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France - 15 janvier 2017
Par Badia Benjelloun
La France se glorifie d’être la nation européenne qui détient le plus ancien prisonnier politique européen.
Georges Ibrahim Abdallah est depuis trente-trois ans derrière les barreaux, détenu là-bas, dans une section de sûreté à Lannemezan. Le site est beau, cerclé à son midi par les hauteurs pyrénéennes, mal desservi par les transports ferrés et aériens. Enclavé, il est à plus de 7 heures de train de Paris et à 4 heures de Bordeaux.
Abdallah est un Libanais.
Il est communiste.
Enseignant, il militait dans les Forces Armées Révolutionnaires Libanaises et au sein du Front de Libération de la Palestine. Israël occupait le Sud Liban et était en passe d’introniser comme Président du Liban l’un de ses hommes.
Il a été arrêté à Lyon en 1984 pour détention de faux papiers et d’explosifs. Pendant qu’il purgeait une peine de quatre ans à laquelle il fut condamné pour ce motif, l’Etat français l’inculpe pour complicité d’assassinat. Il aurait participé à l’exécution en 1882 de Charles Ray, lieutenant-colonel appartenant à la DIA (Defense Intelligence Agency - Agence du renseignement de la défense) , Yacob Barsimentov, agent du Mossad.
Une peine de réclusion à perpétuité a été prononcée en 1987 au décours d’un procès où il fut défendu par un avocat dont on sait aujourd’hui qu’il travaillait au sein des Renseignements français. Alors que l’avocat général requérait un maximum de dix années, les Usa et Israël avaient fait pression pour une condamnation exemplaire.
Les preuves de l’implication de Georges Ibrahim Abdallah étaient ténues voire inexistantes.
Depuis, l’identité de la personne qui a tiré sur les deux militaires à Paris en 1982 a été révélée au public. C’est Jacqueline Esber, alias Rima, elle aussi militante communiste libanaise, décédée en Novembre 2016 après une vie passée dans la clandestinité, qui a procédé à la liquidation des deux attachés d’ambassade.
Qu’attend maintenant la France pour répondre à la demande de libération de Georges Ibrahim Abdallah, libérable depuis 1999 ? Par deux fois, le Tribunal d’application des peines lui a accordé une remise en liberté, en 2003 et en 2012.
Mitterrand avait amnistié les membres des Brigades Rouges italiennes qui avaient fui l’Italie et ses tribunaux d’exception politiques.
Qu’attend donc un gouvernement socialiste pour revoir une condamnation inique ?
Obama a gracié en 2015 l’espion israélien Jonathan Pollard, condamné à perpétuité en 1987 et qu’aucun Président étasunien ne voulait libérer.
Hollande aura-t-il l’audace avant la fin de son mandat voué à un suivisme israélo-américain préjudiciable au rôle de puissance diplomatique ide la France d’affirmer sur ce point au moins son indépendance ?
Lavera-t-il cette tâche honteuse, profitant du changement de paradigme en politique étrangère promis par le nouveau Président étasunien et arguant de la révélation de l’identité de la Camarade Rima?
Nous osons l’espérer, nous qui ne pouvons retenir nos larmes.
Nous qui faisons converger sens, vérité et justice dans ce qui nous est imparti d’existence.
Badia Benjelloun
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