USA - 17 novembre 2007

Rice : "Annapolis est indispensable pour repousser l'Iran"

Par Ami Eden

Le chef du bureau de JTA à Washington, Ron Kampeas, contribué à ce rapport

Face au scepticisme croissant concernant le prochain sommet de paix israélo-palestinien soutenu par les Etats-Unis, le Secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, a déclaré lors d'un rassemblement massif de Juifs que les progrès vers la solution de deux Etats étaient indispensables pour affronter l'Iran.

Photo David Karp : le Secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, prononce le principal discours lors de la session de clôture de l'Assemblée générale de l'Union des communautés juives à Nashville, Tennessee, le mardi, 13 Novembre, 2007.

"Ce qui est en jeu n'est rien de moins que l'avenir du Moyen-Orient," a déclaré Rice mardi lors d'une allocution devant les représentants de l'Assemblée générale de l'Union des Communautés Juives.

"De violent extrémistes, avec à leur tête, le gouvernement iranien, font tout ce qui est en leur pouvoir pour imposer la peur, leurs ressentiments et leurs idéologies haineuses aux peuples du Moyen-Orient", a-t-elle dit. "Cela rend la solution à deux Etats d'autant plus urgente que jamais."

En affirmant que Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, était un véritable partenaire de paix, Rice a dit qu'elle craignait que si les "Palestiniens réformistes" échouent à fournir au peuple palestinien l'espoir d'un Etat, alors "le centre modéré pourrait s'effondrer et la prochaine génération de Palestiniens pourraient devenir des parfaits exemples d'extrémisme effrené."

"Ce n'est pas le moment d'appliquer des demi-mesures", a-t-elle dit.

Le discours de Rice lors de l'assemblée générale survient au moment où se fait ressentir une opposition de plus en plus croissante des Juifs aux diverses propositions visant à reprendre les négociations entre Israéliens et Palestiniens et où une campagne grandissante souleve des questions sur l'engagement des dirigeants palestiniens dans la paix.

Alors que l'administration Bush félicite Abbas, les membres de la Conférence des Présidents des Principales Organisations Juives américaines soulèvent de nouvelles questions sur le dirigeant palestinien.

La Conférence des Présidents – organisation rassemblant les les principales organisations pro-israéliennes de la communauté juive - envisage une résolution demandant à Abbas d'annuler les clauses de la constitution de son parti, le Fatah, qui remet en cause le droit à exister d'Israël.

En outre, une coalition grandissante d'organisations orthodoxes et d'extrême droite se mobilise pour neutraliser toute proposition relative à la division ou au partage de Jérusalem avec les Palestiniens.

La semaine dernière, le New York Jewish Week, l'un des journaux juifs le plus lu dans le pays, a publié une colonne en haut de sa première page critiquant les efforts actuels de Rice.

Dans son article intitulé "la Folie de Rice", l'auteur et rédacteur en chef, Gary Rosenblatt, a écrit que "l'amnésie diplomatique s'abattait encore une fois sur Washington."

Partisan de la solution de deux Etats, Rosenblatt a néanmoins évoqué les préoccupations croissantes de certaines organisations juives influentes qui craignent qu'un échec du sommet finisse par déclencher un nouveau cycle de violence.

Dans une interview exclusive au JTA avant son discours devant l'assemblée générale, Rice a rejeté ces préoccupations.

"Nul ne peut se permettre d'échouer ici", a déclaré le secrétaire d'Etat. "Ne rien faire dans ces circonstances est un échec."

"Lorsque vous avez un partenaire palestinien qui est contre la violence et contre le terrorisme, et qui lutte contre un autre point de vue pour les Palestiniens", a expliqué Rice au JTA, "Je pense que ne pas agir est un risque bien plus important qu'agir ".

Citant un récent discours du Premier Ministre israélien, Ehud Olmert, Rice a déclaré que l'objectif du sommet d'Annapolis était de servir de tremplin pour le lancement de négociations continues sur la solution de deux Etats.

Rice a salué plusieurs mesures prises par Abbas et ses fidèles en Cisjordanie pour lutter contre le terrorisme.

"Franchement, certaines des choses qu'ils ont faites récemment comme la fermeture des organismes de bienfaisance, le gel des comptes bancaires - c'est un très bon début", a dit Rice aux JTA. "Les opérations de sécurité qui se passent à Naplouse sont un bon début."

Lors de son discours, Rice a été applaudi à plusieurs reprises lorsqu'elle a abordé la nécessité de défendre Israël, la lutte contre l'antisémitisme et de se confronter au Hamas et à l'Iran.

Mais la foule est restée silencieuse quand elle a qualifié Abbas de véritable partenaire de paix et qu'elle a dit que les Palestiniens avaient désormais une "direction responsable" avec qui Israël pouvait traiter.

"La question n'est pas seulement de savoir si nous avons la direction, mais ce qu'elle peut offrir," a déclaré Malcolm Hoenlein, le vice-président de la Conférence des Présidents, après avoir entendu les commentaires de Rice.

Il a noté que les responsables israéliens étaient sceptiques sur la capacité de la direction palestinienne à tenir ses promesses, surtout lorsqu'il s'agit des mesures de sécurité décrites dans les premières phases du plan de paix, la "Feuille de Route".

"Le véritable danger, c'est de ne pas susciter d'attentes qui conduiront à des frustrations, mais plutôt des objectifs réalistes et progressifs qui montreront aux gens où nous allons," a dit Hoenlein. "Les gens se tournent vers Annapolis pour voir s'ils peuvent arriver à un accord sur les principes."

Mis à part le contenu, il y a une certaine confusion quant à la date exacte et la durée de la conférence à venir.

Des sources américaines ont annoncé le sommet dans la semaine du 26 Novembre, mais elles n'ont pas été plus précises. Des sources de Jérusalem ont annoncé lundi que la conférence accueillie par les Etats-Unis aura lieu le 27 Novembre et se déroulera sur une journée.

On s'attendait à ce que la conférence dure deux ou trois jours. Si cela est vrai, la courte durée donne à penser qu'il n'y aura pas d'entretiens approfondis sur les perspectives d'un État palestinien.

Rice a semblé le confirmer dans son interview avec JTA.

"Ils ne vont pas créer un Etat palestinien à Annapolis", a-t-elle dit. Lorsqu'on lui a demandé si une participation des Saoudiens était assurée, elle a déclaré que les invitations n'avaient pas été envoyées pour l'instant. "Je ne veux pas spéculer sur les participants", a déclaré Rice.

Elle a ajouté que la conférence israélo-palestinienne "va se tenir", mais qu'elle ne s'attendait pas à ce que la conférence dure "plusieurs jours".

Diminuant davantage les attentes, Olmert a déclaré cette semaine en Israël qu'à Annapolis, il chercherait seulement à poser les bases des futures négociations de paix avec Abbas.

"Il s'agit d'une rencontre, ce n'est pas une session de négociation", a déclaré Olmert à sa faction parlementaire. "Mais il s'agit certainement d'une réunion destinée à fournir une occasion de générer un processus diplomatique entre nous et les Palestiniens".

Rice a déclaré devant les membres de l'Assemblée générale que la réunion d'Annapolis ne remplacera pas le plan de paix de la Feuille de Route et ne supplantera pas non plus les négociations directes entre les deux parties.
En plus de souligner la nécessité pour les Israéliens et les Palestiniens de prendre des décisions douloureuses, Rice a déclaré que les allés arabes de l'Americe devaient en faire plus pour soutenir le processus de paix.

"Si nos amis arabes de longue date désirent véritablement la paix", a déclaré Rice "alors ils doivent prouver à leur peuple et au monde que, selon eux, Israël a un foyer permanent au Moyen-Orient."

Source : The Jewish Telegraph Agency

Traduction : MG pour ISM