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Beit Furik - 10 novembre 2003
Par Ben
Aujourd’hui, je souhaite vous parler du village de Beit Furik, vous le présenter de façon géographique, pour que vous puissiez mieux imaginer la vie et le quotidien des habitants.
Nous vous avons envoyé de façon presque régulière, des nouvelles du village de Beit Furik en Palestine. Nous essayons de vous parler de la situation, des conditions de vie et de travail des habitants du village et des diverses difficultés auxquelles ils sont confrontés jour après jour. Nous avons surtout parlé jusqu’à présent de la récolte des olives dans les champs avoisinants, de l’aide nécessaire apportée par les internationaux et les groupes israéliens, et du comportement des colons venant d’Itamar et des soldats de l’armée qui à chaque occasion empêchaient les fermiers palestiniens de travailler en paix.
Aujourd’hui, je souhaite vous parler du village de Beit Furik, vous le présenter de façon géographique, pour que vous puissiez mieux imaginer la vie et le quotidien des habitants.
Beit Furik est un village de 12.000 habitants, situé dans la région de Naplouse. Au Sud-Est de Naplouse, après avoir passé le check-point de Huwara, en bifurquant sur la droite, vous arrivez au check-point de Beit Furik. S’ouvre à vous une petite vallée dégagée.
A gauche, les camps de réfugiés de Naplouse (Balata et Askar), situés derrière les villages palestiniens de Deir el Hatab et Salem, sont surplombés par des colonies israéliennes.
Au fond, sur les hauteurs, le village de Beit Dajana avec une vue magnifique sur toute la région. Et sur le flanc de la colline, à droite, Beit Furik, au milieu des oliviers, est surveillé par la colonie d’Itamar (qui garde un œil sur le village de Yanun situé sur l’autre versant de la colline).
Beit Furik est ainsi bien encadré grâce aux check-points et aux diverses colonies. Les Israéliens peuvent contrôler l’accès à tous les villages de la vallée et empêcher tout mouvement et toute communication extérieure si besoin est.
Beit Furik n’est relié à l’extérieur que par trois routes. La première route permet de se rendre à Naplouse, en traversant le check-point à l’entrée de Beit Furik. Ce barrage israélien, comme tous les autres check-points à travers la Palestine, a été fermé en moyenne 60% du temps depuis le début de l’Intifada. Il devient très difficile dans ses conditions de se rendre en Israël pour travailler, d’aller vendre ses marchandises à Naplouse ou bien d’aller visiter un parent dans un village voisin.
La deuxième route va en direction de Beit Dajan et permet de rejoindre la vallée du Jourdain plus à l’Est. Jusqu’à Beit Dajan, cette route de terre est souvent la cible des bulldozers israéliens qui viennent amonceler terre et blocs de pierre, obligeant les voitures à se frayer un chemin à travers les champs. Le passage des camions de marchandises est pratiquement impossible.
Cet été, la route a été entièrement dégagée grâce à l’aide des volontaires internationaux d’ISM, mais combien de temps va t-elle rester praticable ?
La troisième route, rejoint la vallée du Jourdain en passant par le Sud, mais cette route est dangereuse. Elle rejoint en fait une route réservée aux colons israéliens, et passe à proximité d’un camp militaire israélien. Si une jeep militaire passe à ce moment là…
Dans ces conditions, il n’est pas facile pour les habitants de Beit Furik de communiquer avec l’extérieur. La situation peut devenir critique lorsque un bouclage de la région est mis en place.
Beit Furik et Beit Dajan connaissent en plus de graves problèmes d’approvisionnement en eau. L’essentiel des ressources en eau proviennent des récoltes d’eau de pluie qui sont récoltées dans de grandes citernes, lors de la saison des pluies en automne. Mais lorsque ces ressources sont épuisées, à la fin de l’été, les problèmes commencent puisque les camions citernes ont beaucoup de mal à atteindre les deux villages. J’ai vu de nombreux amis à la fin du mois d’Août me montrer leur citerne vide, ils se procuraient de l’eau chez le voisin, mais lorsque le voisin aura épuisé ses réserves, que se passera t-il ?
Beaucoup d’habitants de Beit Furik allaient avant l’Intifada, travailler en Israël. Aujourd’hui, ceci est devenu difficile voire impossible. La plupart essaie donc de retrouver un travail dans les environs ce qui n’est pas chose facile, étant donné la situation économique de la Cisjordanie . Chacun se débrouille, et une quantité de petits magasins ont éclos dans tout le village.
Les étudiants ont des difficultés à se rendre de façon journalière à l’université de Naplouse (qui se trouve à moins de 3km !) et préfèrent souvent prendre un logement directement dans la ville, ce qui n’est pas dans les moyens financiers de tous. Les écoliers eux, n’ont certes pas de difficulté pour se rendre à l’une des deux écoles du village, mais ce sont les professeurs qui manquent, remplacés de temps à autre par les étudiants coincés au village.
Depuis le mois d’Aout 2002, le gouvernement de Sharon s’est employé à construire un Mur entourant toute la Cisjordanie , ceci pour empêcher toute infiltration en Israël. La première partie Ouest du Mur a été achêvée cet été. Bientôt, va débuter la construction de la partie Est du mur qui va passer en plein milieu de la vallée du Jourdain, et non pas au bord des tracés de la Cisjordanie de ce côté ci.
Et ce mur va passer dans la région de Naplouse, en entourant Beit Furik et Beit Dajan. Il ne sera donc plus possible de sortir des villages en utilisant les diverses routes partant vers l’Est et le Sud.
Une seule sera encore disponible, celle passant évidemment par le check-point, sous contrôle total israélien. Un comité de travail contre le Mur est en cours d’organisation dans Beit Furik, nous vous diffuserons bientôt des nouvelles de ses activités.
Source : http://www.beitfourik.levillage.org/
Traduction : BM
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