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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Il y a une méthode dans toute cette folie

Par

> laila.elhaddad@gmail.com

Donc nous sommes de retour et je pense que je commence seulement maintenant à récupérer de ce que j'appelle "La gueule de bois du passage de Rafah."
Au début, vous vous sentez très bien et une fois que vous êtes enfin à la maison et que vous déballez vos sacs, vous pensez : "Hé, ce n'était pas aussi terrible !"
Puis, vers 18h, cela vous frappe comme un sac de riz. D'abord votre dos vous fait mal et c'est comme si vous étiez passé sous un camion.

Il y a une méthode dans toute cette folie


Les gens attendent depuis des semaines du côté égyptien de la frontière, l'ouverture du passage de Rafah


Donc nous sommes de retour et je pense que je commence seulement maintenant à récupérer de ce que j'appelle "La gueule de bois du passage de Rafah."

Au début, vous vous sentez très bien et une fois que vous êtes enfin à la maison et que vous déballez vos sacs, vous pensez : "Hé, ce n'était pas aussi terrible !"

Puis, vers 18h, cela vous frappe comme un sac de riz. D'abord votre dos vous fait mal et c'est comme si vous étiez passé sous un camion.

Alors vous commencez à perdre la sensation de vos jambes alors qu'elles s'engourdissent. La désorientation.. et bientôt, l'effondrement !

Vers 20h, vous êtes gelés et le lendemain vous vous réveillez sans savoir où vous êtes et avec un mal de tête qu'aucune quantité de café ne peut peut faire disparaitrer.

Yousuf s'est réveillé et il a marché jusqu'à la porte menant à notre balcon au lieu de passer par la maison sans se rendre compte qu'il était ailleurs. Cela nous a pris quelques jours pour enfin reprendre conscience.

La frontière elle-même était une image d'agonie. En raison d'un nombre sans fin de personnes qui attendaient pour passer, les Egyptiens avaient séparé les gens en plusieurs groupes par plusieurs barrages routiers.

Notre objectif final d'entrer dans Gaza semblait formidable à 7h, lorsque nous sommes arrivés et que nous avons vu des milliers et des milliers de passagers qui essayaient de passer par n'importe quel moyen.

Quand mes parents ont réalisé qu'ils ne passeraient pas rapidement avec un chariot tiré par un âne plein de bagages, Yousuf et moi sommes allés à l'avant avec seulement nos passeports et mon baluchon, pour y trouver environ 5000 personnes amassées devant la porte égyptienne qui attendaient pour entrer.

Seules très peu de gens étaient autorisés à passer en même temps, parce que les autobus qui étaient envoyés du côté palestinien ne pouvaient prendre que 80 personnes dont l'admission doit être validée par les Israéliens

Alors que nous arrivions à l'extérieur de la porte, j'ai vu des gens devant moi qui grimpaient les uns sur les autres pour jeter leurs sacs de l'autre côté et fendre la foule en essayant de passer les premiers.

Arriver seulement à cette porte fût fastidieux. C'était chacun pour soi.
Dans le chaos, une femme a oublié sa fille,à peu près du même âge que Yousuf, et je l'a prise de peur qu'elle soit écrasée sous des milliers de jambes.

Quelques heures plus tard, j'ai contacté mes parents qui s'étaient miraculeuxment retrouvé à l'avant alors que j'étais restée à l'arrière. Avec beaucoup de hurlements et de bousculades, je suis parvenue à me frayer un chemin à travers la foule pour les rejoindre, et bien sûr, il n'y avait plus d'attente à l'avant.

Quand nous sommes arrivés finalement du côté palestinien, il était environ 13h. Nous avons attendu dans l'infâme "autobus" que les Israéliens donnent leur approbation pour notre passage : apparemment, la vidéo-surveillance s'étend aussi à l'extérieur du terminal.

Les observateurs de l'Union Européenne coiffés d'un bérêt bleu observaient attentivement. J'ai regardé autour moi les visages des gens dans notre autobus, dont un homme qui avait des tiges de métal dans la jambe après sa cinquième opération de la jambe en 3 ans.

Je ne pouvais pas aider mais je me disais que personne ne réalise vraiment ce que les gens subissent…seulement pour rentrer chez eux.

Les passages se sont fermés peu de temps après nous, et des milliers sont restés derrière nous. J'ai regardé en arrière, en pensant pendant une seconde que je les avais abandonnés, sans savoir ce que je pouvais faire de plus.

On continue à me demander ce que l'on ressent lorsqu'on est de retour. Ma première impression : c'est comme si j'avais été aspirée dans un trou noir ou dans un vide.

Une entrée très mystérieuse dans un endroit qui a été méthodiquement transformé en un endroit le plus isolé au monde.
C'est comme si vous étiez distant, déplaçé et instable. Et naturellement, il y a un mélange de joie de vivre, de soulagement et d'incertitude.

Mais vous avez également l'impression d'être doué, comme si par le simple fait d'avoir pu passer, vous aviez effectué un acte impressionnant de défiance envers l'étreinte gigantesque de l'occupation par des moyens les plus confus et apparemment insignifiants.

Je pense que le sentiment le plus dérangeant et le plus accablant, c'est de réaliser que votre vie et la façon dont vous vivez continuent d'être entièrement et absolument contrôlées par un occupant, et que leur capacité à vous refuser l'entrée dans votre propre maison de façon tellement brusque, tellement arbitraire, mais tellement méthodique est admise en grande partie avec le consentement et la complicité du monde.


Source : http://a-mother-from-gaza.blogspot.com/

Traduction : MG pour ISM

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