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Palestine - 18 juin 2006
Par John Pilger
La vérité de Miller était une réalité aperçue à la télévision le 9 juin quand les vaisseaux de guerre israéliens ont tiré sur des familles qui pique-niquaient sur une plage de Gaza, tuant sept personnes, dont trois enfants et trois générations.
Cela représente une solution finale, approuvée par les Etats-Unis et Israel, au problème des Palestiniens. Alors que les Israéliens tirent des missiles sur les pique-niqueurs palestiniens et sur des maisons Gaza et en Cisjordanie, les deux gouvernements les affament.
Les personnes les plus vulnérables à Gaza souffrent du pire traumatisme mental et physique en raison des actions d'Israël : près de la moitié de la population a moins de 15 ans.
Arthur Miller a écrit : "Peu d'entre nous peut facilement abandonner la croyance que la société doit d'une façon ou d'une autre se comprendre. La pensée que l'état a perdu l'esprit et punit autant de personnes innocentes est intolérable. Et donc les preuves doivent être niées intérieurement."
La vérité de Miller était une réalité aperçue à la télévision le 9 juin quand les vaisseaux de guerre israéliens ont tiré sur des familles qui pique-niquaient sur une plage de Gaza, tuant sept personnes, dont trois enfants et trois générations.
Cela représente une solution finale, approuvée par les Etats-Unis et Israël, au problème des Palestiniens.
Alors que les Israéliens tirent des missiles sur les pique-niqueurs palestiniens et sur des maisons Gaza et en Cisjordanie , les deux gouvernements les affament.
Les victimes seront en grande majorité des enfants.
Cela a été approuvé le 23 mai par la Chambre des Représentants aux Etats-Unis, qui a voté à 361 pour contre 37 de couper l'aide aux organisations non gouvernementales qui travaillent en Palestine occupée. Israël retient les revenus palestiniens et les recettes fiscales s'élevant à 60 millions de dollars par mois.
Une telle punition collective, identifiée comme crime contre l'humanité par les Conventions de Genève, évoque l'étranglement des Nazis sur le ghetto de Varsovie et le siège économique américain de l'Irak dans les années 90.
Si les meurtriers ont perdu l'esprit, comme Miller l'a suggéré, ils semblent comprendre leur barbarie et montrer leur cynisme. "L'idée est de mettre les Palestiniens à la diète." a plaisanté Dov Weisglass, un conseiller du Premier Ministre israélien, Ehud Olmert.
C'est le prix que les Palestiniens doivent payer pour leurs élections démocratiques de janvier. La majorité a voté pour le "mauvais" parti, le Hamas, que les Etats-Unis et Israël, avec leur penchant inimitable pour appeler un pot une bouilloire noire, décrivent comme terroriste.
Cependant, le terrorisme n'est pas la raison pour affamer les Palestiniens, dont le Premier Ministre, Ismail Haniyeh, avait réaffirmé l'engagement du Hamas pour ireconnaitre l'Etat Juif, en proposant seulement qu'Israël se conforme au droit international et qu'il respecte les frontières de 1967.
Israël a refusé parce que, avec son Mur d'Apartheid en construction, son intention est claire : prendre le plus possible de la Palestine, en encerclant des villages entiers et par la suite Jérusalem.
La blessure du tireur isolé
La raison pour laquelle Israël craint le Hamas, c'est que le Hamas n'est probablement pas un collaborateur de confiance pour subjuguer son propre peuple au nom d'Israël.
En effet, le vote pour le Hamas était réellement un vote pour la paix. Les Palestiniens étaient dégoûtés des échecs et de la corruption de l'ère d'Arafat.
Selon l'ancien Président Américain, Jimmy Carter, dont le Centre Carter a vérifié la victoire électorale du Hamas, "Les sondages d'opinion publique prouvent que 80% des Palestiniens veulent un accord de paix avec Israël".
Comment c'est ironique, en sachant que la montée du Hamas était due en grande partie au soutien secret qu'il a reçu d'Israël, qui, avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, voulaient que les Islamistes ébranlent l'Arabisme laique et ses rêves de liberté "modérée".
Le Hamas a refusé de jouer ce jeu machiavélique et, face aux attaques israéliennes, il a maintenu un cessez-le-feu pendant 18 mois. L'objectif de l'attaque israélienne contre la plage de Gaza était clairement de saboter le cessez-le-feu. C'est une tactique usuelle.
Maintenant, le terrorisme d'Etat sous forme de siège médiéval doit être appliqué au plus vulnérable. Pour les Palestiniens, une guerre contre leurs enfants est à peine neuve.
Une étude de terrain de 2004 publiée par le Journal Médical Britannique indiquait qu'au cours des quatre années précédentes : "Deux-tiers des 621 enfants… tués (par les Israéliens) aux points de contrôle… sur le chemin de l'école, dans leurs maisons, sont morts par le tir de petites armes, en direction, dans la moitié des cas, de la tête, du cou et de la poitrine : la blessure du tireur isolé."
Un quart des enfants palestiniens de moins de 5 ans sont fortement ou chroniquement sous-alimenté. Le mur israélien "isolera 97 cliniques de premiers soins et 11 hôpitaux des populations qu'ils servent."
L'étude a décrit : "Un homme dans un village maintenant clôturé près de Qalqilya [qui] s'est approché de la porte avec dans ses bras sa fille sérieusement malade et a prié les soldats en service de le laisser passer de sorte qu'il puisse l'emmener à l'hôpital. Les soldats ont refusé."
Gaza, maintenant bouclé comme une prison à ciel ouvert et terrorisé par les bangs sonores des avions de chasse israéliens, a une population dont près de la moitié a moins de 15 ans.
Le Dr Khalid Dahlan, un psychiatre qui dirige un projet de santé de la communauté sur les enfants, m'a dit : "Les statistiques que je trouve personnellement insupportables sont que 99.4% des enfants nous avons étudié souffrent de trauma… 99.2 % ont eu leurs maisons bombardées ; 97.5% ont été exposés au gaz lacrymogène ; 96.6% ont été témoins de tirs; un tiers a vu des membres de leur famille ou des voisins blessés ou tués."
Ces enfants souffrent de cauchemars et de "terreurs nocturnes" persistantes et de la dichotomie d'avoir à se débrouiller dans ces conditions.
D'une part, ils rêvent de devenir médecins et infirmières "ainsi, ils pourront aider les autres"; d'autre part, c'est rattrapé par une vision apocalyptique d'eux-mêmes comme une prochaine génération de kamikazes. Ils l'éprouvent invariablement après des attaques Israéliennes.
Pour certains garçons, leurs héros ne sont plus des joueurs de football, mais une confusion des "martyres" palestiniens et même l'ennemi, "parce que les soldats israéliens sont les plus forts et qu'ils ont des hélicoptères de combat Apache.".
Que ces enfants doivent maintenant être punis encore plus va au delà de la compréhension humaine, mais il y a une logique.
Au cours des années, les Palestiniens ont évité de tomber dans l'abîme d'une guerre civile, en sachant que c'est ce que veulent les Israéliens.
Détruire leur gouvernement élu tout en essayant d'établir une administration parallèle autour du président palestinien collusoire, Mahmoud Abbas, pourrait bien produire, comme Karma Nabulsi, un universitaire d'Oxford l'a écrit : "Une vision Hobbésienne d'une société anarchique… dirigée par des milices disparates, des gangs, des idéologues religieux et brisée en tribalisme ethnique et religieux, et des collaborateurs choisis. Regardez aujourd'hui en Irak : C'est ce que [Ariel Sharon] avait prévu pour nous."
Le nouveau "compte de corps"
La lutte en Palestine est une guerre américaine, faite depuis la base militaire étrangère la plus fortement armée de l'Amérique, Israël. En Occident, nous sommes conditionnés à ne pas penser au "conflit" Israëlo-Palestinien dans ces termes, tout comme nous sommes conditionnés à penser aux Israéliens comme des victimes, et non comme des occupants illégaux et brutaux.
Ce n'est pas pour sous-estimer l'initiative de l'Etat israélien, mais sans les F-16 et les Apaches et les milliards de dollars des contribuables américains, Israël aurait fait la paix avec les Palestiniens il y a bien longtemps.
Depuis la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis ont donné à Israël quelques 140 milliards de dollars, en grande partie sous forme d'armements.
Selon le Service de Recherches du Congrès, le même budget "d'aide" devait inclure 28 millions de dollars "pour aider les enfants (Palestiniens) à gérer la situation de conflit actuelle" et pour fournir "les premiers soins de base". Cela a maintenant obtenu un veto.
La comparaison de Karma Nabulsi avec l'Irak est juste, parce que la même "politique" s'y applique.
La capture d'Abu Musab al-Zarqawi fût un événement médiatique merveilleux : ce que la philosophe Hannah Arendt appelait "action de propagande", et ayant peu de rapport avec la réalité. Les Américains et ceux qui agissent en tant que leur corne de brume ont eu leur démon : même un jeu vidéo de sa maison qui se fait sauter.
La vérité est que Zarqawi était en grande partie leur création. Sa mort apparente sert un objectif de propagande important, nous distrayant en Occident de l'objectif américain qui est de transformer l'Irak, comme la Palestine, en une société impuissante de tribalisme ethnique et religieux.
Les pelotons de la mort, formés et entrainés par des vétérans de la "contre-insurrection" de la CIA en Amérique Centrale, sont critiques à cela.
Les commandos de police spéciaux, une création de la CIA dirigée par d'anciens des officiers des renseignements du parti Ba'ath de Saddam Hussein, sont peut-être les plus brutaux.
La mort de Zarqawi et les mythes au sujet de son importance guident également les massacres actuels des soldats américains tels que celui d'Haditha.
Même le Premier Ministre marionnette Nouri al-Maliki se plaint du fait que le comportement meurtrier des troupes américaines est "une occurrence quotidienne".
Comme je l'ai appris au Vietnam, une forme de massacre périodique, alors connue officiellement sous le nom de "compte de corps" est la manière dont se battent les Américains dans leurs guerres coloniales.
Sortez plus de drapeaux
Cela est connu sous le nom de "pacification". L'asymétrie entre l'Irak apaisé et la Palestine apaisée est claire.
Comme en Palestine, la guerre en Irak se fait contre des civils, la plupart du temps des enfants.
Selon l'UNICEF, l'Irak avait par le passé l'un des plus hauts indices de bien-être des enfants.
Aujourd'hui, un quart des enfants entre six mois et cinq ans souffrent de malnutrition aiguë ou chronique, situation bien pire que pendant les années des sanctions. La pauvreté et la maladie se sont aggravées avec chaque journée d'occupation.
En avril, à Bassora occupée par les Britanniques, l'agence d'aide Européenne Saving Children from War 'Sauver les Enfants de la Guerre) rapportait : "La mortalité des enfants en bas âge a augmenté de 30% par rapport à l'ère de Saddam Hussein."
Ils meurent parce que les hôpitaux n'ont aucun ventilateur et que l'approvisionnement en eau, que les Anglais étaient censés avoir réparé, est plus polluée que jamais.
Les enfants sont victimes des bombes à faisceau Américaines et Britanniques qui n'ont pas explosées. Ils jouent dans des secteurs souillés par l'Uranium Appauvri; en revanche, les équipes d'inspection de l'armée britanniques s'y aventurent seulement équipés de costumes anti-radiations sur l'ensemble du corps, des masques protecteurs et des gants.
Contrairement aux enfants qu'ils sont venus "libérer", les troupes britanniques recoivent ce que le Ministère de la Défense appelle "test complet biologique".
Arthur Miller avait-il raison ? "Nions-nous intérieurement" tout cela, ou écoutons-nous des voix lointaines ?
Lors de mon dernier voyage en Palestine, j'ai été récompensé, en quittant Gaza, par un spectacle de drapeaux palestiniens flottant à l'intérieur des propriétéss muréss.
Les enfants en sont responsables. Personne ne leur dit de le faire. Ils fabriquent des mâts de drapeaux avec des bâtons attachés ensemble, et un ou deux montent sur un mur et tiennent le drapeau entre eux, silencieusement.
Ils le font, en croyant qu'ils le diront au monde.
Source : http://www.newstatesman.com/
Traduction : MG pour ISM
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