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Gaza -

HRW : "Le tir d'artillerie israélien était à blâmer" dans le massacre de la plage de Gaza

Par

Rapport du 15 juin 2006

Israel devrait immédiatement lancer une enquête indépendante et impartiale sur les tirs d'artillerie israéliens du 9 juin contre une plage du nord de la ville de Gaza, déclare aujourd'hui Human Rights Watch.
Sept civils palestiniens qui pique-niquaient sur la plage ce jour-là ont été tués et des dizaines d'autres ont été blessés.

Les enquêteurs de Human Rights Watch se sont rendus sur les lieux pour examiner le cratère mortel et pour interviewer des victimes, des témoins, le personnel de la sécurité et le personnel médical.

"Il y a eu beaucoup de spéculation au sujet de la cause des morts sur la plage, mais les témoignages que nous avons recueillis suggèrent fortement que les tirs d'artillerie israéliens sont à blâmer." a déclaré Sarah Leah Whitson, directeur du Département Moyen-Orient et Afrique de Human Rights Watch. "Il est crucial qu'une équipe d'enquêteurs indépendante, avec l'expertise nécessaire, vérifie les faits d'une façon transparente."

L'enquête indépendante devrait comporter l'utilisation d'experts externes et internationaux. Human Rights Watch a demandé à l'Autorité Palestinienne d'autoriser une telle enquête, y compris de permettre l'accès au site à l'équipe d'enquêteurs. Israël a effectué une enquête interne de l'armée au sujet de l'incident et a publié ses résultats ce soir, disant que l'explosion n'a pas été provoquée par un bombardement de l'artillerie israélienne.

Cependant, ces investigations internes des Forces de la Défense Israélienne (IDF) sont généralement loin des normes internationales concernant des investigations complètes et impartiales et ont rarement découvert la vérité ou sont basées sur les témoignages des responsables des violations, comme documenté dans un rapport de 2005 de Human Rights Watch :, "Promouvoir l'Impunité : L'échec des militaires israéliens à étudier les infractions."


Le chef du Commandement Sud de l'IDF, le Général Yoav Galant, a déclaré que les Forces de l'IDF avaient tiré six obus d'artillerie sur un secteur décrit comme étant à environ 250 mètres de l'incident mortel entre 16h32 et 16:51 le vendredi 9 juin.

Les investigations de Human Rights Watch indiquent que les témoignages soutiennent fondamentalement les allégations que les civils ont été tués par des obus d'artillerie tirés par l'IDF.

L'attaque de la plage serait une forte réponse israélienne aux attaques de roquettes Qassam des groupes armés palestiniens agissant dans le secteur.

Human Rights Watch, qui étudie également l'utilisation des Qassams contre les civils israéliens, a précédemment invité les groupes armés palestiniens à cesser ces attaques illégales.

Les attaques Qassam violent le droit international parce qu'elles ne font pas de distinction entre les cibles militaires et les civils. Les roquettes Qassam sont des armes artisanales fortement imprécises qui sont incapables de viser des cibles spécifiques.

Les enquêteurs de Human Rights Watch actuellement à Gaza ont interviewé les victimes, les témoins, les officiers de sécurité et les médecins palestiniens qui se sont occupés des blessés après l'incident.

Ils ont également visité le site de l'explosion, où ils ont trouvé un gros morceau d'éclat d'obus non oxydé et déchiqueté, marqué "155mm", qui serait conforme à un obus d'artillerie tiré par l'artillerie Automotrice M-109 de l'IDF.

Human Rights Watch a parlé à l'unité du service du matériel d'artillerie palestinien qui a étudié trois cratères sur la plage, y compris celle où les civils ont été tués.

Selon le General Salah Abu `Azzo, responsable de l'unité palestinienne, ils ont également rassemblé et ont enlevé des fragments d'éclats d'obus conformé aux obus d'artillerie de 155mm.

Les témoins interviewés par Human Rights Watch ont décrit entre cinq et six explosions sur la plage entre 16:30 et 17h, la période où l'IDF a tiré à l'artillerie sur la plage et où les sept civils ont été tués.

Deux survivants ont dit qu'ils avaient entendu le bruit de l'arrivée d'un projectile et ont vu une tache floue en mouvement dans le ciel avant l'explosion qui a tué les sept civils. Les résidants du nord de Gaza connaissent bien les bruits des tirs d'artillerie réguliers.

Les médecins ont également confirmé aux enquêteurs de Human Rights Watch que les blessures de l'attaque, qui étaient principalement à la tête et au torse, sont conformes au lourds éclats d'obus de l'artillerie utilisés par l'IDF. Les médecins ont dit que les éclats d'obus qu'ils ont retiré des patients palestiniens à Gaza étaient du type qui provient d'un obus d'artillerie.

Selon des lectures d'un Satellite de Positionnement Global pris par Human Rights Watch, le cratère où les victimes ont été tuées était à proximité des autres cratères d'artillerie créés par l'attaque d'artillerie du 9 juin de l'IDF et était de mêmes forme et taille. Un cratère se trouvait à 100 mètres du cratère mortel, et les autres étaient entre 250 et 300 mètres.

Certains officiers israéliens ont suggéré que l'explosion pourrait avoir été provoquée par une mine placée par les militants palestiniens, plutôt que par l'un de leurs obus d'artillerie, malgré le fait qu'ils ne peuvent pas expliquer le lieu d'atterrissage final de l'un de leurs six obus.

Cependant, selon les enquêtes sur place de Human Rights Watch, la taille des cratères et le type des blessures sur les victimes ne sont pas conformes à la théorie qu'une mine aurait causé l'explosion.

Les cratères sont trop grands pour être faits par des mines bondissantes, le seul type de mines terrestres capables de produire des blessures à la tête et au torse du type dont ont souffert les victimes du 9 juin.

En plus, les groupes armés palestiniens ne sont pas connus pour posséder, ou avoir utilisé, des mines bondissantes;
L'équipe responsable des bombes du gouvernement palestinien a indiqué qu'elle n'avait jamais découvert de mine bondissante dans n'importe quel incident explosif.

Depuis son retrait de Gaza en septembre 2005, l'IDF a régulièrement frappé le nord de Gaza par des bombardements d'artillerie, en réponse aux attaques de roquettes Qassam tirées depuis le secteur par les groupes armés palestiniens.

Ces 10 derniers mois, Israël a admis avoir tiré plus de 5.000 obus d'artillerie sur le secteur. L'Office des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires donne un chiffre de 5.700 obus tirés par l'IDF depuis la fin mars 2005.

Selon le Ministère de la Santé palestinien, les tirs d'artillerie de l'IDF ont tué 47 Palestiniens, dont 11 enfants et cinq femmes, et ont blessé 192 autres personnes depuis septembre 2005. Ils ont également endommagé des dizaines de maisons dans le Nord de Gaza.

Les enquêteurs de Human Rights Watch visitant le secteur disent que presque chaque maison sur la périphérie des secteurs de Beit Hanoun et de Beit Lahia dans le Nord de Gaza a des trous comparables aux éclats d'obus de l'artillerie israélienne.

Dans une interview donnée le 10 juin au New York Times, le Général Aviv Kochavi, le commandant israélien pour la région Sud, a indiqué que le but des tirs d'artillerie était de décourager les futures attaques et de punir les résidants du secteur : "Le message que nous essayons de donner, vous pouvez l'appeler dissuasion, mais c'est "Mesdames et Messieurs, il y a une parité : aussi longtemps que vous tirerez des Qassams sur nous, nous tirerons sur vous."

Le droit international exige des forces attaquantes de faire une distinction entre les soldats et les civils, et de viser seulement les premiers.
Il interdit les attaques aveugles, qui utilisent une méthode ou des moyens de guerre qui ne peuvent pas faire une distinction entre les deux groupes. Il interdit également les attaques disproportionnées dans lesquelles les dommages civils sont supérieurs à la nécessité militaire.

"L'IDF a le devoir légal de tout faire pour vérifier que les cibles sont des objectifs militaires et pour éviter les décès de civils," dit Whitson. "L'enquête devrait déterminer comment les pique-niqueurs sur la plage sont morts et si le droit international a été violé. Si c'est le cas, il faut envisager comment dédommager le mieux possible les victimes et comment empêcher les futurs décès."

Les enquêteurs de Human Rights Watch ont été à Sderot et à Gaza pour une mission de recherche de données pour documenter l'impact des tirs de Qassam palestiniens depuis Gaza sur Israël et les bombardements de l'artillerie israélienne sur le Nord de Gaza.

En Israël, l'équipe était à Sderot quand la ville a été frappée par deux Qassams Palestiniens le jeudi 8 juin, et elle fût également témoin du tir de deux autres Qassams qui ont touché le même jour Ha’asara; il n'y avait aucun dommage apparent en raison de ces attaques.

Depuis la visite de Human Rights Watch dans l'ouest du Negev, les médias israéliens ont signalé que 54 roquettes Qassam avaient été tirées sur Sderot.
Selon les articles de journaux, dimanche une roquette a sérieusement blessé Yonatan Engel, un résidant de Sderot âgé de 60 ans.



Compte-rendus des témoins oculaires

Selon des témoins, la famille de Ghalya est allée à la plage le 9 juin pour une promenade de famille. Après que les obus soient tombés tout près, le père, Ali, a rapidement rassemblé sa famille et a appelé une voiture. Une explosion s'est alors produite au milieu du groupe de la famille.

"Je pouvais voir à l'intérieur de leurs jambes. Je pouvais voir leurs intestins sortis." a dit Mohamed Sawarka, 28 ans, qui s'est précipité sur les lieux pour aider. "Un bébé d'1 an était mort à l'intérieur de son landeau." Il a également trouvé une main dans le sable. Les médecins de l'hôpital de Shifa ont corroboré ce témoignage.


Amani Ghalya, 22 ans, souffre de graves blessures abdominales et a perdu un bras. Sa soeur, Latifa, 7 ans, est blessée au cerveau. Tous les deux étaient toujours dans le service de réanimation le dimanche 11 juin.
Leur mère Hamdia, 40 ans, la seconde femme d'Ali, souffert de fractures complexes et a perdu un morceau de chair au bras. Elle a également des blessures d'éclats d'obus à l'abdomen et dans la partie haute de la jambe.

Les membres de la famille tués dans l'attaque sont :
Ali Isa Ghalya, 49 ans;
Ra’issa Ghalya, 35 ans;
Haitham Ghalya, 1 an;
Hanadi Ghalya, 2 ans;
Sabrin Ghalya, 4 ans;
Ilham Ghalya, 15 ans; et
Alia Ghalya, 17 ans.

Les éclats d'obus de l'explosions ont également transpercé une voiture située à proximité où s'étaient cachées les filles de Hani Radwan Azanin : Nagham, 4 ans, et Dima, 7 ans.

Elles souffrent de blessures sérieuses au dos et au bras. Human Rights Watch est allé voir la voiture et y a trouvé des trous multiples d'éclats d'obus et un morceau d'obus.

"Tous les patients souffrent de blessures multiples. Il y a beaucoup de destruction d'os, de muscles, de peau" a dit le Dr. Nabil Al-Shawa de l'hôpital Shifa de Gaza, qui a soigné certaines des victimes.

L'équipe d'enquêteurs a pris des photographies de certains des survivants et sont disponibles sur le site internet de Human Rights Watch.

Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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