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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Tactiques d'espionnage

Par

Khaled Abu Shamala, 38 ans, était dans un taxi en route pour le point de passage d'Erez qui relie Gaza à Israël. Il essayait de téléphoner à Fedaa, sa fille, qui dormait lorsqu'il avait quitté la maison, pour lui dire qu'il n'oublierait pas de lui ramener une poupée. Il partait à Jérusalem pour une opération cardiaque.

Lorsqu'il est arrivé au point de passage, un soldat israélien l'a accompagné dans une pièce du bâtiment administratif, et lui a demandé d'attendre. Une heure, puis deux heures, puis trois heures ont passé. Un autre soldat est arrivé et l'a accompagné dans une autre pièce où l'attendait un officier des services secrets intérieurs israéliens, le Shin Bet. Le soldat a dit à Abu Shamala qu'il ne pouvait pas aller à Jérusalem, sauf à coopérer avec les services secrets israéliens et à fournir des informations sur les factions palestiniennes.

Abu Shamala a tout de suite refusé, condamnant l'immoralité de la demande. L'officier s'est mis à rire et à l'injurier. Abu Shamala est rentré chez lui, déprimé et épuisé. Deux semaines après, le 28 octobre 2008, il est mort.

Khawla Arshid, 49 ans, avait un cancer du foie. Elle a eu plusieurs séances de chimiothérapie dans un hôpital israélien. Trois semaines après, elle allait à une nouvelle séance. Elle a été stoppée au carrefour d'Erez et le Shin Bet lui a demandé de collaborer avec eux. Elle a refusé et est repartie. Une semaine après, elle mourait.

Gamal Abu Salam, 29 ans, avait besoin d'une opération de la rétine. Les médecins de Gaza l'ont adressée à un hôpital spécialisé de Jérusalem. Au carrefour d'Erez, on lui a demandé de collaborer avec le Shin Bet. Il a refusé et a été renvoyé chez lui. Sa famille a réussi à le faire passer par un des tunnels vers l'Egypte, où il a été opéré et guéri. Il est vraisemblable qu'il serait aveugle s'il était resté.

Médecins israéliens pour les Droits de l'Homme (Physicians for Human Rights - PHR) a recensé plus de 30 cas de malades de Gaza qui nécessitaient un traiitement en Israël mais dont le passage a été refusé au carrefour d'Erez parce qu'ils avaient refusé de fournir des informations au Shin Bet sur la résistance palestinienne.

Souvent, des agents secrets se mettent en contact avec des jeunes palestiniens et leur offrent de l'argent pour des informations sur la résistance. Selim, 23 ans, est bachelier, au chômage, et il vit à Gaza. Il y a une semaine, un numéro inconnu est apparu sur l'écran de son portable. Un officier du Shin Bet était en ligne, lui offrant de l'argent en échange d'informations sur la résistance. Selim a dit à Al-Ahram Weekly que l'officier du Shin Bet savait qu'il était au chômage et en grandes difficultés financières.

Selon les sources de la sécurité palestinienne, quelques jeunes palestiniens ont accepté de coopérer avec le Shin Bet. Certains ont été pris et interrogés. Ils ont décrit la manière dont ils ont été recrutés et les informations qu'ils ont fournies, qui, pour la plupart d'entre elles, concernaient la localisation des combattants de la résistance palestinienne.

L'appareil sécuritaire des Brigades Al-Quds, la branche militaire du Jihad Islamique, a diffusé un communiqué demandant aux jeunes palestiniens d'être vigilants et de n'accepter aucun appel venant de numéros israéliens inconnus. L'appareil d'Al-Quds a demandé aux familles palestiniennes de surveiller leur progéniture "pour qu'elles ne deviennent pas les proies faciles des services secrets israéliens."

Un responsable palestinien a déclaré que c'est le manque d'argent qui est à l'origine du recrutement de 80% des agents palestiniens. Certains deviennent des agents doubles, fournissant au Shin Bet des informations fausses.

Fayez Abu Shamala a été choqué lorsqu'un homme, qui s'est présenté sous le nom de Rony et lui a dit qu'il était un officier des services secrets israéliens, l'a appelé. Rony a demandé à Abu Shamala de collaborer. La demande était particulièrement audacieuse, étant donné qu'Abu Shamala est l'ancien maire de Khan Younis et qu'il est un écrivain politique très connu, titulaire d'un doctorat en Littérature hébraïque et qu'il a passé 10 ans dans les prisons israéliennes à cause de ses activités politiques.

Abu Shamala dit que Rony savait que le gouvernement d'Ismail Haniyeh l'avait démis de ses fonctions de maire de Khan Younis, et que le gouvernement basé à Ramallah avait supprimé son salaire.
Rony a dit à Abu Shamala que son limogeage par le Hamas était criminel. Abu Shamala lui a répondu que cela ne le regardait en aucune façon. Pourtant, Roni a rappelé et a à nouveau essuyé une rebuffade. Ses dernières paroles à Abu Shamala : "Tu es trop têtu. On ne peut pas t'atteindre."

"Je suis sûr que les agents secrets israéliens n'auraient pas osé m'appeler s'ils n'avaient pas déjà réussi à recruiter d'autres personnes", dit Abu Shamala. Il accuse les dissensions palestiniennes de ce développement, disant que les divisions ont démoralisé les Palestinins.

De nombreux palestiniens disent que les agents du Shin Bet les ont contactés avec une offre de 10.000 $ s'ils fournissaient des informations sur la localisation de Gilad Shalit, le soldat israélien capturé et gardé par le Hamas. Les agents laissent un numéro de téléphone où les Palestiniens peuvent les joindre, s'ils ont des informations.

Source : Al-Ahram

Traduction : MR pour ISM

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