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Gaza - 1 novembre 2006
Par Ahmed Yousef
Ahmed Yousef est un conseiller du Premier Ministre palestinien, Ismail Haniya.
ICI à Gaza, peu de gens rêvent de paix.
Pour l'instant, la majorité des gens osent seulement rêver d'une absence de guerre.
C'est pour cette raison que le Hamas propose une trêve à long terme pendant laquelle les peuples israéliens et palestiniens pourront essayer de négocier une paix durable.
Une trêve est appelée en Arabe : "Hudna".
D'une durée en général de 10 ans, une hudna est reconnue par la jurisprudence islamique comme un contrat légitime et obligatoire.
Une hudna va au delà du concept occidental d'un cessez-le-feu et oblige les parties à utiliser cette période pour rechercher une solution permanente, non-violente à leurs différends.
Le Coran accorde beaucoup de mérite à ces efforts destinés à promouvoir un arrangement entre des personnes différentes. Considérant que la guerre déshumanise l'ennemi et l'aide à tuer, une hudna fournit l'occasion d'humaniser ses adversaires et de comprendre leur position avec l'objectif de résoudre le conflit intertribal ou international.
Un tel concept -- une période de non-guerre mais seulement une résolution partielle d'un conflit -- est étranger à l'Occident et a été accueilli avec beaucoup de soupçons.
Beaucoup d'occidentaux à qui je parle se demandent comment peut-on arrêter la violence sans mettre fin au conflit.
J'aimerais dire, cependant, que ce concept n'est pas aussi étranger qu'il pourrait le sembler. Après tout, l'Armée Républicaine Irlandaise (IRA) a accepté de mettre fin à sa lutte armée pour libérer l'Irlande du Nord du joug Britannique sans reconnaître la souveraineté britannique.
Les républicains Irlandais continuent à aspirer à une Irlande unie et libérée du jour Britannique, mais ils s'appuyent sur des méthodes pacifiques.
Si l'I.R.A. avait été forcée de renoncer à sa vision de réunir l'Irlande avant que les négociations puissent commencer, il n'y aurait jamais eu la paix.
Pourquoi devrait-on exiger plus des Palestiniens, en particulier quand l'esprit de notre peuple ne le permettrait jamais ?
Quand le Hamas donne sa parole à un accord international, il le fait au nom de Dieu et donc il tiendra parole. Le Hamas a honoré ses précédents cessez-le-feu, puisque les Israéliens le constatent à contrecoeur en disant ces mots souvent-entendus : "Au moins au Hamas, ils font ce qu'ils disent."
Cette offre de hudna n'est pas une ruse, comme certains l'affirment, pour renforcer notre arsenal militaire, pour gagner du temps afin de mieux nous organiser ou consolider notre mainmise sur l'Autorité Palestinienne.
En effet, les mouvements politiques basés sur la foi en Algérie, en Egypte, en Irak, en Jordanie, au Kowéit, en Malaisie, au Maroc, en Turquie et au Yémen ont utilisé des stratégies semblables à la Hudna pour éviter d'aggraver un conflit. Le Hamas se conduira sagement et honorablement.
Nous, les Palestiniens, sommes disposés à entrer dans une hudna pour provoquer une fin immédiate de l'occupation et pour initier une période de coexistence pacifique où les deux parties s'abstiendraient de toute forme d'agression ou de provocation militaire.
Pendant cette période de calme et de négociations, nous pourrions aborder les questions importantes comme le droit au retour et la libération des prisonniers.
Si les négociations n'aboutissent pas à un accord durable, la prochaine génération de Palestiniens et d'Israéliens devra décider si elle veut ou non renouveler la hudna et la recherche d'une paix négociée.
Il ne peut y avoir de solution globale du conflit aujourd'hui, cette semaine, ce mois-ci, ou même cette année. Un conflit qui s'est infecté depuis si longtemps peut, cependant, être résolu par une décennie de coexistence et des négociations pacifiques.
C'est la seule alternative raisonnable à la situation actuelle.
Une hudna mènera à une fin de l'occupation et créera l'espace et le calme nécessaires pour résoudre toutes les questions en suspens.
Peu de gens à Gaza rêvent. Ces six derniers mois, il a même été difficile de dormir. Pourtant, l'espoir n'est pas mort.
Et quand nous osons espérer, c'est ce que nous voyons : une hudna de dix ans pendant laquelle, Inshallah (Si Dieu le veut), nous apprendrons à nouveau à rêver de paix.
Source : The New York Times
Traduction : MG pour ISM
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Ahmed Yousef
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