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Palestine occupée -

Les Palestiniens refusent d’abandonner leur cause, accord ou pas accord

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16.3.2020 - Les Palestiniens ayant refusé l'"accord du siècle" de Donald Trump, il est question d'"acheter" leur approbation par des incitations et des privilèges financiers. Des pressions politiques seront exercées jusqu'à ce qu'ils l’acceptent.

Les Palestiniens refusent d’abandonner leur cause, accord ou pas accord

Le soi-disant "plan de paix" a été dévoilé au coup par coup, d'abord lors de la conférence de Bahreïn en juin dernier, sous la bannière "Paix pour la prospérité". Washington avait déjà imposé sa politique d'étranglement des Palestiniens afin qu'ils se rendent et acceptent l'accord. Non seulement l'aide américaine à l'UNRA a été réduite de 359 millions de dollars en 2017 à 65 millions de dollars en 2018, mais elle a également été complètement interrompue en 2019.

L'aspect économique de l'accord repose sur la contribution des pays donateurs et des investisseurs à hauteur de 50 milliards de dollars, dont 28 milliards sont destinés aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza occupés, 9 milliards allant à l'Égypte, 7,5 milliards à la Jordanie et 6 milliards au Liban. S'ajoutent à cela 15 milliards de subventions, 25 milliards de prêts bonifiés et le reste provenant de capitaux privés.

En outre, 179 projets de développement économique seront financés, dont 147 en Cisjordanie et à Gaza, 15 en Jordanie, 12 en Égypte et 5 au Liban. Leur mise en œuvre s'étendra sur 10 ans, créant un million d'emplois pour les Palestiniens, doublant leur produit intérieur brut et réduisant le taux de pauvreté de 50 %.

Les secteurs publics qui seront financés par l'accord de Trump comprennent les transports, l'énergie, les services numériques, l'eau, la gouvernance et les réformes, l'éducation, le tourisme et les ressources naturelles. Le secteur de la santé, la construction de logements, l'agriculture, le développement des entreprises et la main-d'œuvre, ainsi que le financement destiné à améliorer la qualité de vie générale seront également couverts.

Tout cela n'a cependant aucun sens, les Etats-Unis n’ayant pas réussi à débloquer les négociations politiques gelées entre les Palestiniens et les Israéliens. Cet échec a amené les envoyés spéciaux du président états-unien à se concentrer sur les progrès économiques en Cisjordanie en particulier. Ils estiment que l'amélioration de la situation économique stimulera les progrès politiques, dont la reprise contribuera à créer la confiance entre les Palestiniens et les Israéliens.

Bien que l'on entende beaucoup parler de Jared Kushner, gendre et conseiller principal de Trump, ainsi que de l'ancien envoyé Jason Greenblatt et de David Friedman, l'ambassadeur US en Israël, la proposition américaine signifie plus ou moins l'acceptation de la proposition de "paix économique" de Benjamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien a évoqué cette idée il y a plusieurs années.

Outre les aspects financiers de l'accord, si les relations israélo-palestiniennes sont loin d'être cordiales, des rencontres de nature économique et commerciale entre les deux parties ont toujours lieu. Elles sont de nature proche de l'accord et de ses scénarios. Plusieurs personnalités israéliennes de statut et de rôles différents ont rencontré des Palestiniens, notamment le chef d'état-major des forces de défense israéliennes, le lieutenant général Aviv Kochavi, qui a récemment rencontré Bashar Al-Masri, un homme d'affaires palestinien bien connu.

Ces rencontres constituent une part importante de la "paix économique" qu'Israël recherche car elles favoriseront les rencontres entre d'autres hommes d'affaires israéliens et palestiniens, ce qui augmente l'influence de ces derniers dans la prise de décision politique à Ramallah. Israël préfère communiquer avec ces Palestiniens plutôt qu'avec les hommes politiques, ce qui signifie souvent que tous les services que les Palestiniens souhaitent sont assurés par l'administration civile israélienne, sans que l'Autorité palestinienne n'ait aucun rôle à jouer. Ces réunions sont permanentes et sont très dangereuses dans le cadre de l'ingérence israélienne dans la vie des Palestiniens.

L'intention est clairement d'affaiblir l'AP, alors pourquoi l'Autorité est-elle si silencieuse ? Qu'arrive-t-il aux dirigeants palestiniens ?

Les Palestiniens ordinaires, quant à eux, considèrent ces réunions avec suspicion comme faisant partie du processus de "normalisation", ainsi qu'une approche "carotte et bâton" du ministère israélien de la Défense allant directement vers le peuple plutôt que vers les hommes politiques et limitant l'influence de l'AP. Il est même prévu de créer un site web pour permettre des liens directs entre Israéliens et Palestiniens.

Compte tenu de l'effondrement imminent de l'AP, les capitalistes palestiniens cherchent à contrôler la prise de décision et à renforcer le lien entre l'économie palestinienne et celle d'Israël. Les Israéliens ne sont pas prêts à renoncer à leur contrôle de l'économie en Palestine car ils ne veulent pas perdre l'accès à une main-d'œuvre et à des matières premières bon marché.

Les hommes d'affaires palestiniens impliqués profitent de ces rencontres en obtenant des cartes "VIP" qui leur permettent d'entrer facilement en Israël, de passer par l'aéroport Ben Gourion et de franchir les points de contrôle israéliens en Cisjordanie au lieu d'attendre des heures. Tout cela fait partie des aspects économiques du deal du siècle.

Cependant, la plupart des Palestiniens rejettent l'idée de bénéficier économiquement de l'accord de Trump, car le conflit avec Israël est très politique. Ils pensent généralement que promouvoir le développement économique aux dépens du progrès politique est la preuve que cette option a échoué, car il ne peut y avoir d'économie palestinienne forte sous occupation. En outre, la question palestinienne est avant tout une question de libération nationale pour un peuple occupé, ainsi que de retour des réfugiés dans leur patrie.

De plus, le "deal" économique est réalisé sous une Autorité palestinienne qui souffre déjà de graves crises financières lorsqu'il s'agit de payer les salaires des employés et qui fonctionne dans le cadre de l'Accord économique de Paris, profondément injuste, qui lie les économies palestinienne et israélienne. C'est ce qui donne à Israël le droit de saisir les recettes fiscales provenant des marchandises qui entrent dans les territoires palestiniens, un outil qu'Israël utilise pour faire pression sur l'AP, en les retenant et en les libérant chaque fois que l'occupation le permet.

Les Palestiniens pensent toujours que l'objectif principal de leur lutte est de mettre fin à l'occupation israélienne plutôt que de la stimuler économiquement tout en érodant les droits légitimes du peuple occupé et en détruisant toute initiative de développement économique acceptable pour eux si ce développement contribue à résister à l'occupation et à y mettre fin.

Alors que l'accord du siècle cherche à construire des relations commerciales entre Israël et les Palestiniens comme une voie vers un futur règlement politique, les motivations d'Israël découlent de son besoin de sécurité. Cette sécurité exige que l'occupation reste en place. Il y a donc une différence fondamentale dans les approches du "plan de paix" de Trump. Une "paix économique" telle qu'envisagée par Netanyahou et Washington ne réussira jamais tant que l'occupation et ses infrastructures seront en place. La paix exige la fin de l'occupation ; c'est aussi simple que cela.

Le Hamas a anticipé l'inacceptabilité de l'accord et craint qu'il n'établisse simplement une nouvelle version de l'ancien statu quo. L'approche "carotte avec la Cisjordanie , et bâton avec Gaza" d'Israël peut se traduire par un plan économique israélien qui dit aux Palestiniens de la bande de Gaza assiégée "ni vivre ni mourir".

La méfiance et le rejet de l'aspect économique de l'accord du siècle n'ont pas été dissipés, non seulement parmi les Palestiniens mais aussi dans les milieux israéliens qui ne croient pas à son utilité. L'appel américain à la prospérité économique pour les Palestiniens au lieu de négociations avec l'AP n'est pas réaliste car il est impossible de séparer l'économie de la situation politique et sécuritaire en Palestine occupée. L'échec des efforts du "Quartet pour le Moyen-Orient" pour relancer l'économie de la Cisjordanie en est la preuve, notamment parce qu'il n'y a pas de liberté de circulation des biens et des personnes dans le territoire occupé. Il est donc évident pour tous les gens raisonnables que le seul aspect économique de l'"accord du siècle" entre les États-Unis et Israël est un échec ; les Palestiniens refusent d'abandonner leur cause, accord ou pas accord.



Source : Middle East Monitor

Traduction : MR pour ISM

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