «résistants-terroristes».
Cette analyse se fonde sur un postulat, les résistants palestiniens sont des terroristes puisqu’ils sont dans le mauvais camp, celui des peuples opprimés plutôt que celui des puissances opprimantes.
De plus, ces « gueux » sans uniformes tuent des colons et des soldats avec des bombes artisanales alors que l’armée israélienne en uniforme tuent des palestiniens avec des tanks, des avions de chasse modernes, des hélicoptères Apaches et des fusées téléguidées.
Ces civils palestiniens tués par centaines sont des victimes collatérales qui «trouvent la mort» comme on trouve un objet par terre, par hasard… Enfin, les soldats israéliens qui terrorisent les civils palestiniens sont du bon côté, celui des riches qui contrôlent les médias, ce ne sont donc pas des terroristes. (1)
Il appert que Bush, Olmert et Abbas, leur ami, se trompent de cible. Les terroristes sont bien de l’autre côté de la clôture de séparation (apartheid), le côté qu’affectionne particulièrement Abbas.
S’agit-il d’un conflit entre bons et méchants sionistes ?
Les bons sionistes veulent un État sioniste séparé des palestiniens dans les limites de la ligne verte consécutif à la conquête de 1967 et ils croient que les méchants sionistes sont trop gourmands de vouloir s’emparer de toute la terre des palestiniens.
Les bons sionistes pensent qu’Israël exagère en épandant des bombes à fragmentation dans le Sud Liban, alors que les bombardements antérieurs étaient largement suffisants.
Les bons sionistes croient qu’il faut tuer les résistants mais pas toute la population civile palestinienne. Ils sont d’accord avec «l’accord de Genève» qui reconnaît le droit de retour aux palestiniens réfigiés mais symboliquement, pour quelques centaines d’entre eux, car pensent-ils, il faut préserver la pureté ethnique de l’État de tous les juifs sur cette « terre sans peuple ».
Il n’y a pas d’avenir pour le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien dans cette voie.
Laissons bons et méchants sionistes s’entredéchirés sur les modalités de la colonisation et de l’occupation.
S’agit-il d’une lutte pour la paix et la justice et contre la guerre ?
Les tenants de cette tendance constatent d’abord qu’il y a des violences au Proche-Orient. Ces violences sont des deux côtés. Il y a des Israéliens qui meurent et il y a des Palestiniens qui meurent dans ces violences. Tout le monde «trouvent la mort» au hasard des chemins et des routes de contournement, et personne n’est vraiment responsable de ces violences, si ce n’est la bêtise humaine et peut-être aussi les « terroristes-résistants ».
Il n’y a pas d’agresseurs et il n’y a pas d’agressés. Il n’y a pas de colonisateurs, il n’y a que des victimes innocentes. Si le colon hystérique est méchant, le résistant qui le tue l’est tout autant. Et la violence répond à la violence. Victimes et oppresseurs sont retournés dos à dos. Tous deux sont coupables. C’est ce qu’ils appellent l’équité et la justice... chacun ses torts.
Pendant que les pacifistes appellent à la paix dans la justice, et pendant qu’Abbas négocie les termes de la reddition de l’Autorité sans autorité, les colonisateurs sionistes occupent, colonisent, exproprient, construisent, arrachent, spolient, blessent et assassinent, emprisonnent, emmurent, affament, humilient, détruisent, «checks-points»....
Devant tant de méchanceté et de perfidie, les pacifistes pour la justice implorent le tuteur américain pour qu’il tempère la main séculière de sa pupille sioniste. Ils demandent au peuple palestinien de ne pas envenimer la situation par une résistance que l’on pourrait assimiler à du terrorisme puisqu’il est le fait d’hommes sans uniformes, sans hélicoptères, sans avions, sans médias… (1)
Le tuteur se laisse tirer l’oreille et exige plus de concessions des Palestiniens avant de refréner l’ardeur de son bourreau… et la mascarade pacifiste se poursuit de négociation de paix en flambée de répression. Surtout si le peuple palestinien a eu la malencontreuse idée de voter du mauvais côté.
La lutte de libération nationale, anti-coloniale et anti-impérialiste
Le sionisme est une idéologie raciste, hégémonique, impérialiste qui vise à créer un État ethniquement pur sur la terre de la Palestine historique en y délogeant le peuple autochtone suivant le slogan «une terre sans peuple pour un peuple sans terre».
Le sionisme s’est mis au service de l’impérialisme britannique puis américain pour assurer sa survie et son expansion. Il est devenu le gendarme des États-Unis dans la région, contribuant à la répression des peuples arabes et l’écoulement du pétrole vers les pays Occidentaux. Le peuple Palestinien ne l’a pas choisi, mais il est en première loge dans cette lutte de résistance contre le sionisme, l’impérialisme, l’occupation de sa terre, la colonisation, l’exploitation et l’oppression nationale. Le peuple palestinien paie très cher sa résistance nationale et sa lutte de libération.
Le peuple palestinien qui dépend encore largement de l’agriculture pour sa survie a besoin de l’eau, de la terre nourricière et de l’accès à la mer pour subsister. C’est la raison pour laquelle il ne plie pas et il résiste de multiples façons. Il s’agit bien d’une authentique lutte de libération nationale pour la récupération et l’exploitation de la terre et pour la liberté.
Demander à la résistance de déposer les armes, c’est trahir le peuple palestinien. Le peuple palestinien décide des voies de sa résistance et de sa lutte. Il a décidé de résister y compris par la lutte armée, droit que même l’ONU lui reconnaît.
Le rôle du mouvement de solidarité avec la lutte de libération nationale du peuple palestinien est d’appuyer toutes les formes de résistance du peuple palestinien, y compris de reconnaître la légitimité de la résistance armée et de dénoncer toute trahison de la résistance.
Nous devons également bien étudier la situation politique au Proche-Orient et bien comprendre les enjeux de la lutte de libération nationale du peuple Palestinien, pour ensuite diffuser cette information au public canadien et québécois.
Nous appelons à boycotter Israël sous toutes formes en tant qu’État paria à mettre au banc de la communauté internationale pour non respect du droit international et en tant qu’État d’apartheid.
Dénonçons la complicité du gouvernement canadien avec l’État terroriste-sioniste israélien.
(1) The killing zone
Source : Robert Bibeau
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