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Gaza - 19 septembre 2009
Par Eva Bartlett
"C'est le pire des sentiments, voir ma mère malade comme ça, et savoir qu'il n'y a rien que nous puissions faire pour l'aider. Personne, aucun pays ne pourra l'aider. Parce qu'elle est palestinienne. De Gaza."
C'est l'histoire d'une mère de Gaza. Mais c'est l'histoire de tous les Palestiniens de Gaza qui sont malades et ont besoin de traitements médicaux à l’étranger, des traitements qui sont indisponibles en raison du siège imposé à Gaza par Israël et l’Egypte et le massacre israélien de l'hiver 2008/2009 à Gaza.
Le Ministère palestinien de la santé indique que 356 Palestiniens de Gaza sont morts en raison de l’interdiction d’accès aux soins médicaux. Les derniers décès incluent une enfant de 3 ans, Huda Qandil, qui est décédée le 14 Septembre d’un cancer non soignable à Gaza. La précédente martyre, une enfant de 7 ans, Dina Az-Zakzouk, est décédée d’une tumeur.
En août 2009, IRIN signalait sans son bulletin d’informations que "Dans un rapport publié en juillet 2009, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à Jérusalem indique que les médecins et les infirmières de Gaza n'ont pas le matériel médical pour répondre aux besoins de santé des 1,5 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza .
Le matériel médical est souvent en panne, par manque de pièces détachées, ou est obsolète. L'OMS attribue l'état lamentable du système de santé de Gaza au blocus imposé par Israël au territoire."
Le même article citait un père palestinien à qui "l’on donne seulement des analgésiques" pour son cancer, les médicaments nécessaires n’étant pas disponibles à Gaza. Plus loin, il précise que «le plus grand nombre de décès dus au siège se trouve parmi les malades d’un cancer. La radiothérapie pour les patients atteints de cancer n'est pas disponible en raison du manque de matériel, et la chimiothérapie n’est généralement pas possible en raison du manque de médicaments."
Et il ajoute: "En Juillet, le Ministère de la Santé de Gaza manquait de 77 médicaments de base sur les 480 répertoriés et de 140 équipements médicaux sur les 700 considérés comme indispensables, selon l'OMS."
Un reportage d’Al Jazeera publié en mai 2009 et intitulé "Retourne à Gaza et va y mourir" met en évidence la pression appliquée par les autorités israéliennes sur les Palestiniens qui tentent de sortir par Israël pour obtenir des soins médicaux.
"Selon l'organisation israélienne Médecins pour les droits de l'homme (PHR), il est de plus en plus demandé aux malades palestiniens de faire des choix impossibles: soit devenir des collaborateurs des services de renseignements israéliens – soit rester à Gaza sans traitement médical.
L'article disait que le PHR avait «recueilli des dizaines de témoignages de malades qui avaient été incités à collaborer avec les services de sécurité israéliens."
Parmi les témoignages, le PHR a trouvé "des cas où les gens pensent qu'ils ont une autorisation pour sortir, mais ensuite ils sont soudainement emmenés pour des interrogatoires. Parfois, le malade doit attendre dans une pièce pendant plusieurs heures, sans sa famille.
Puis, on l’emmène dans une autre salle pour interrogatoire. Ils peuvent poser juste quelques questions pour savoir si vous connaissez des membres du Hamas ou ils peuvent suggérer un accord de coopération à long terme: «Si vous nous aider, nous vous aiderons. Vous avez besoin d'un traitement, nous avons besoin d'informations. Nous vous donnerons un numéro, vous nous appelez une fois par semaine et vous nous donnez des informations sur vos voisins."
Si vous refusez, ils deviennent plus directs: «Retourne à Gaza et va y mourir".
Les malades sont dans une situation de perdant-perdant. S'ils refusent de coopérer avec les Israéliens et sont renvoyés, ils risquent la mort car ils ne peuvent pas obtenir de traitement approprié à Gaza.
S’ils parviennent à obtenir l’autorisation, ils seront soupçonnés de collaborateurs potentiels.
Que vous l’ayez vraiment fait ou non n'est pas si important. Si les gens pensent que vous avez collaboré, votre vie peut être en danger. À la fin, tout le monde soupçonne tout le monde. C'est comme dans 1984 d’Orwell.
Et c'est l'objectif : l'humiliation et la fragmentation.
Humiliation. Cette politique s'étend de la frontière israélienne à la frontière égyptienne.
Dima (ce n’est pas son vrai nom) est l'un des filles de Samira (ce n’est pas son vrai nom). Elle a parlé de la façon dont les autorités égyptiennes ont traité sa mère.
"Ils pouvaient voir qu'elle était malade. Elle était arrivée dans une ambulance, elle était assise dans un fauteuil roulant, elle avait des papiers de consultation du médecin pour ses problèmes rénaux. Mais ils l’ont traitée comme un sous-humain. Ils ont exigé de chacun d'entre nous 1400 $: à ma mère, à ma sœur, à mon frère et à moi-même. Comme nous ne pouvions pas payer, ils nous ont dit que nous ne passerions pas. Ils nous ont traités, nous et tous les Palestiniens, de chiens, de bons à rien."
Dima est une étudiante en 3ème année d’université qui est très intelligente et s’exprime bien. Sa sœur, de 2 ans sa cadette, est tout aussi prolixe et gracieuse.
Samira, souffre d'insuffisance rénale et a besoin en dialyse trois fois par semaine.
«Elle va mourir si elle ne reçoit pas de traitement. Mais à chaque fois qu’elle l'obtient, il faut au moins 8 heures: 2 heures d'attente, 4 heures pour le traitement, et 2 autres heures après. Il semble que nous passons notre temps à l'hôpital."
Sur ses 7 enfants, les 2 filles et son fils sont les seuls donneurs de reins potentiels. Ils savent que leur groupe sanguin correspond à celui de leur mère, mais ils sont incapables de passer à l'étape suivante et de faire d'autres tests pour voir si les types de reins correspondent. A Gaza, ce test n'est pas disponible, les machines n’existent pas.
Dima a parlé de la tentative de Samira pour voir si elle pouvait recevoir un rein de l’un de ses fils qui vit en Egypte.
"Elle s’est rendue en Egypte et ils ont tous les deux été testés. Mais leurs reins ne correspondent pas. Alors, elle a dû retourner à Gaza pour reprendre son traitement de dialyse. Elle a attendu 3 jours au passage de Rafah. Les deux premiers jours, les autorités égyptiennes l’ont renvoyée à Al Arish, en lui refusant son passage. Le troisième jour, après avoir attendu sous le soleil et s'être évanouie sur la route, elle a finalement été autorisée à rentrer à Gaza."
Source : http://ingaza.wordpress.com/
Traduction : MG pour ISM
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