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USA - 20 octobre 2008
Par Stephen Lendman
Stephen Lendman vit à Chicago, on peut le joindre à son adresse mél : lendmanstephen@sbcglobal.net
Depuis les attentats du 11 septembre (2001), la notion d’une surprise d’octobre est dans l’air. L’idée est, en gros, celle-ci : une autre attaque terroriste, réelle, ou bidonnée.
Les médias dominants suscitent la peur. L’opinion, encore une fois, est traumatisée.
L’administration Bush prend toutes les mesures possibles et imaginables pour protéger la sécurité nationale. Elle s’arroge les pleins pouvoirs. Elle suspend la constitution et promulgue la loi martiale. Des emprisonnements en masse s’ensuivent. A commencer par les contestataires et les éléments de la population considérés «dangereux».
Cela pourrait bien se produire, avec le retour aux Etats-Unis, vers le début octobre, de la troisième brigade de combat du Troisième régiment d’infanterie. D’après la revue Army Times, ce retour vise, pour le gouvernement fédéral, à «être en mesure de faire face à des situations d’urgence et de catastrophe, incluant des attentats terroristes».
D’après un récent article de Wayne Madsen intitulé «Des sources de la Federal Emergency Management Agency [FEMA] confirment l’imminence de la promulgation de la loi martiale», les choses empirent. Il cite des sources «bien informées» de la FEMA, selon lesquelles «l’administration Bush est en train de mettre les touches finales à un plan visant à déclarer la loi martiale aux Etats-Unis, divers scénarios étant anticipés, susceptibles de représenter des prétextes.» Effondrement économique. Désordres sociaux de grande ampleur. Faillites de banques. Protestations de rue. Violences, en réaction, et, rebelote : une nouvelle élection volée…
Mais au début du mois, c’est une nouvelle surprise d’octobre qui est arrivée. Pas celle que d’aucuns attendaient. Pas encore, en tous les cas…Le Wall Street Journal la relate comme suit : «L’indice Dow Jones Industrial Average (DJIA) a couronné la pire semaine de toute son histoire, longue de cent-douze ans, avec la journée la plus volatile qu’il ait jamais connue, tandis que des espoirs d’un énorme plan international de sauvetage des banques étaient submergés, en fin de journée, par une nouvelle vague de ventes (d’actifs)».
Au cours des huit sessions boursières passées, le DJIA a plongé de 22%. Des investisseurs se disaient «sous le choc de l’explosion». Beaucoup d’entre eux ont passé leur vendredi à «tenter de se protéger contre de futures pertes. La chute de 18% enregistrée la semaine passée (entre le 6 et le 10 octobre), et le redressement de 1018.77 points, vendredi, furent les plus spectaculaires, depuis la création de l’indice Dow, en 1896.» L’indice mesurant les inquiétudes sur les marchés, le VIX, a atteint 69.95. C’est, de très loin, son plus haut niveau jamais encore relevé, et certains investisseurs pensent que cet indice pourrait tutoyer les 100% dans le climat actuel des affaires. Jusqu’ici, la pire semaine, pour le Dow Jones, avait été enregistrée en 1933. Mentionnons que le volume des transactions, avec 11.16 milliards d’actions échangés, a, lui aussi, battu un record.
«L’effondrement des marchés secoue le monde», a titré en Une le Financial Times (FT). Trauma massif, peur et incertitude ont envoyé leurs ondes de choc dans l’ensemble des régions du monde, et personne ne sait si le fameux vendredi de « reprise » a mis un terme au vent de panique. Peut-être, au contraire, n’a-t-il fait qu’en signaler le début. En effet, en premier, ce sont les marchés, qui craquent. Ensuite, ce sont les économies réelles, et, enfin, c’est l’inévitable catastrophe humaine. Affectant des dizaines de millions de personnes, partout dans le monde. Des innocents, qui paieront un prix exorbitant…
Les titres des journaux du matin parlent d’eux-mêmes. Et ils deviennent de plus en plus sombres. Le 10 octobre, le Wall Street Journal clamait : «La déroute (une semaine entière) des marchés laissent les Etats-Unis groggy. Les marchés boursiers connaissent un crash au ralenti… Après une année de déclin, les investisseurs ont perdu 8.4 trillions de richesse». Plus inquiétant, encore : ce qui nous attend, et qu’est-ce que la plupart des gens pourront (ou voudront bien) tolérer ?
Dans sa manchette, le Financial Times était non moins lugubre : «Les actions mondiales plongent… Le Japon prend la tête de la Berezina des marchés asiatiques. La plus importante chute de Wall Street depuis le crash de 1987.»
General Motors, naguère première entreprise du pays, est désormais confrontée à la banqueroute. Le 10 octobre, son action a chuté à son niveau de 1950, et sa capitalisation boursière n’atteint plus que les 2.6 milliards de dollars. Cette situation calamiteuse a été résumée dans ce titre-choc : «La General Motors perd ses roues !». Vous pouvez y ajouter le moteur. Et puis aussi, tiens, tant qu’à faire, le châssis !
Ford Motor ne se porte guère moins mal. La valeur de son action est au plus bas depuis des décennies, et un analyste financier a averti que «l’accélération de la détérioration des fondamentaux de l’industrie représenteront un sérieux défi pour les liquidités (pour les deux firmes citées, ainsi que pour Chrysler) tout au long de l’année 2009.» Le cabinet JD Power and Associates a été encore plus pessimiste, disant que le marché mondial de l’automobile risque de connaître un «effondrement total» en 2009. Et nous ne parlons, là, que des seules automobiles…
Mais regardez les banques et le monde de la finance. La source de la crise actuelle, et la raison pour laquelle des économies mondiales sont en train de plonger. Hier, des économistes comme Nouriel Roubini étaient l’objet des risées. Plus aujourd’hui. Il a averti, depuis des mois, que «le risque d’un effondrement systémique total est actuellement plus élevé que jamais depuis que l’effondrement du crédit grippe également les banques européennes» et ce risque se répand dans le monde entier. Affectant les banques solides autant que les banques vermoulues. Jetant le bébé avec l’eau du bain. Gommant les économies de dizaines de millions de personnes, partout dans le monde. Y compris celles de seniors qui n’auront probablement jamais le temps de se refaire.
La crise n’a pas fait irruption comme la souris Ratatouille. Elle couvait depuis des années et, en juillet 2006, l’historien Gilbert Kolko avait avertit qu’elle pouvait éclater d’un jour à l’autre, dans un article intitulé : «Les banquiers redoutent un effondrement économique mondial.»
Il relevait de quelle manière «c’est toute la nature-même du système financier global qui a changé radicalement, d’une manière qui n’a strictement rien à voir avec des politiques économiques nationales « vertueuses»…
Les managers spécialisés dans l’investissement dans les fonds en actions et les grandes banques ont évincé les banques nationales… en étendant leurs activités bien au-delà des structures réglementaires… Des traders ont repris les activités des banquiers traditionnels, l’achat et la vente d’actions, d’obligations, de produits dérivés, etc. génère aujourd’hui les plus importants profits, et il est désormais de règle de prendre plus de risques, et des risques majeurs… Ils parient souvent avec l’argent de leur boîte (et) jouent sur les taux intérêts bas… on les laisse faire des choses qui, naguère, étaient considérées d’une audace totalement folle»
Ajoutez à cela le développement irrationnel de la finance mondialisée, la libéralisation et la disparition des régulations. La frénésie de jouer vite et n’importe quoi, et de parier sur l’avenir. Les gains potentiels sont énormes, et il en va de même des risques d’une crise financière de grande ampleur. Un effondrement. Aujourd’hui, nous en avons un, auquel les institutions mondialisées sont «parfaitement incapables» de faire face.
Kolko avait averti alors que «la totalité de la structure financière est en train de devenir incontrôlable… la libéralisation financière a produit un monstre… les contradictions mitent le système financier mondial : c’est à la fois générateur de crise et parfaitement immoral. Nous pourrions fort bien être à la veille de crises extrêmement sérieuses.» Maintenant, ça y est : nous l’avons, notre crise, et nous sommes dans de beaux draps…
Tout ça, parce qu’une «classe cleptocratique a pris le contrôle de l’économie», dit l’économiste Michael Hudson. Il s’agit d’éléments criminels, qui parient sur des bénéfices extrêmement élevés, qu’ils entendent engranger à travers une sorte de roulette russe informatisée» et, quand ce sont de mauvais paris qui sont faits, des rachats gouvernementaux sont décidés, qui ne sont que des renvois d’ascenseurs pour leurs contributions financières aux campagnes électorales ». Il s’agit tout aussi bien de rétributions dues au fait qu’ils ont des amis haut placés.
La crise actuelle n’a rien d’accidentel ni de fortuit. Elle a été planifiée, dit l’économiste critique F. William Engdahl, dans un récent article intitulé : «Derrière la panique» [Behind the Panic]. Le jeu consiste à «remodeler le devenir du système bancaire mondial» au travers d’une destruction créative.
Cette panique est induite par une « stratégie à long-terme » extrêmement bien ficelée. Afin de « changer le visage du système bancaire européen».
Affaiblissez celui-ci avec des «junk bonds» toxiques. Avec des obligations gagées sur des actions. Poussez-en suffisamment à la liquidation ou faites-en suffisamment baisser le prix pour pouvoir les racheter à des prix bradés. L’idée étant de « créer trois géants colossaux de la finance globalisée : Citigroup, JP Morgan Chase et Goldman Sachs». Ajoutez-y la Banque d’Amérique : ça en fera quatre (elles pourront faire une belote…). Ensuite, utilisez leurs «muscles afin de ravager les banques européennes». Même si cela ravage en même temps les économies américaine et mondiale. Ressuscitez-les, afin qu’elles soient en mesure «de promouvoir leur agenda global au cours des années à venir». De dominer la finance mondiale et d’augmenter l’hégémonie des Etats-Unis en ce nouveau siècle commençant…
C’est l’idée, et Engdahl appelle ça «un combat pour la survie du Siècle [qui ne saurait être qu’] américain [the American Century]. Bâti sur «les piliers jumeaux de la domination financière et de la domination militaire américaines», mais le jeu est loin d’être terminé.
«Les lignes de bataille sont tracées». Les nations de l’Union européenne ont leurs propres idées. Une stabilisation, et puis des plans de rétablissement, du temps qu’on y est, qui diffèrent fortement de ceux de Washington, et qui ont l’air beaucoup plus réfléchis. Reste à voir où tout cela finira, et si les nations en compétition pourront travailler ensemble, et le faire de manière efficace. Il ne leur reste guère de temps…
Les efforts de Washington pour modeler le siècle dernier
Engdahl en a passé en revue certains, dans son important ouvrage sur la guerre, la géopolitique, le pétrole et la finance «A Century of War» [Un siècle de conflits]. Il a expliqué la manière dont Washington a créé «le plus grand jeu de confiance» jamais créé jusqu’ici. Une «hégémonie d’un genre spécial», afin :
- d’imprimer des quantités de dollars illimitées ;
- d’accumuler d’énormes déficits du commerce extérieur ;
- de faire perdre au dollar sa valeur par une inflation défiant l’imagination ;
- de faire en sorte que le gouvernement paie des intérêts aux banquiers sur son propre fric et, enfin,
- de créer une dette publique et privée sans précédent, afin d’enrichir une infime minorité, aux dépens de l’immense majorité…
Jusqu’ici, ça a marché. Arrangez-vous pour que l’Amérique dirige le monde entier. Prenez le contrôle de son énergie et de sa finance. Evitez les concurrents sérieux, et écrasez les concurrents potentiels.
A partir des premières années du siècle dernier, les roulements de mécanique des Etats-Unis prirent plusieurs formes. Des conflits au contrôle des ressources mondiales, en passant par les conflits et par la guerre financière. La JP Morgan et autres notables de Wall Street étaient des experts en ce dernier domaine. Ils excellaient à créer de la panique afin d’accroître leur pouvoir. Comme aujourd’hui. Dans les mêmes buts.
En 1969, Richard Nixon avait son propre projet, le pays étant en récession. Les taux d’intérêt furent rabaissés. Les dollars s’enfuirent à l’étranger. La création de monnaie fut renforcée et, en mai 1971, l’Amérique enregistra son premier déficit commercial mensuel. Cela déclencha une panique. Une débandade du dollar américain. A l’époque, cette devise était gagée sur l’or.
Les réserves correspondaient à un quart des liquidités officielles, et, le 15 août, Nixon imposa unilatéralement un gel des salaires et des prix pour une durée de trois mois. Ainsi qu’une surtaxe de 10% sur les importations, et qu’une dévaluation du dollar de 8%, et il mit fin à la parité avec l’or.
Il suspendit la convertibilité du dollar en ce métal, et il mit fin au respect de la provision incessible prévue par les accords de Bretton Woods.
Il retira la prise des économies mondiales. Cela les choqua terriblement et, le 12 février 1973, il repiqua au truc. Avec à nouveau 10% supplémentaires de dévaluation du dollar, qui créèrent la pire instabilité mondiale depuis les années 1930. Que se cache-t-il, derrière ces méfaits ?
La volonté de gagner du temps, avant un nouveau «tournant paradigmatique monétaire, d’une audace inouïe. De revivre un dollar fort et une hégémonie des Etats-Unis. Grâce à un «assaut colossal» sur la croissance industrielle mondiale. Au travers d’un embargo pétrolier totalement artificiel. Et une augmentation de 400% des prix du pétrole. Un flux de pétrodollars à recycler en investissements et en achats d’actions aux Etats-Unis. Des profits énormes, pour Big Oil et pour les plus grandes banques, au prix d’une crise économique. La pire depuis celle de 1929. Provoquant des faillites, du chômage et la stagflation.
En 1979, sous Jimmy Carter, le secrétaire de la Fed, Paul Volker, mit en œuvre sa propre politique monétaire au motif de combattre une inflation élevée. C’était là un autre plan de Washington visant à préserver l’hégémonie du dollar. De le pérenniser en tant que devise de réserve mondiale, et de le faire en écrasant la croissance industrielle afin de laisser le pouvoir politique et financier soutenir, seuls, la force du dollar.
Cela a marché, en faisant passer les taux d’intérêt de 10 à 16%, puis à 20%, en l’espace de quelques semaines. Les économies américaine et mondiale plongèrent dans de profondes récessions, et le dollar entama une longue ascension continue, qui se poursuivit pendant cinq ans.
Dans les années 1980, sous Ronald Reagan, le président mexicain Jose Lopez Portillo voulait utiliser ses revenus pétroliers pour moderniser et industrialiser son pays. Pour le rendre plus fort et davantage indépendant. Cette perspective était anathème, pour Washington, qui réagit vivement. Par un schéma consistant à exiger du gouvernement mexicain qu’il rembourse sa dette à échéances draconiennes, et à un taux d’intérêt exorbitant…
En 1981, cela commença par une attaque concertée contre le peso. On fit circuler des histoires au sujet d’une dévaluation imminente et de fuites de capitaux. Portillo décréta un plan d’austérité, et son gouvernement s’effondra, sous la pression. Le peso fut dévalué de 30%. L’industrie mexicaine fut dévastée. La production industrielle s’arrêta littéralement. Les faillites s’enchaînèrent. Des millions de Mexicains souffrirent terriblement. Le pays devint effectivement insolvable. Il fut contraint d’accepter l’«aide» du FMI. Il dut énormément s’endetter et les grandes banques réalisèrent des profits scandaleux de leur coopération avec le gouvernement mexicain et avec le FMI. Socialisant la dette. La collant sur le dos des contribuables et privatisant les gains au travers d’un pillage appelé «ajustement structurel». Il en alla de même dans de nombreux pays. Cela causa une dette croissante. En imposant des taux d’intérêts exorbitants, et en engrangeant des profits énormes en intérêts sur des avances de centaines de milliards de dollars…
La déréglementation de l’ère Reagan causa la crise des S & L [Savings and Loans : Epargne et prêts]. Un avant-goût de la crise actuelle, en moins grave. En laissant les banques investir dans l’immobilier spéculatif. En s’engageant dans des fraudes massives. Et en s’arrangeant pour que l’Institut Cato (particulièrement droitier) dise : «Si le Congrès avait cherché, en 1980, de créer un environnement de nature à leurrer tous les escrocs et tous les fraudeurs de ce pays à pratiquer une unique industrie, il y en aurait eu peu qui eussent convenu davantage que celui-ci». «Il fut particulièrement facile de trouver des détenteurs de S & L qui fussent désireux de les revendre pour un prix raisonnable, et une fois que vous aviez une charte des L & S, les opportunités abondèrent.»
Cela se termina par la faillite de centaines de banques. Cela fit rétrécir ce secteur, qui passa de 4 500 établissements en 1979 à environ 2200 en 1991 et on ne les comptait plus qu’en centaines, quelques années plus tard. Cela coûta aussi aux contribuables environ 200 milliards de dollars. De l’argent de poche, comparés aux trillions à payer pour la crise actuelle.
Dans les années 1980, le Japon fut le pays qui sut dire «non». A la fin de la décennie, ce pays était le leader économique et financier. Parce qu’une spéculation insensée avait plongé les banques américaines dans une profonde crise. Le Japon, quant à lui, opérait beaucoup plus prudemment. Il prospérait, et il défiait la domination américaine. Washington redoutait que d’anciens pays communistes n’adoptassent le modèle japonais. C’était absolument anathème. Cela aurait pu entraîner la faillite de certaines firmes américaines. Cela démontrait que la manière de faire des Japonais était supérieure : il fallait donc que cela cesse !
L’accord du Plazza, en 1985, allait s’en charger. Il visait à contraindre le Japon à prendre des mesures monétaires et fiscales afin d’encourager sa demande intérieure et de réduire les surplus extérieurs du pays. En même temps, la Banque du Japon maintint ses taux d’intérêt à 2,5 % de 1987 à 1989. Afin de stimuler les achats de produits américains. En échange, de la monnaie de singe vint s’investir dans les actions et l’immobilier japonais. Cela généra deux bulles colossales. Il s’ensuivit une décennie perdue, et l’économie japonaise est encore en train de se remettre péniblement de cette période de marasme (de plus, elle sera confrontée, comme les autres, aux conséquences de la panique actuelle).
La crise asiatique des années 1990, elle aussi, a été «faite maison». Elle a frappé durant l’été 1987. Pour nulle autre raison apparente que des rumeurs que la monnaie thaïlandaise, le bhat, était en difficulté, et que la Thaïlande ne détenait pas assez de dollar pour la soutenir. Voilà que la «Contagion asiatique» était lancée. De l’argent frais avait afflué, peu avant. Mais elle avait été exfiltrée, électroniquement. A travers un schéma concocté à Washington, au motif que le modèle économique thaïlandais coiffait au poteau celui de l’Amérique, et même le «menaçait»…
Les pays Jeunes Tigres Asiatiques ont connu une forte croissance en protégeant leur marché et en empêchant les firmes étrangères de posséder chez eux des terres et des entreprises nationales. Ils ont aussi restreint les importations de l’Occident et du Japon afin de faire croître leur propre économie et leurs industries nationales. Là encore : anathème. Il fallait que cela cesse !
Ces pays furent soumis au marteau-pilon. Contraints à dévaluer leur monnaie et à solliciter l’aide du FMI. Avec des conditions draconiennes. Comme l’acceptation d’obligations pour couvrir leur dette, celle d’ouvrir leurs marchés, l’ajustement structurel, les privatisations, les coupes budgétaires, les licenciements massifs et le blocage des salaires et des bénéfices. Bref : tout le paquet toxique, en échange de la soi-disant «aide». Le tribut payé par cette région du monde fut dévastateur. Près de 24 millions d’emplois perdus. Une classe moyenne détruite. Un trou noir de misère affreuse pour près de vingt millions de personnes, contraintes à faire tout et n’importe quoi afin de survivre. On a écrasé le miracle asiatique afin que les marques occidentales supplantent les marques locales. Les chasseurs d’opportunités ont fait des affaires en or, à des prix dérisoires. Le New York Times a appelé ça «le plus grand supermarché mondial des entreprises en faillite.» La région est à nouveau soumise au marteau-pilon, par la crise actuelle. Pas besoin de se demander où cette crise a été fabriquée. Personne ne peut dire comment elle se terminera, si elle prend fin un jour. Des millions de personnes en proie au doute vivent dans la douleur et dans la peur.
La liste des autres exemples notables est infinie. Deux cas se distinguent particulièrement. Ceux, dans les années 1990, de la Russie postsoviétique et de l’Afrique du Sud. Dans ces deux cas, la «thérapie de choc» néolibérale s’est avérée particulièrement dévastatrice. Elle mit au pouvoir une classe oligarchique, en Russie. Laissons-les piller et saper la richesse du pays et l’expédier clandestinement vers des paradis fiscaux. Des dizaines de millions de personnes réduites à la misère. Près de 80 % des paysans en faillite. Un chômage massif artificiellement provoqué. Cela a créé un sous-prolétariat permanent. Ainsi qu’une diminution annuelle de la population de l’ordre de 700 000 personnes, voire bien davantage…
L’Afrique du Sud n’a pas connu un meilleur sort. En dépit de l’exhortation de Nelson Mandela à soutenir l’accession à la dignité économique de la population noire. En tant que président du pays, Mandela s’est soumis au capital. Les conséquences furent horrifiantes. La situation devint bien pire que sous l’apartheid. Doublement du taux de chômage et du nombre de personnes survivant dans le dénuement absolu. Des millions de Noirs pauvres sans domicile fixe. Un autre million évincé des fermes. Un quart de la population sans eau courante, ni électricité. Près de 60 % des habitants dépourvus d’installations sanitaires élémentaires. Une chute de treize années dans l’espérance de vie, depuis le niveau atteint en 1990. Un désastre humain, très comparable à celui qui s’est produit en Russie, et en bien d’autres pays. Pourquoi ? Pour donner le pouvoir au capital, au détriment du peuple. On lui promet l’Amérique, et en une semaine, il se retrouve sans rien.
L’horreur se répand, absolument partout. Le 2 octobre, c’en est assez pour que le New York Times lui-même affirme que les dirigeants latino-américains sont passés de la «schadenfreude à la peur». Hugo Chavez a séché la séance d’ouverture de l’Assemblée Générale de l’Onu pour se rendre en Chine, et déclarer que Pékin était autrement important que New York.
Le Venezuela et la Bolivie expulsent leur ambassadeur américain, et le président brésilien Lula da Silva proteste contre la présence navale américaine dans la région, disant que ses bateaux de guerre doivent être mis en état d’alerte, afin d’y répondre. Il est furieux, aussi, contre Wall Street et Washington, responsables de la crise, et dit : «Nous avons fait ce que nous étions supposés devoir faire afin de faire le ménage chez nous. Ils nous ont bassinés pendant des années, nous disant ce que nous devions faire. Et eux, pendant-ce temps, ils ne le faisaient pas eux-mêmes…»
La présidente argentine Christina Fernandez de Kirchner fut tout aussi amère dans ses déclarations : «Nous assistons à un Premier Monde, qui avait été dépeint, fut un temps, comme une Mecque vers laquelle nous devions nous efforcer de nous tourner, en train d’éclater comme une bulle.» Et le Chicago Tribune de citer un dialogue du dialogue interaméricain, disant que «quelque grande qu’ait pu être la crédibilité des Etats-Unis, dans la région, en matière de management économique, ils ont manifestement perdu cette aura.»
Quarante spécialistes mondiaux, venus de vingt pays, ont assisté à la Conférence Internationale d’Economie politique de Caracas, au Venezuela, du 8 au 11 octobre, visant à analyser et à proposer des solutions alternatives, basées sur les pays du Sud, à la crise financière mondiale. Le ministre vénézuélien de la Planification et du Développement, Haiman el-Troudi, a souligné la force relative de son pays, ainsi que sa croissance économique impressionnante (6%, sur les six premiers mois de l’année 2008). Il a recommandé aux Vénézuéliens de rapatrier leurs investissements aux Etats-Unis, étant donné le climat actuel. Afin de les protéger contre des banques américaines particulièrement peu sûres.
Avec le président Chavez, ils ont fustigé le FMI, et ils l’ont appelé à s’auto-dissoudre : «Dissous-toi… Tue-toi !!» Ils furent très durs envers la Banque mondiale, également. Chavez ajouta : «Nous sommes en train de nous détacher du wagon de la mort.» El Troudi déclara quant à lui que nous sommes en train d’assister à la fin de l’hégémonie du néolibéralisme. D’autres furent d’avis qu’un nouveau modèle est indispensable. L’ancien ayant manifestement échoué.
La panique et l’effondrement actuels
Aujourd’hui, le crédit est gelé. A cause d’une crise due à la dette ; il ne s’agit absolument pas d’une crise de liquidités. Résultat : les marchés s’effondrent. Ils s’écrasent, en chute libre, sous l’effet d’un stress financier gravissime. Cela, à partir d’un niveau d’actifs encore jamais atteint et de bulles du crédit. Multiples. Faisant explosion. A commencer par l’immobilier. Provoquant des défauts de remboursements de prêts immobiliers et la perte d’énormes institutions financières. Avec des avoirs atteignant des milliards de dollars en danger. Ajoutez à cela des banques réticentes à prêter de l’argent. De crainte de ne pas être remboursées. Les prix chutent. La confiance est érodée. Les pertes sont amplifiées par des de-leveragings destructeurs. Les prêts immobiliers, les stocks, les valeurs, les obligations, le crédit, les hedge funds implosent encore plus intensément que lors de la Grande Dépression (de 1929).
Cela met des entreprises déboussolées le dos au mur. Chacune d’entre elles en met d’autres en difficulté. Certaines sont trop grosses pour s’effondrer, mais elles s’effondrent bel et bien. Cela amène les investisseurs à rechercher toutes les issues possibles. Ils vendent les bons placements pour couvrir les déficits des mauvais. Gelant les marchés monétaires. Faisant des placements à court-terme leur seule ceinture de sécurité. Obtenant des gouvernements du monde entier qu’ils s’agitent, à la recherche frénétique de solutions.
Déjà plongées dans la récession et ne recevant que des nouvelles de plus en plus mauvaises. Redoutant une crise financière amplifiée, un effondrement systémique. Qui transformerait une récession en train de s’approfondir en une véritable dépression économique mondiale. Un désastre que seules des actions urgentes, bien préparées et coordonnées pourraient empêcher. Mais rien ne garantit que quoi que ce soit puisse marcher, aux dernières nouvelles…
Voici ce que Nouriel Roubini et d’autres économistes recommandent. L’exact opposé d’EESA, qui ferait plus de mal que de bien (si on suivait ce dernier) :
des réductions de taux rapides et générales ; d’au moins 1% aux Etats-Unis ; encore bien plus importantes dans l’Union européenne, en Asie et dans le reste du monde ;
la garantie de tous les dépôts bancaires, au moins jusqu’à ce que la stabilité soit rétablie ;
la nationalisation partielle des banques en difficulté ; leur recapitalisation au moyen de fonds publics ; sous une forme qui ressemble, désormais, à un plan [de relance], d’après le New York Times, dans un article du 11 octobre, sous le titre : «La Maison-Blanche met au point un plan de sauvetage» ; «du capital devrait être injecté dans les banques en achetant des actions sans droit de vote ; ce que l’on en connaît, c’est une déclaration d’Henry Paulson, le 10 octobre, selon qui «nous pourrons utiliser l’argent du contribuable d’une manière plus efficace… en développant un programme standardisé permettant d’acheter des parts des institutions financières» ; reste à voir ce qui, en réalité, se passera ; Paulson représente Wall Street, pas l’opinion publique, ni les intérêts nationaux ou mondiaux…
- Il n’est pas favorable à la réinstauration d’une régulation responsable afin de mettre un terme aux dérives du marché ; ce que des économistes dans le genre de Roubini recommandent, c’est ce qui suit :
- geler toutes les mises en faillites nationales ; créer une Société des Détenteurs Américains de Prêts (immobiliers) [HOLC : Home Owners’ Loan Corporation], afin de refinancer l’immobilier et de prévenir les faillites ; permettre aux propriétaires victimes d’une saisie de conserver leur bien en payant un loyer abordable ;
- rééchelonner les dettes des foyers sinistrés ; imposer une limite aux cartes de crédit et aux autres crédits à la consommation aux taux d’intérêts exorbitants, à des niveaux bien inférieurs ; mettre du cash entre les mains des gens ; des tas de cash ; au moins plusieurs centaines de milliards de dollars, en apéritif ; plus, si nécessaire ; autant qu’il en faudra ;
- fournir aux institutions financières solvables autant de liquidités qu’elles en ont besoin ; même chose en ce qui concerne les sociétés, y compris les petites et moyennes entreprises ;
- sauver les entreprises solvables ; mettre en liquidation judiciaires celles qui sont trop dans le rouge ;
- financer un stimulus massif permettant de réanimer l’économie ; dans le domaine des travaux publics, des infrastructures, de l’éducation, des énergies alternatives, des indemnités de chômage, de la formation professionnelle, des réductions d’impôts aux personnes en difficulté et aux Etats et aux collectivités locales prises à la gorge et n’ayant plus de liquidités. Cet argent doit être consacré aux besoins les plus pressants, et là où il peut apporter le maximum d’efficacité et de soulagement ;
- faire en sorte que les pays les plus solides et les plus solvables aident les pays les plus faibles, les plus endettés ; et
- s’atteler à ces politiques très rapidement ; il reste fort peu de temps aux gouvernements mondiaux pour se tirer d’affaire ; rien ne garantit qu’ils y réussiront ; et ces mesures ne s’attaquent en rien à notre keynésianisme militaire destructeur, à notre guerre économique permanente, ni au besoin de ré-aiguiller ces fonds à des fins internes constructives ; il faut faire l’exact contraire de ce qu’un document du Pentagone récent recommanderait, à savoir 450 milliards de dollars de budget [militaire] supplémentaire au cours des cinq années à venir.
Le passage inopiné d’une réponse politique à une autre
Tout d’abord, il y eut l’EESA, The Emergency Economic Stabilization Act. Consistant à récompenser les fraudeurs, et non pas à s’attaquer aux véritables racines de la crise financière. Ni à aider des millions de foyers dans l’angoisse : propriétaires confrontés aux saisies, d’autres en étant menacés. Une opinion publiques traumatisée par la pire crise économique depuis celle des années 1930.
Les Européens, quant à eux, ont arrêté leurs propres plans. Différents de ceux de Washington. Le 10 octobre, les ministres des Finances des pays du G-7 se sont rencontrés pour décider d’une politique. Tôt dans l’après-midi, ils ont présenté un plan d’action. Riche en promesses. Un peu court sur les mesures précises. Le New York Times a rapporté que «de nombreux investisseurs espéraient que les ministres proposeraient des mesures plus concrètes», citant le vice-directeur du Peterson Institute of International Economics, Adam Posen : «C’est insuffisant.» Mais il ne baissait pas totalement les bras ; il ne disait pas que ce que les ministres avaient derrière la tête ou ce qu’ils décideraient ultérieurement ne fonctionnerait pas…
Ces ministres des Finances sont tombés d’accord sur la nécessité :
- d’agir de manière énergique en recourant à tous les outils disponibles afin de soutenir les institutions financières et d’en prévenir la faillite ;
- geler les marchés du crédit et les marchés monétaires ; s’assurer que les banques et les autres institutions financières « ont un large accès aux liquidités et aux financements » ;
- s’assurer que les banques et les organismes d’intermédiation financière sont « en mesure de lever un capital (suffisant) de la part du public et de sources privées », afin de rebâtir la confiance et de leur redonner la possibilité d’assurer des prêts aux foyers et aux entreprises ;
- garantir les dépôts bancaires d’une manière solide, afin que les gens aient confiance dans la stabilité de leurs comptes, et
- prendre les mesures appropriées « afin de relancer les seconds marchés des prêts immobiliers et d’autres fonds sécurisés » ; assurer des évaluations précises et la transparence, en conformité avec des « standards de comptabilité de haute qualité ».
En plus du fait que le Trésor américain envisageait d’ «acheter des parts dans des institutions financières», l’Associated Press indiquait, le 12 octobre, que les 15 pays de la zone Euro «garantiraient temporairement les futures dettes bancaires afin d’encourager le prêt… durant une période intérimaire et dans les conditions appropriées pour une période pouvant aller jusqu’à cinq ans. La recapitalisation des banques fait partie de ce plan. Ce qui est espéré, c’est un dégel du crédit et le recouvrement, par les marchés, d’un fonctionnement normal.
D’après le New York Times du 12 octobre, «chaque pays annoncera un chiffrage précis des mesures qu’ils envisagent de prendre individuellement». Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a déclaré qu’il «n’était pas question de mettre sur pied un fonds européen». Une proposition financière sera présentée au sommet plénier de l’Union européenne à 27, avant la fin de la semaine, qui sera soumise aux suffrages des parlements nationaux des Etats membres.
Voici la clé, permettant de comprendre ce qui apparaîtra plus en détail, ou n’importe quelle information nouvelle à venir : les gouvernements du monde vont piller leur trésor afin de sauver de puissants intérêts capitalistes. En dépit de déclarations audacieuses, nous pouvons nous attendre à toujours davantage de ce que nous avons énuméré : pratiquement rien ne sera fait en faveur des dizaines de millions de personnes, dans le monde entier, qui sont dans un besoin énorme d’être secourus. Tout au mieux, pour eux, il y aura… des miettes !
Au cours des jours et des semaines à venir, nous allons voir ces déclarations devenir des politiques, et nous allons voir aussi comment réagissent les marchés mondiaux. Etant donné l’immensité de la crise, personne n’est assuré que quoi que ce soit puisse fonctionner. Il n’est pas rassurant, non plus, d’entendre George Bush nous dire de rester calmes. Nous n’avons plus aucun contrôle sur rien. Le 10 octobre, le Dow Jones a chuté de 300 points, exactement au moment où Doubiah parlait…
Dans une interview de Barron, le 13 octobre, il demandait au célèbre manager financier Jeremy Grantham (âgé de soixante-dix ans) s’il pensait que nous ayons appris quoi que ce fût de la crise actuelle ? Voici sa réponse : «Nous avons appris énormément de choses, en très peu de temps, beaucoup de choses à moyen-terme, et absolument rien du tout, en ce qui concerne le long-terme…»
Il avait été confiant, depuis l’année dernière, mais il ajouta que «les fondamentaux sont en train de s’avérer pires que ce qu’il escomptait». La chose terrible – après tous ces efforts – c’est que le marché des valeurs américain n’est même pas devenu abordable… » Il était tellement élevé en 2000 qu’il n’a jamais retrouvé une tendance normale, mais il s’en est rapproché. Toutefois, la nouvelle réellement mauvaise, c’est que les grandes « bulles », à travers l’histoire, se corrigent toujours avec outrance. » Il pense que la juste valeur du S&P 500 (un indice boursier) est autour de 1025, à comparer à 899,22, le 10 octobre, à la fermeture. Mais «typiquement, les bulles se sur-corrigent, d’un montant non négligeable, qui peut atteindre les 20%. C’est parfaitement décourageant», aussi ne se précipite-t-il pas pour acheter, mais il redoute encore d’agir trop tôt. Il prédit un « bas » du marché en 2010.
On lui a demandé également vers quoi il voyait s’orienter les choses ? Il est très respecté, en tant qu’expert, et pourtant, il a souligné «à quel point il ne comprenait que très peu toutes les interactions emmêlées du système financier global. Il espère que quelqu’un y entrave quelque chose, par ce qu’en ce qui le concerne, ça n’est pas le cas.
Et il n’a vraiment aucune idée quant à la façon dont tout ça va se terminer… C’est tellement compliqué que tout ce qu’il peut conclure, instinctivement, en excipant de son expérience historique, c’est que la crise sera plus longue, plus dure et plus compliquée que tout ce que nous pouvons imaginer…» C’est vraiment là une déclaration importante, venant de quelqu’un que l’on appelle «le roi philosophe de Wall Street» !!
Le coût humain d’une crise entièrement fabriquée
Ce sont les gens ordinaires qui sont le plus durement frappés. Des millions de personnes vont souffrir gravement, des années durant, à cause de cette crise totalement évitable. Les fraudeurs qui l’ont causée, quant à eux, en sont récompensés. D’honnêtes propriétaires de leur domicile, des foyers, et des travailleurs sont punis. Impitoyablement. Résultat des courses :
- des milliards de dollars perdus, vraisemblablement plusieurs trillions de dollars seront perdus à l’avenir ;
- des millions de familles ont perdu leur maison, les propriétaires étant incapables de rembourser leurs prêts, ou étant menacés de saisie, dans la pire crise du logement depuis la Grande Dépression de 1929 ; en fin de parcours, les estimations allant jusqu’à dix millions de saisies avant le retour de la stabilité et la reconstruction seront sans doute dépassées ;
- Il y aura vraisemblablement plus d’un million de faillites personnelles en 2008 et un nombre encore bien plus important en 2009, à comparer à 800 000 en 2007 et à 573 000 en 2006 ; ces chiffres étant inférieurs aux moyennes de 1,5 million, sur la période 2000 – 2005, enregistrées avant l’adoption, en 20058, du Bankruptcy Abuse Prevention and Consumer Protection Act ; d’après Samuel Gerdano, le responsable de l’American Bankruptcy Institute, le surendettement des consommateurs, « rendu pire par la crise des prêts immobiliers » est le principal problème ; ce problème ne diminuera sans doute pas, ni à moyen, ni a fortiori à court termes.
- la montée du chômage ; il ne s’agira plus du timoré 6,1% incluant les travailleurs découragés et les gens à temps partiel qui veulent des emplois à plein temps (mais n’en trouvent aucun) ; l’économiste John Williams situe le chiffre réel à plus de 12 %, et celui-ci ne cesse d’augmenter.
- le surendettement des consommateurs ; perclus de crédits, mais ayant toujours besoin de davantage de crédit pour survivre, et qui se voient imposer des taux d’intérêts usuraires, pour les obtenir ;
- le déclin des salaires et des bénéfices, face à des dépenses exponentielles, rendant de plus en plus difficile de simplement s’en sortir ;
- des banques alimentaires et des abris pour sans-domicile fixe exigeant plus de moyens, mais contraints à renvoyer des gens en raison de leur manque de ressources ; et
- les choses, de manière générale, empirent ; jusqu’à nous amener au bord du précipice, selon certains ; même les plus optimistes redoutent l’avenir ; personne n’ose afficher la moindre complaisance.
Quelles que soient les nouvelles politiques qui émergeront. Quelles que soient les formes qu’elles prendront. A moins qu’elle ne s’attaque à la dimension humaine du problème, elles n’apporteront strictement aucun soulagement à ceux qui en auraient le plus grand besoin. C’est-à-dire à des millions et des millions de citoyens frappés par la crise, de plus en plus nombreux. Désespérés et désemparés.
Le problème n’est pas qu’économique : c’est un problème moral, éthique. La déclaration du G-7 ne traite ni l’un, ni l’autre aspect. Elle ne visait qu’un seul objectif : sauver Wall Street. Le capitalisme industriel.
Une autre idée serait de les laisser crever et de les remplacer par un nouvel ordre mondial. Un ordre mondial praticable. Un ordre mondial qui respecte les gens, et non pas le capital.
Source : http://www.zcommunications.org/
Traduction : Marcel Charbonnier
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Stephen Lendman
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