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Palestine -

Entretien avec Cheikh Tayseer Altamimi, juge suprême en Palestine : « Il faut commencer par Jérusalem, elle est le cœur ! »

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Propos recueillis par Valérie Beaudoin, journaliste au quotidien la République du Centre du jeudi 3 septembre 2009.

A la fois autorité civile et religieuse, ce juge suprême palestinien était à Dreux, vendredi dernier, pour une conférence à l’occasion du Ramadan dans une des mosquées de la ville.

Entretien avec Cheikh Tayseer Altamimi, juge suprême en Palestine : « Il faut commencer par Jérusalem, elle est le cœur ! »

Quelles sont vos fonctions en Palestine ?

Je suis en quelque sorte le juge suprême des Palestiniens. Lorsque les juges ou les savants religieux ont un doute, une question, un différend, ils peuvent me consulter. Je préside également une commission qui réunit des musulmans et des chrétiens.


Quel est le but de votre voyage en France ?

Je suis venu en France à la demande de l’union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM-93). Il s’agit pour moi de proposer des conférences et des débats autour de l’Islam en France, mais également de témoigner de la souffrance des Palestiniens. Le président des associations musulmanes, Hassan Farsadou, s’est déjà rendu à Gaza en compagnie de médecins, ils ont apporté leur aide et des médicaments aux Gazaouis. Le même genre de voyage sera réédité en octobre ou novembre.


Pouvez –vous nous évoquer la situation des Palestiniens de Gaza ?

C’est une catastrophe humanitaire ! Vous savez qu’il y a 1,5 millions de personnes qui habitent cette minuscule bande de terre. C’est un territoire le plus peuplé au monde. Depuis la guerre, les choses ont empiré puisque tout a été démoli et reste en ruines. La vie quotidienne est très difficile : les gens ne peuvent pas travailler, ne peuvent pas prier librement, ils sont surveillés sans cesse comme ces bateaux de pêche en permanence suivis par la marine Israélienne. Nous avons besoins de gens qui nous soutiennent pour sortir de cette situation. Mais c’est très difficile. Pour moi, par exemple, il est très difficile d’aller à Gaza même à Jérusalem, c’est compliqué. Les Israéliens, par exemple, ont interdit aux musulmans d’aller prier dans la mosquée de Jérusalem, vendredi, alors qu’on est plein mois de Ramadan, pendant que les juifs ultra-orthodoxes entrent dans la mosquée pour y faire n’importe quoi. Seules quelques femmes ont pu y accéder. Pour rejoindre Aman, en Jordanie et prendre un avion pour Paris, j’ai fait huit heures de route depuis Jérusalem.


Vous êtes engagé dans le dialogue inter-religieux, vous êtes intervenu à l’occasion de la visite du pape, les Israéliens reprochent parfois au pape d’être trop proche des Palestiniens, les Palestiniens disent le contraire, comment analysez-vous la position du pape ?

J’ai pris la parole devant le pape le 11 mai dernier (1) pour lui demander simplement d’être juste. Il avait visité des familles de soldats israéliens, je souhaitais l’équivalent de sa part envers les familles de Palestiniens qui souffrent. La délégation israélienne a quitté la salle au moment de mon intervention, le pape a attendu que j’ai terminé et leur a emboîté le pas. Je lui demandais simplement d’être juste au nom des Palestiniens musulmans, certes, mais aussi des chrétiens que je représente tout autant que les musulmans et qui souffrent tout autant. Chrétiens comme musulmans souhaitent l’indépendance de leur pays.


Pour autant, on a l’impression que les divisions minent l’unité palestinienne ?

Les Palestiniens plus que beaucoup d’autres peuples font preuve d’un grand sens de la démocratie. Il y a eu des élections libres, même les observateurs de l’ONU ont reconnu qu’il n’y avait pas eu de fraude et ensuite les résultats sont contestés. Ce genre d’attitude ne peut qu’engendrer la division et le désordre.
« Il faut commencer par Jérusalem, elle est le cœur ! »


Y a-t-il encore de l’espoir chez les Palestiniens et que pensez-vous de la politique de Barak Obama ?

Pour ce qui est de l’espoir, je dirais en tant qu’autorité spirituelle que l’espérance réside en Dieu. Mais l’espoir est de plus en plus ténu. Aucune pression n’est faite sur Israël pour que les droits des palestiniens soient respectés. Quant à la politique d’Obama, elle n’est pas très différente sur le fond de celle de Bush. Simplement Obama est plus subtil, plus intelligent et conduit les choses avec plus de finesse que son prédécesseur. S’il veut réussir dans cette région du monde, il faut qu’il commence par régler le problème de Jérusalem. Jérusalem est le cœur.



(1) « Le discours du Cheikh TAYSSIR TAMIMI et le pacte d’Omar »

Source : UAM93

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