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Palestine - 18 mai 2004
Par Ibrahim Abul Hayga'
Quelques jours avant la commémoration du 56ème anniversaire de la Nakba (moment historique, le 15 mai 1948, où le mouvement sioniste a proclamé l'"indépendance de l'Etat d'Israël" entraînant l'occupation de la Palestine, l'expulsion de plusieurs centaines de milliers de Palestiniens et la destruction de leurs villages et maisons, ndlt), Gaza tout seul a offert près de 20 martyrs.
Plus de 100 maisons ont été détruites à Rafah tout seul, et tous les jours, la scène palestinienne vit une nouvelle nakba...
Les destructions, les meurtres, l'encerclement, même en pleine période de négociations, le feu ne s'est pas arrêté.. La face du règlement cachait l'autre côté, celui où le fort impose la reddition et n'accorde le droit dans aucune négociation ou paix, jusqu'au moment où nous sommes arrivés à Camp David, qui a clairement dévoilé le maximum que pouvait donner la gauche sioniste la plus à gauche, ce qui était alors caché s'est dévoilé et les mensonges du règlement sont apparus.
L'Intifada al-Aqsa a alors été déclenchée, avec toute sa colère cette fois-ci, sans être divisée entre favorable et hostile, entre le peuple et les forces, entre les forces et l'autorité, mais l'ensemble fut uni dans la résistance.
Il est vrai que jusqu'à présent, les buts divergent sur des points de détail, mais le volume du sang versé et la poursuite de la résistance tous les jours réduisent le fossé, clarifient la vision et enracinent la lutte contre l'ennemi sioniste.
Aujourd'hui, nous sommes face à une commémoration qui se renouvelle dans le présent palestinien, elle porte le nom de Nakba, lié à l'expulsion de notre peuple et à l'occupation de notre terre, mais ce massacre ne peut être mesuré seulement par la douleur et la souffrance, même si hier et aujourd'hui, elle porte le poids de la souffrance qui poursuit chaque palestinien, à l'intérieur ou à l'extérieur de sa terre.
Cette commémoration nous interpelle aujourd'hui pour une lecture différente.
La permanence du conflit, la capacité de ce peuple à offrir des martyrs, le fait que, jour et nuit, tout réfugié affirme son droit à sa maison et à sa terre, toutes ces vérités enracinées le long de ce conflit affirment que la Nakba est un nom qui ne correspond pas à ce peuple magnifique.
Il est vrai que nous avons les chiffres des réfugiés, les faits s'imposent avec force, la poursuite du silence arabe et musulman officiel, la poursuite de l'arrogance sioniste et le soutien américain à la permanence de cet Etat, financièrement, militairement et légalement.. se répètent tous les jours.
Comme dans le passé, le soutien britannique, les décisions de partage, la déclaration Balfour, et la faiblesse arabe...
Mais ces images semblables qui montrent la carte des forces dans l'histoire passée et le présent, peuvent nous égarer et nous faire omettre plusieurs réalités importantes et nouvelles :
1 - La résistance et le règlement
Le peuple palestinien ne s'est pas soumis, il a gardé la lutte ouverte contre la présence sioniste, malgré tous les coups de poignard reçus par la plupart des révolutions, de la part de la ligne officielle arabe.
Ces révolutions ne se sont pas tues, elles se sont renouvelées à chaque fois. Même si l'accord d'Oslo a exprimé une réalité soumise et une seconde nakba, il n'a été en réalité et d'autre part qu'une tentative israélienne pour arrêter les conséquences de la première intifada, qui commençait à secouer le moral des sionistes à l'intérieur et le sens moral de leur présence, à l'extérieur, même au niveau de l'opinion occidentale.
C'est pourquoi Oslo a été, d'un point de vue tout à fait opposé, l'expression de la reconnaissance sioniste de la défaite, et si quelques individus de l'OLP n'avaient pas accouru pour répondre aux propositions sionistes, l'Intifada aurait réalisé le retrait de la Cisjordanie et de Gaza, sans que notre peuple ait à payer des prix politiques et sécuritaires plus tard.
2 - Un ennemi en papier
50 ans de conflit ont prouvé que cet ennemi sioniste est facile à défaire et à faire plier. Les événements de la première et de la deuxième intifada, la bataille d'al-Karameh et la victoire au sud (Liban) prouvent réellement cette vérité. 50 ans pendant lesquelles le peuple palestinien a donné des dizaines de milliers de martyrs et de blessés, tout au long de son histoire (et ces années sont relativement peu nombreuses comparées aux époques du colonialisme).
Mais malgré sa courte durée, cette période (de 50 ans) a réussi à défaire l'ennemi et à le faire replier, et le plan de retrait de Gaza en est une preuve.
Aujourd'hui, Israël est un Etat qui est fort et uni en apparence mais son arrogance et sa criminalité cachent la réalité de la peur qu'il est en train de fuir et la crainte de la fissure dont il souffre.
3 - Les forces de soutien
Aujourd'hui, comme hier, il y a des forces qui soutiennent l'entité sioniste, à l'époque, ce fut la Grande-Bretagne, et aujourd'hui, les Etats-Unis qui sont parvenus au sommet de leur arrogance et de leur tromperie.
Mais aujourd'hui non seulement ces forces perdent leur crédibilité même en assurant ce qui est injuste, mais elles perdent aujourd'hui leur vanité et leur arrogance, et les événements de l'Irak ne sont qu'un début pour mettre en valeur leur crise morale et politique, ainsi que la limite de leur intervention militaire, même en étant des grandes puissances.
4 - Les réalités de la force et de la faiblesse
Aujourd'hui encore, il n'y a pas une seule vérité sur ce plan. Il est vrai que l'ennemi sioniste possède la force nucléaire de frappe mais il est faible et en chute, sur le plan moral, il a perdu sa sécurité interne, et plus de 80% d'entre eux sentent qu'ils sont menacés ou qu'ils peuvent mourir dans de prochaines opérations, et la victoire de Sharon n'est que la traduction de cette faiblesse interne profonde sur le plan moral et sécuritaire.
Même sur le plan de l'équilibre militaire, la question n'est pas dans un sens unique. L'arme nucléaire s'est répandue, même l'Inde et le Pakistan la possèdent, et elle se trouve dans les marchés, elle se vend et elle s'achète, et tôt ou tard, l'Iran et probablement les Arabes peuvent l'avoir.
Quant aux armes classiques, les cibles israéliennes ne sont plus lointaines, non seulement des fusées syriennes mais également des fusées du Hezbollah, qui sont plus modestes.
Donc Israël n'est plus une force capable seulement de causer des dommages aux autres, mais il peut aussi payer le prix très fort lorsqu'il décidera de mener le combat.
C'est ce qu'a compris Barak lorsqu'il a voulu imposer sa vision pour le règlement à Camp David pour obtenir un règlement au prix le plus bas, pour ne pas avoir à le payer cher cinq ou dix ans après (comme il l'a déclaré).
C'est ce que réalise Sharon aussi lorsqu'il propose le plan de désengagement de Gaza, par crainte que lui soit imposé ce qui est pire pour lui, comme il l'a reconnu.
5 - L'équation arabe officielle et populaire
Cela non plus n'est plus à sens unique. L'époque de la tyrannie et de l'abandon officiels n'est plus accepté par les peuples arabes.
De nouvelles générations arrivent, plus conscientes et plus capables d'affronter, et l'époque de la vérité n'est plus la propriété exclusive des moyens d'information officiels qui conçoivent les informations telles qu'elles veulent.
En un mot, la légalité des officiels, qu'ils soient arabes ou musulmans est actuellement secouée et faible, elle ne peut résister dix ans encore, et les peuples sentent le vent du changement.
Tôt ou tard, il ne pourra exister dans la région des régimes qui ont construit leur légalité au nom de la royauté, de la révolution, de la république ou de la tribu, car les peuples revendiqueront leurs droits et se dirigeront sans aucun doute vers leur ennemi principal dans la région.
6 - L'équation du règlement et de la foi
Elle est également faible et secouée. Le mensonge de la paix avec les sionistes a été démontré, et il n'existe plus aucune logique pour des négociations, et le peuple palestinien n'acceptera pas de revenir au carré dépassé par l'Intifada al-Aqsa, et quiconque souhaite s'en assurer, qu'il se penche sur les discussions de la période avant l'Intifada avec les gens, les penseurs et les intellectuels, la logique de la résistance était réduite, faible, encerclée et limitée à une seule partie, et la légalisation du règlement a faille gagner beaucoup de gens.
Mais les illusions du règlement se sont brisées après des années de maquillage qui a couvert la vérité sur ce que voulaient la gauche et la droite sionistes, et aujourd'hui, le sang du peuple palestinien écrit la réalité qu'il n'y a pas d'autre voie pour le peuple palestinien que de poursuivre, non seulement la résistance, mais la voie qui lui est tracée, car il est le seul capable et apte à assurer la victoire et la libération.
En résumé, pour la commémoration de la Nakba, la nakba se renouvelle (effectivement) mais elle porte dans ses entrailles les signes de la victoire.
Selon les conditions internationales et régionales, ainsi que des données internes et externes, l'équation est différente, et elle va de l'avant, non pour affirmer l'existence de l'Etat d'Israël, mais pour affirmer que c'est un Etat dont la permanence est mise en doute, par l'effritement de ses populations, la peur de ses citoyens, les secousses de son économie, et l'affaiblissement de la foi internationale en lui, et le recul de ceux qui le soutiennent.
La meilleure preuve en est le sondage réalisé il y a quelques mois en Europe qui considère qu'Israël représente le plus grand danger pour la paix mondiale. Il s'agit d'un critère important sur les possibilités de sa permanence.
Source : www.amin.org
Traduction : Palestine en Marche
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