Gaza - 10 mai 2012

"Mon fils est mon sacrifice pour la Palestine"

Par Shahd Abusalama

9 mai 2012 - La matinée fut très mouvementée dans la tente de solidarité de Gaza. Lorsque je suis arrivée vers 10h du matin, plus d'une centaine d'enfants d'environ 4 ans sont entrés dans la tente, tous si beaux et innocents. Ils venaient du jardin d'enfants Gassan Kanafani, portant des pancartes où on pouvait lire : "Je veux embrasser Papa", "Je veux que Papa soit libre" ou "Liberté pour les prisonniers politiques palestiniens". Leur participation a mis des sourires sur les visages des grévistes de la faim et des familles des détenus, et ils ont joint leurs petites voix aux leurs pour scander "Libre, Libre Palestine !". Toutes les générations ont appelé, d'une seule voix, la victoire de la bataille pour la dignité de nos prisonniers politiques, qui se poursuit depuis 23 jours.

Les pancartes des enfants : "Non à l'isolement", "Liberté et dignité pour les prisonniers politiques palestiniens", "Nos coeurs et nos esprits d'enfants sont avec vous" (photo Joe Catron)
Peu après, une dame de 75 ans est entrée dans la tente en fauteuil roulant, entourée par une foule de gens et de photographes. Je me suis demandée qui elle était puis j'ai découvert qu'elle est la mère de Hassan Salama. Malgré son âge et son état de santé, elle a tenu à venir à la tente pour montrer sa solidarité avec son fils, qui est en isolement depuis 13 ans. Elle a fait un discours révolutionnaire émouvant, qui a enthousiasmé beaucoup d'auditeurs et leur a mis les larmes aux yeux, en particulier lorsqu'elle a dit : "Mon fils est mon sacrifice pour la Palestine." Elle et les autres mères des détenus sont les symboles de la résistance.

La mère de Hassan Salama dans la tente de solidarité

Nous considérons le confinement solitaire comme l'un des crimes les plus horribles et l'un des châtiments les plus durs que les services pénitentiaires israéliens infligent à nos courageux détenus par. Son but est de briser l'esprit du prisonnier et de ravager sa santé physique et mentale aussi rapidement que possible. Mettre fin à cette mesure injuste est l'une des principales exigences de nos prisonniers que vise cette grève, car elle constitue une violation grave de leurs droits à la liberté personnelle, à l'intégrité corporelle et à la dignité.

Ensuite, des centaines de Palestiniens ont marché en solidarité avec les déportés de 2002 de l'Eglise de la Nativité à Bethléem. Le 10 mai marque le 11ème anniversaire de leur exil. On leur avait promis qu'ils pourraient rentrer après 2 ou 3 ans de déportation, et 11 ans après, ils sont toujours des réfugiés dans la Bande de Gaza. La déportation est une violation terrible de la 4ème Convention de Genève et une forme de nettoyage ethnique qu'Israël continue d'utiliser contre le peuple palestinien. Récemment, la détenue administrative Hana' Shalabi a été expulsée à Gaza, on lui a promis qu'elle reviendrait à Jenin après 3 ans d'exil, mais qui sait si elle sera jamais autorisée à rentrer chez elle ou si elle sera contrainte de vivre en exil pour toujours ?

Source : Palestine from my Eyes

Traduction : MR pour ISM