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Hébron - 11 novembre 2015
Par Megan Hanna
La vieille ville d'Hebron, localisée dans le « secteur H2 » sous contrôle militaire israélien total, fait l'objet de nouvelles restrictions dramatiques introduites la semaine dernière. Les soldats israéliens se sont emparés de plusieurs maisons dans la zone de Tel Rumeida et ont empêché les résidents de rentrer ou sortir, déclarant le secteur comme "zone militaire fermée" et interdisant l'accès aux non-résidents, dans un mouvement parallèle aux restrictions sécuritaires imposées récemment sur des secteurs de Jérusalem-Est.
Depuis le début du mois dernier, 22 Palestiniens ont été tués à Hebron, et 9 dans la vieille ville qui a été l'épicentre de l'escalade des tensions.
Même pour les 50 familles qui vivent à Tel Rumeida, qui ont eu simplement quelques jours pour faire enregistrer leurs noms et leurs cartes d'identité auprès des autorités israéliennes, ces mesures vont restreindre sévèrement leur liberté de mouvement, car ils devront subir des fouilles de sécurité rigoureuses à chaque fois qu'ils souhaiteront sortir ou entrer dans leurs maisons.
Selon un résident de Tel Rumeida, « Ils m'ont dit que j'avais le numéro 36 [sur la liste de ceux qui sont autorisés à enter et sortir], c'est comme la prison. Ils essaient de faire de toi un numéro, tu n'es pas une personne ».
Motasem Isied, 28 ans, habitant d'Hebron a parlé à Mondoweiss à propos des évènements récents : « C'est assez préoccupant ce qui se passe ici. En tant que Palestiniens, nous sommes familiers de ce genre d'incidents – raids de nuit, gazs lacrymogènes et autres – mais tout le monde est incroyablement en colère et triste à propos de ce qui se passe à Hebron, car ça n'a jamais été comme ça ».
« Maintenant, les secteurs sont contrôlés par le biais des noms, donc si tu n'es pas sur la liste tu n'y es pas autorisé. Certains des résidents ne sont même pas sur la liste, donc ils ne peuvent plus rejoindre leurs maisons. Ceux qui le peuvent sont complètement isolés socialement ».
Le groupe de défense des droits humains B'Tselem affirme que ces mesures « immorales » sont « draconiennes et ne sont pas dictées par la réalité », et « constituent une punition collective des résidents d'Hebron qui ne sont suspectés de rien et sont forcés de subir de sérieuses perturbations dans leurs vies quotidiennes ».
Un dirigeant de l'armée israélienne a affirmé que ces mesures sont en réaction à la récente montée des violences, et ont pour but de séparer les juifs et les palestiniens de la ville.
Baptisée « Interruption de respiration » (en anglais : Breathing Closure), l'opération a été décrétée comme étant de vagues « mesures de précaution » pour « contenir les attaques futures et maintenir la sécurité et le bien-être des Israéliens ».
« Les jeunes palestiniens sont constamment ciblés »
Le 26 octobre, 19 ans, s'est fait tirer dessus 7 fois alors qu'il marchait dans la vieille ville et a été laissé se vider de son sang pendant 40 minutes, ce qu'Amnesty International a appelé un « cas spécialement flagrant » de meurtre, ressemblant plus à une exécution extrajudiciaire qu'à un acte d'autodéfense. Trois jours après qu'al-Atrash soit assassiné, un autre Palestinien identifié comme étant Mahdi al-Muhtasib, 23 ans, a été tué à coups de feu près de la Mosquée Ibrahimi.
« Ca n'allait pas avant, mais le nouvel ordre est de tirer pour tuer, et ensuite de confirmer le meurtre. Ils tirent et après posent des questions », déclare Issa Amro, un activiste local de Youth Againts Settlements. « Dans le passé, les soldats ciblaient les personnes en résistance, maintenant les gens ont l'impression qu'ils peuvent tuer n'importe qui ».
Le corps inerte de Dania Ersheid et son foulard trempé de sang a représenté une image particulièrement choquante de la situation de crise dans la ville. L'étudiante de 17 ans a été victime d'un tir mortel par les soldats israéliens le 22 octobre sur le chemin de l'école en passant par la mosquée Ibrahimi. Selon un bulletin d'informations, « l'adolescente a levé ses bras en l'air et dit 'je n'ai pas de couteau' avant qu'elle ne reçoivent entre 'huit et dix balles' avant de tomber sur le sol ».
Aussi parmi ceux qui ont été assassinés, il y avait Houmam Adnan Isied, 23 ans, le cousin de Motasem. En parlant de l'incident, Motasem affirme que « Ca arrive toujours aux jeunes, ils sont des cibles pour des meurtres de sang froid, comme mon cousin. Il a été tué dans un secteur où il y a plein de caméras CCTV, et ils ont affirmé qu'il avait essayé de poignarder un soldat, donc nous avons demandé à voir les images. Bien évidemment, ils ont refusé ».
« Nous n'avons pas encore pu l'enterrer, son corps devait nous être rendu cette semaine. Ensuite, ils ont mis une condition selon laquelle ils le relâcherait seulement à minuit et que nous aurions jusqu'à 3 heures du matin pour l'enterrer. Mais ils ne nous l'ont toujours pas rendu. »
Lorsqu'il exprime sa peur des agressions imprévisible des militaires israéliens, Motasem témoigne, « Je peux me souvenir de ce qu'il s'est passé durant les années 90 pendant la 1ère intifada, et j'ai vécu pleinement la seconde. Même si c'était vraiment dangereux, tout le monde est d'accord pour dire que nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité comme maintenant. Car tu ne sais jamais quand, ou où, ou ce que les soldats vont te faire. En tant que jeune palestinien, tu es ciblé à n'importe quel moment et dans n'importe quel lieu à Hebron ».
Un militant international vivant à Hebron a dit à Mondoweiss : « J'ai été témoin des mesures de répression continues de l'armée israélienne sur les palestiniens, pas seulement à Tel Rumeida, mais partout dans le secteur H2. Voir des fouilles corporelles sur des Palestiniens sous la menace d'une arme n'est plus du tout une chose rare – et tout cela pendant que les colons marchent librement dans les rues et ne se font jamais stopper ou contrôler ».
Jusqu'à aujourd'hui, 80 palestiniens ont été tués dans la vague de violence qui a débuté à la fin du mois dernier en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés. Selon ces chiffres, au moins un tiers des décès palestiniens ont eu lieu à Hebron, où, en moyenne, un Palestinien a été blessé ou tué toutes les 3 heures dans la ville en octobre.
« C'est une ville fantôme maintenant »
Mais de telles statistiques ont une portée limitée pour évoquer l'immonde réalité de la vie quotidienne des Palestiniens vivant actuellement à Hebron. Motasem parle du fait qu'il est trop anxieux pour aller dans le vieille ville maintenant ; « Je n'y suis allé qu'une fois récemment, et il n'y avait personne dans les rues, c'était complètement vide à part des soldats. Les magasins près de la mosquée Ibrahimi sont soumis à un ordre militaire direct de fermeture depuis une semaine maintenant, cela affecte les familles qui dépendent de ces revenus ».
Hebron est unique en comparaison des autres villes de Cisjordanie , en raison de la présence de 800 colons sionistes vivant partout dans la ville, à côté du double de soldats israéliens qui sont basés principalement autour de 18 checkpoints, qui restreignent les mouvements de 30.000 habitants palestiniens. Alors que la ville connaît bien la violence et le contrôle militaire brutal, de telles mesures extrêmes n'ont pas été imposées depuis les conséquences du massacre de Goldstein en 1994, quand les autorités israéliennes ont fermé l’accès à certains secteurs et imposé des couvre-feux de 24H pendant 6 mois. Les habitants prient pour que ces nouvelles restrictions militaires soient de courte durée.
Source : Mondoweiss
Traduction : FS pour ISM
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