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Israël - 19 novembre 2006
Par Nir Hasson
Selon l'avocat Leah Tsemel, dont Abu Ma'amar fait partie de ses clients, les agents du Shin Bet ont utilisé la torture dans environ 20% de ses cas. Pour les autres, des techniques plus sophistiquées d'interrogatoires sont utilisées, impliquant l'utilisation de selles de pigeons, des récompenses et des menaces.
Rien que l'année dernière, environ 40 allégations sérieuses de torture envers des Palestiniens ont été soumises au Procureur Général Menachem Mazuz.
Démonstration par Physicians For Human Rights de la torture infligée aux Palestiniens lors des interrogatoires : le Shebeh
Vingt-quatre heures avant l'enlèvement du caporal Gilad Shalit, les soldats des Forces de la "Défense" Israélienne ont pénétré par effraction dans la maison de Mustafa Abu Ma'amar à Rafah.
Les soldats des Forces Spéciales l'ont arrêté ainsi que son frère dans leurs maisons respectives.
Quelques semaines plus tard, Abu Ma'amar a déclaré à un avocat du Comité Public Contre la Torture : "Un ou deux jours plus tard (j'ai découvert après que c'était le jour où le soldat avait été enlevé), trois interrogateurs sont venus là où j'étais détenu à 6 h du matin (environ une heure après l'enlèvement - N.H.).
Ils ne m'ont rien demandé, ils ont juste commencé à me donner des coups de pied et à me frapper tandis qu'un interrogateur qui s'appelait Moti m'a pris par le cou et m'a étranglé jusqu'à ce je me dise que j'allais mourir. Les deux autres m'ont attrapé et m'ont éloigné."
Les interrogateurs ont plus tard utilisé la "technique d'exercice", comme l'appelle Abu Ma'amar. "Ils m'ont forcé à garder les jambes contre les pieds de la chaise, avec le dos de la chaise sur ma droite et rien pour soutenir mon dos. Ils ont poussé mon dos vers l'arrière et m'ont dit de faire de l'exercice." Cela m'a donné des crampes à l'estomac et m'a causé une douleur insupportable." explique Abu Ma'amar.
Les interrogateurs l'ont interrogé au sujet des tunnels qu'il avait aidé à creuser, "tout en me maudissant ainsi que ma mère et mon père et en menaçant de démolir ma maison si je ne coopérais pas. Ils m'ont également dit qu'ils avaient arrêté mon frère et qu'ils le torturaient."
Les interrogateurs du Shin Bet lui ont dit de se tenir sur ses orteils et puis "de plier les jambes et de descendre la partie inférieure de mon corps…. C'est très difficile et douloureux. Ils m'ont forcé à me tenir comme cela pendant des heures, et à chaque fois que je posais mon pied sur le sol ou que je bougeais vers leu haut ou le bas, j'étais frappé." écrit Abu Ma'amar dans sa déclaration.
La déclaration d'Abu Ma'amar est l'une des nombreuses plaintes de torture déposées par des détenus palestiniens contre des agents du Shin Bet.
Le PCAT affirme que les techniques de l'agence de sécurité ressemblent de plus en plus à celles utilisées avant 1999, quand la Cour Suprême a interdit la torture.
Dans le cas d'Abu Ma'amar, le Shin Bet pourrait prétendre qu'il s'agissait d'un cas évident "de bombe à retardement", puisque, selon son acte d'accusation, il a pris part (une très petite part) dans l'organisation de l'enlèvement de Shalit, et que son interrogatoire aurait pu être utile dans la localisation de Shalit.
Abu Ma'amar affirme que sa torture a commencé bien avant l'enlèvement et qu'elle s'est poursuivie après qu'il fût évident qu'il n'avait aucune information sur l'endroit où se trouvait Shalit.
Selon l'avocat Leah Tsemel, dont Abu Ma'amar fait partie de ses clients, les agents du Shin Bet ont utilisé la torture dans environ 20% de ses cas. Pour les autres, des techniques plus sophistiquées d'interrogatoires sont utilisées, impliquant l'utilisation de selles de pigeons, des récompenses et des menaces.
Rien que l'année dernière, environ 40 allégations sérieuses de torture envers des Palestiniens ont été soumises au Procureur Général Menachem Mazuz.
Le directeur exécutif du PCAT, Hannah Friedman, souligne que l'organisation examine complètement la crédibilité de chaque plainte, en interviewant souvent les détenus à trois reprises.
Mazuz n'a pas estimé que l'une de ces plaintes justifiait une enquête criminelle contre les interrogateurs.
Soit la plainte s'avère non fondée, soit il ne nie pas les faits mais il justifie les actions avec une formule standard : "Un examen a prouvé que M.… a été détenu pour interrogatoire en raison d'un sérieux soupçon, basé sur une information crédible, qu'il était apparemment impliqué ou qu'il était un élément pour porter des actions terroristes majeures qui risquaient d'être effectuées à très court terme et qui auraient pu blesser ou menacer des vies."
En bon anglais : "Une bombe à retardement."
Les responsables du PCAT déclarent que le Shin Bet devrait imiter la police et permettre au Département d'Investigations de la Police (DIP) du Ministère de la Justice d'enquêter sur sa conduite, et ils envisagent de déposer une plainte devant la Cour Suprême sur le sujet.
Le Shin Bet a confirmé qu'aucune enquête criminelle n'avait été lancée contre l'un de ses agents depuis 18 mois, mais les responsables déclarent que les plaintes ont eu comme conséquence une action disciplinaire contre un certain nombre d'agents.
Secousses et sodomie
Parmi les techniques d'interrogation décrites par des détenus récents, il y a le fait de garder des positions douloureuses et inconfortables pendant de longues périodes, des positions dont l'utilisation régulière avant 1999 leur a valu des surnoms tels que la "banane", "la demi-banane" et la "grenouille".
Les détenus se sont également plaints au sujet de l'utilisation des contentions de poignets douloureuses, de la privation de sommeil et de secousses graves ainsi que des gifles et des coups de poing.
Dans un cas extrême, un détenu a affirmé qu'un interrogateur connu de lui sous le nom du Capitaine Daniel avait utilisé divers objets pour le violer tandis que le détenu était enchaîné.
Le Shin Bet a publié une réponse dont voici une partie :
"Il est regrettable que le Comité Public Contre la Torture ne rate pas une occasion d'attaquer les investigateurs du Shin Bet, qui travaillent jour et nuit pour empêcher la terreur et sauver des vies, en utilisant des affirmations qui sont dans la plupart des cas sans fondement.
Chaque plainte liée aux investigations sur le terrorisme est examinée et vérifiée entièrement sous la surveillance du Procureur d'Etat.
Dans un certain nombre de cas, les plaintes soumises par le comité n'ont pas été confirmées par ceux au nom de quielles étaient apparemment soumises."
Le bureau du Procureur Général a répondu ce qui suit :
"Toutes les plaintes sont examinées entièrement par le fonctionnaire en charge des plaintes du Shin Bet avant d'être soumises, sans exceptions, à un examen complet de la part du Procureur qui est responsable de ce fonctionnaire.
Certaines des plaintes s'avèrent sans fondement et d'autres font référence à des événements couverts par la nécessité de défense. Dans certains cas, l'examen mène à un changement des procédures.
Dans quelques cas, quand il est déterminé qu'une violation des procédures a eu lieu, une décision est prise pour lancer une procédure disciplinaire ou criminelle."
Source : http://www.haaretz.com/
Traduction : MG pour ISM
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