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Iran - 25 novembre 2013
Par Ardavan Amir-Aslani
Ardavan Amir-Aslani est l'auteur en 2013 de Iran - Etats-Unis, les amis de demain ou l'après-Ahmadinejad (Editions Pierre-Guillaume de Roux). Il est interviewé par Arnaud Focraud pour le JDD (entretien publié le 24 novembre 2013)
INTERVIEW - L'accord sur le nucléaire iranien conclu dimanche à Genève a été salué par les puissances internationales qui ont directement négocié avec Téhéran. L'avocat et expert en géostratégie de l'Iran, Ardavan Amir-Aslani, juge pourtant sévèrement la position de la France dans ces discussions.
Le ministre de Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif serre la main du Secrétaire d'Etat américain John Kerry. Laurent Fabius quant à lui refusera l'accolade et lui donnera une petite tape très paternaliste sur le bras... (Image Global/Ttbf.be)
L'accord conclu dimanche à Genève permet-il aux puissances internationales de s'assurer que l'Iran ne conduira pas de programme nucléaire militaire ?
Incontestablement. Cet accord engage l'Iran à transformer la totalité de son uranium enrichi à 20% en fioul pour les réacteurs civils. Techniquement, le pays n'aura plus la matière première pour fabriquer une bombe.
Est-ce un accord véritablement contraignant ?
Pas encore totalement, puisqu'il s'agit d'un accord intermédiaire. Globalement, il impose un moratoire et vise avant tout à établir une relation de confiance entre les différentes parties. Les grandes puissances internationales se sont données six mois pour aboutir à un accord définitif. Si au terme des six mois il n'y a pas d'accord, l'Iran pourrait reprendre ses recherches sur le nucléaire militaire, si tel était son souhait.
La fermeté de la France il y a deux semaines à Genève a-t-elle permis un meilleur accord ?
Je ne le pense pas. Paris exigeait le démantèlement de la centrale d'Arak. Ce n'est pas le cas aujourd'hui : l'installation est suspendue. Il n'y aura certes pas de transposition sur ce site de nouveaux réacteurs, mais cela n'était même pas prévu dans les six prochains mois. Ce qu'a fait la France au cours de ces discussions n'a globalement servi à rien.
«Paris pourrait louper des contrats majeurs»
Selon vous, il y a donc un problème de cohérence dans la position française…
Bien sûr. Entre la position exprimée le 9 novembre et celle de ce week-end, il y a un virage à 180 degrés. La France n'est pas allée au bout de ses exigences, sinon il n'y aurait pas eu d'accord. C'est d'ailleurs pour moi une bonne chose. Cela aurait mis la France en porte à faux avec les autres grandes puissances mondiales. Car toute la planète espère le retour de l'Iran sur la scène mondiale.
Comment expliquer cette évolution de la France ?
Je vois trois raisons principales à sa fermeté exprimée il y a deux semaines. Pour faire plaisir aux pétromonarchies du Golfe, avec qui la France négocie des contrats militaires. Pour faire plaisir à Israël, à la veille d'un déplacement du chef de l'Etat (du 17 au 19 novembre, Ndlr). Et pour se venger des Américains après ce qui a été perçu par la France comme une humiliation dans la gestion de la crise syrienne. Mais cette position n'était pas très constructive à long terme.
Quel est le bénéfice de cette stratégie, maintenant qu'un accord a été conclu ?
La France est perdante. Elle s'est mis globalement à dos un peuple iranien francophile qui n'a pas compris sa position. Il y aura des conséquences. Paris pourrait louper des contrats majeurs. Aujourd'hui, tout le monde louche sur les marchés iraniens. La réintégration de l'Iran est le plus grand évènement économique depuis celle des pays de l'Est qui a suivi la chute de l'Union soviétique.
Qu'est-ce qui pourrait menacer à l'avenir cet accord ?
Beaucoup de choses. Aux Etats-Unis, les lobbys arabes et pro-israéliens vont tenter au Congrès de faire obstacle à la transposition de cet accord dans le temps. Il n'y a aujourd'hui aucune garantie que ce dossier aboutisse dans six mois. Mais je pense que la lame de fond qui ramène l'Iran sur la scène internationale est tellement puissante que, malgré les difficultés, celui-ci ne pourra être empêché.
Source : Le JDD.fr
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