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Palestine - 14 janvier 2006
Par Ameer Makhoul
Haïfa – Palestine - le 13 janvier 2006
Deux batailles électorales auxquelles participent deux composantes du peuple palestinien, chacune à part, et de façon distincte : l'une se situe en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec quelques habitants de la ville occupée d'al-Quds, pour élire le conseil législatif palestinien, dans le cadre de l'Autorité nationale palestinien, à la souveraineté limitée, et une autre à laquelle participent les Palestiniens à l'intérieur de la ligne verte, des élections parlementaires pour élire des représentants dans un Parlement qui n'est pas le leur dans un Etat qui n'est pas le leur, qui est la Knesset israélienne.
Ces élections qui se déroulent en même temps, des deux cêtés de la ligne verte, éclairent la situation.
D'un côté Israël domine politiquement la scène, dans le cadre d'une politique unique, une vision globale, concrétisée par le projet sioniste dans ses diverses manifestations, et de l'autre, qui est probablement la même, mais dans une autre perspective, où chacune des deux composantes du peuple palestinien agit, comme si elle était isolée de l'autre et isolée des réfugiés qui se trouvent hors du pays, et de ce fait, sont devenus hors du cadre de la prise de décision palestinienne.
Tout cela du fait de l'absence de l'Organisation de Libération de la Palestine, et la mainmise de l'Autorité Palestinienne sur son rôle, avec une bénédiction et une pression internationales.
L'absence de l'OLP fut accompagnée par l'écartement du projet national de libération et, au fur et à mesure que l'action politique palestinienne s'en éloigne, la partition du peuple palestinien s'aggrave et la relation entre les différentes stratégies de ses composantes se relâche.
Si l'OLP est toujours debout avec la conception d'un mouvement de libération nationale pour le peuple palestinien, il aurait pu en émerger des stratégies différentes qui prennent en compte la particularité du lieu de chaque composante du peuple palestinien, mais dans le cadre d'un projet palestinien et intégral de libération.
Cependant, en son absence, c'est l'état d'éparpillement qui est dominant sur la réalité palestinienne, avec comme conséquences la faiblesse des réalisations palestiniennes.
Cela ne nous avance pas beaucoup de dire que l'étape actuelle est une étape de recul général, car le peuple palestinien et ses forces actives ne sont pas spectateurs, mais font partie intégrante des acteurs de la situation palestinienne et de la situation générale, y compris israélienne.
La marche et la lutte du peuple palestinien ont montré que ce peuple a pu affronter et mener sa lutte de libération au cours d'étapes de recul local, régional et international.
Dans la situation présente, le cadre de la direction des Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza est l'Autorité palestinienne, et en Israël, le cadre dirigeant est "le Haut comité de suivi des masses arabes".
Tous les deux sont reliés au plafond israélien, contrairement à l'OLP, historiquement, et même contrairement à un conseil palestinien qui serait élu à l'intérieur d'Israël qui organiserait cette composante du peuple palestinien, et qui ferait partie des constituants de la direction de ce peuple.
L'état de fragmentation est ce qui domine, sur le plan palestinien.
Il fut imposé par la stratégie sioniste, et Israël essaie, depuis six décennies, Ã l'imposer et à le reproduire en tant que vision stratégique sioniste, visant à démanteler la structure du peuple palestinien, en tant que peuple, en détruisant ses droits et son projet de libération.
Il vise à morceler la question palestinienne, en en faisant des questions sur les Palestiniens, sans aucun lien palestinien entre elles.
Concernant les élections législatives palestiniennes, c'est Israël qui définit où elles auront lieu (la question de la ville occupée d'al-Quds), il essaie d'imposer ses résultats par avance, en essayant d'empêcher la participation du mouvement de la résistance islamique (Hamas), il définit pratiquement, avec le soutien américain absolu et international, les conditions de la participation de tel courant ou tel courant, par rapport à sa position envers Israël.
Il définit où se mèneront les campagnes électorales, tout cela sous occupation, dans un état de siège et de domination et d'interdiction de se déplacer, rétrécissant au maximum l'espace du déplacement palestinien.
Dans une grande mesure, Israël essaie de définir le plafond et la géographie de l'action palestinienne, selon "la solution finale" qu'il essaie d'imposer au peuple palestinien, d'après la stratégie de Sharon, qui est devenue la stratégie de l'unanimité du pouvoir israélien.
Concernant les élections de la Knesset, Israël possède ce parlement, et pose comme condition à tout parti voulant y participer d'admettre la judaïté de l'Etat, sans parler de sa légitimité absolue, et sur le plan palestinien, le refus de soutenir le droit du peuple palestinien à résister à l'occupation.
Tout parti est obligé de se comporter avec soi-même hors de la question palestinienne et à l'intérieur de l'équation israélienne et les règles de son jeu.
Les élections israéliennes ne sont pas le moyen pour organiser une partie importante du peuple palestinien dans sa patrie, à l'intérieur de la ligne verte.
Car le maximum auquel ce cadre pourrait aboutir est un soutien unilatéral des palestiniens à l'intérieur de la ligne verte à l'autre cêté de la ligne verte, mais dans le cadre d'une stratégie d'une solution à deux Etats selon la formule israélienne actuelle, qui signifie une solution à deux Etats, selon la nouvelle unanimité israélienne, un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, sans la ville d'al-Quds, avec le maintien des blocs de colonisation, au détriment des droits fondamentaux du peuple palestinien, et notamment du droit au retour, du droit à l'autodétermination, avec une souveraineté et des constituants limités.
Mon propos n'est pas de discuter l'efficacité de la participation ou de la forme, à ces élections. Il s'agit essentiellement d'indiquer la limite de l'action parlementaire palestinienne, non pas au niveau de ses réalisations ou capacités, mais la limite de la marge d'action et de l'horizon, bien que les élections, des deux cêtés de la ligne verte, bénéficient d'un large soutien et qu'une majorité évidente se prononce pour soutenir la participation, y compris au sein des Palestiniens à l'intérieur de la ligne verte.
Les résultats attendus concernent le renouveau de la vie politique, l'organisation partielle de la société palestinienne, notamment en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Mais ce n'est pas l'essentiel.
Ce que je veux indiquer est que les élections, dans les deux situations, et malgré les différences, n'ont pas pour objectif l'organisation du peuple palestinien et de son projet de libération sur la base de l'intégralité d'un peuple, mais vont, objectivement, dans le sens du rétrécissement du projet de libération au plafond imposé par le rapport de force actuel entre Israël et l'Autorité palestinienne d'une part, et Israël et les masses palestiniennes, citoyens non organisés au niveau palestinien, d'autre part, chaque composante demeurant isolée, sans réactions palpables, ni quantitativement, ni qualitativement, entre les représentations parlementaires dans les deux situations.
Toutes les deux participent au cadre d'un comportement fragmentaire, imposé par la force, il est vrai, mais aucune initiative n'est prise pour s'en débarrasser, au contraire, il est même reproduit sur le plan palestinien.
Ce qu'il faut affirmer, dans cette situation, c'est qu'il y a une tâche commune, qui est l'élaboration d'une vision intégrale palestinienne, par l'organisation du peuple palestinien dans tous les lieux où il est présent.
C'est le défi que nous devons affronter, sans lequel toutes les élections, ici et là-bas, demeureront hors de la souveraineté palestinienne, et nous continuerons à tourner autour, au lieu de définir son trajet.
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