Bethléem - 18 mai 2004

Le procès de Marwan Barghouty est un procès de la direction politique palestinienne

Par Nadi al-Asir

Communiqué de Nadi al-asir al-filistini (Club du prisonnier palestinien)

Le procès du député Marwan Barghouty, arrêté le 15 avril 2002, revêt des dimensions politiques et prend la forme d'un procès des buts nationaux palestiniens et de la politique légale du peuple palestinien, représentée par la fin de l'occupation

A travers la lecture des chefs d'accusation dirigés contre Marwan Barghouty, il apparaît que c'est la première fois qu'un tribunal militaire israélien présente des chefs d'accusation sous cette forme et avec ce contenu contre un détenu palestinien.

L'introduction montre clairement les buts politiques qui sous-tendent le procès, puisqu'elle commence par un texte général et non par des articles juridiques d'accusation, le chef d'accusation cite l'intifada en tant que terrorisme, et c'est en soi un procès de la lutte légale palestinienne contre l'occupation et un procès de la direction palestinienne, de ses positions et ses moyens de lutte.

Au cours des séances du tribunal, Marwan a réussi à faire de ce tribunal une tribune pour accuser l'Etat d'Israël, pour dénoncer sa politique répressive et criminelle envers le peuple palestinien, clarifiant qu'il a été kidnappé, arrêté et emmené dans l'Etat d'Israël de façon illégale, et que sa comparution devant ce tribunal est une violation du droit international humanitaire ainsi que des accords d'Oslo signés entre les deux parties, israélienne et palestiniennne.

Marwan a considéré que les chefs d'accusation présentées contre lui ne sont qu'une proagande extréimste et une incitation contre le juste combat palestinien, une façon de déformer le sens de ce combat en ignorant tous les éléments essentiels du conflit palestino-israélien, notamment la présence de l'occupation et de ses crimes.

Marwan a aussi ajouté que l'Etat d'Israël n'a pas la prérogative de juger les dirigeants du peuple palestinien qui assument leur rôle historique de chasser l'occupation de leur terre.

Marwan a absolument refusé d'écouter les chefs d'accusation, et a refusé d'écouter le tribunal disant qu'il a été emmené au tribunal par la force, refusant aussi de nommer un avocat pour le représenter, insistant que son procès est illégal, il se déroule par la force de l'occupation et non par la force de la loi.

Marwan est resté dans les sous-sol des interrogatoires 90 jours, une longue période qu'il a vécue de façon exemplaire, refusant de répondre aux interrogateurs et insistant sur le fait qu'il est un homme de paix, un militant de la liberté et que l'occupation est la cause de tous les désastres.

Marwan a réussi à changer la nature de son procès, transformant la dimension sécuritaire en dimension politique, attirant de cette façon un grand soutien régional et international.

Le gouvernement de l'occupation ne s'est pas contenté de diriger des accusations contre lui mais il l'a enfermé dans une cellule individuelle, par ordre du ministère de la sécurité intérieure, et il se trouve actuellement dans une cellule individuelle dans la prison de Beer Saba', privé de tous ses droits humains dans ce qui peut être comparé à une tombe.

La cellule dans laquelle il est enfermé a été creusée sous terre au temps du mandat britannique, elle est infestée de rats et d'insectes, remplie de sable, elle est dépourvue de tout moyen d'aération, et sa dimension est de 2m x 1,5m.

Marwan est soumis dans cette cellule à plusieurs mesures répressives, telles que les fouilles et les provocations, et quand il sort de cette cellule pour la récréation ou pour rencontrer son avocat, il est maintenu les pieds et les mains liés.

Son état de santé s'est détérioré, il a été emmené à l'hôpital de la prison de Ramlé pour faire des examens à la gorge.

A l'approche de son procès, jeudi prochain, la direction de la prison a interdit les visites des avocats et a imposé un isolement total, interne et externe.

La décision de traduire Marwan Barghouty devant un tribunal est une décision de faire le procès de la direction politique du peuple palestinien, de sa longue lutte légale, ce qui exige une attitude ferme pour mettre fin au crime de la guerre qui se déroule sous des couverts juridiques, et qui a dépassé toutes les considérations humanitaires et morales.