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Bethléem - 17 octobre 2008
Par Mazin Qumsiyeh
Quand notre ami photographe a été cloué au sol et que de grosses bottes lui ont marché sur le cou pendant que sa caméra était bousillée, le temps a semblé s'arrêter. En quelques secondes, les autres membres ont tenté de l'aider (en suppliant le policier-colon brutal et les gardes-frontières et, à un moment en essayant de le protéger des coups violents avec leur corps) et six ont été "arrêtés" (j’utilise ce en terme entre guillemets parce qu'en réalité, ils ont été enlevés illégalement et pris en otage).
Les événements qui ont conduit à cet incident ont commencé avec l'intention des colons racistes (dont beaucoup d'entre eux ont un passeport étranger) de reprendre ce bout de terre de Beit Sahour qui a été pendant un certain temps utilisé par la Jordanie et, plus tard, par l'armée israélienne.
Les chrétiens et les musulmans palestiniens de Beit Sahour (le Champ des Bergers) et des villes et villages environnants ont continué à utiliser activement leurs terres à Ush Ghurab par des moyens créatifs et positifs en dépit des tentatives de recolonisation.
Nous nous joignons régulièrement aux militants internationaux des droits de l'homme pour montrer la force de la résistance non-violente et pour affirmer nos droits. Une partie des terres a déjà été aménagée en zone de loisirs avec des terrains de jeux pour les enfants. Dans d'autres parties sont prévus un jardin, un sentier de promenade et un hôpital.
Les Palestiniens et nos amis internationaux utilisent le site pour y effectuer de nombreuses activités comme des rencontres, des randonnées, des barbecues ou des pique-niques.
Ce jour (là, nous avons prévu une randonnée avec observation des oiseaux (Palestine Wildlife Society), une fête de la musique, et de l'athlétisme. Nous sommes arrivés à 11 h et notre première travail a été de prendre trois grosses poubelles (l’une pour les ordures, l'une pour le verre/plastique, et une autre pour le compost) et de les installer à l'endroit où les colons devaient se rassembler. Des dizaines de soldats lourdement armés nous ont bloqué la route.
Partie 1 : Début de l’action à Ush Ghurab, Beit Sahour
Nous avons demandé à voir l'ordre militaire indiquant la fermeture de la zone et ils nous ont montré un ordre qui disait que le secteur était une zone militaire fermée (ironique, puisque les colons ont été autorisés à y entrer sans aucun problème!).
Certains soldats se sont emparés d’une maison privée à proximité du site et ses propriétaires ont été emprisonnés dans une pièce tandis qu’ils la transformaient en position de l’armée où des armes étaient pointées sur nous depuis le toit et les fenêtres.
Nous avons demandé aux soldats de placer au moins les tonneaux/poubelles sur le site parce qu’à chaque fois que les colons viennent, ils laissent des ordures partout. Nous avons fait beaucoup de formation aux soldats et aux policiers (ou au moins à ceux d'entre eux qui ont écoutés).
Les soldats nous ont suivis dans notre randonnée sur la colline et lorsque nous sommes arrivés à proximité de la route des colons qu’ils utilisent pour monter en haut de la colline, ils ont commencé à insister pour que nous partions.
Alors que nous quittions les lieux, un ami a soudainement été attaqué par derrière alors que d'autres étaient attaqués et enlevés. On nous a dit que si nous retournions dans la zone du parc et que nous y restions, ils seraient libérés. Donc, en fin de compte, nos amis étaient pris en otage pour avoir un impact sur nos décisions (ce qui est considéré comme un crime de guerre et répond à la définition du terrorisme : tenter de forcer quelqu’un à faire quelque chose en menaçant de nuire à un ami ou un parent).
Nous avons poursuivi nos autres activités (y compris avec plus de 70 enfants qui avaient un festival de rap et de musique) alors que les négociations pour la libération de nos amis se poursuivaient et s’élargissaient avec la participation du maire et des officiers de l'armée d'occupation.
Enfin, au bout de plusieurs heures, cinq de nos camarades ont été relâchés et un autre était toujours en détention et sera peut-être expulsé. Les cinq camarades libérés étaient deux Palestiniens (l’un de Beit Jala et l’autre de Bethléem) et une Italienne, un Anglais et un Américain. Quand les soldats sont partis, nous avons remarqué que les soldats (mais pas les colons) avaient utilisé nos poubelles, mais qu’ils avaient également décidé d'ajouter quelques pierres !
Les colons prévoient de revenir avec leurs messages haineux le 9 Novembre. Nous allons rester ici avec activités pacifiques et créatives et nous invitons toujours ceux qui veulent se joindre à nous pour dialoguer ou agir en faveur de la paix.
A lire également le rapport de Maan News
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Mazin Qumsiyeh
17 octobre 2008