Fermer

S'inscrire à la mailing list ISM-France

Recevez par email les titres des derniers articles publiés sur ISM-France.

Votre adresse courriel

Fermer

Envoyer cet article

Votre adresse courriel
Envoyer l'article à
Votre message
Je profite de l'occasion pour m'abonner à la newsletter ISM France.
ISM France - Archives 2001-2021

Imprimer cet article Envoyer cet article
Article lu 2462 fois

Jénine -

Ils tirent sur les Internationaux

Par

Le gouvernement israélien et son armée n'aiment pas les témoins.
Hier, le 22 Novembre 2002, une autre étape a été franchie. Alors que la population palestinienne pleure chaque jour la mort de nouvelles personnes : des enfants, des femmes, des personnes agées ou des résistants (1 990 morts à ce jour), hier, l'armée israélienne a frappé deux internationaux.

Iain Hook, 53 ans, un employé britannique de l'UNRWA (Agence des Nations Unies pour l'aide aux réfugiés Palestiniens) a été tué par l'armée israélienne lors d'une nouvelle incursion des Forces d'Occupation Israélienne dans JENINE. L'employé de l'ONU était sorti précipitamment d'un bâtiment un téléphone cellulaire à la main, le militaire a cru qu'il s'agissait d'une tentative d'attaque", a commenté la radio militaire israélienne ce matin.
L'armée israélienne a refusé à une ambulance, appelée par l'Unwra, l'accès immédiat à M. Hook qui est décédé par la suite avant d'avoir pu être transporté dans un hôpital.
Iain Hook était en charge d'un projet de reconstruction du camp de Jénine pour l' Agence des Nations Unies(Unrwa) partiellement dévasté en avril par des combats acharnés lors d'une vaste opération militaire israélienne.

Caoimhe Butterly, 24 ans, militante du Mouvement International de Solidarité, y a egalement été blessée par des tirs israéliens. Caoimhe Butterly, qui résidait depuis plusieurs mois à Jénine, a voulu s'interposer entre des blindés israéliens et de jeunes Palestiniens qui leur jetaient des pierres.
Elle a été blessée par un tir provenant de l'intérieur d'un blindé. Tôt vendredi matin, elle avait été interpellée par des soldats israéliens et retenue pendant plusieurs heures avant d'être remise en liberté. Elle avait été déjà blessée en août.

Cette nouvelle intervention militaire israélienne à Jénine a également coûté la vie à un enfant d'une douzaine d'années, tué par des tirs de mitrailleuse alors qu'il lançait des pierres.

Annie Higgins a recueilli le témoignage de Caoimhe Butterly sur les faits de la journée dans le camp de réfugiés de Jénine :

" Pour leur nouvelle reinvasion du Camp de Réfugiés de Jénine, les Forces d'Occupation Israélienne ont déclaré, ce matin, zone militaire fermée la partie basse du camp. Ils étaient équipés de 12 tanks, 10 jeeps et 2 hélicoptères Apache. J'ai essayé de m'interposer entre les enfants non-armés et les tanks lorsque j'ai reçu l'appel d'un ami qui me demandait d'évacuer sa sœur malade puisque l'armée israélienne ne permettait pas l'accès aux ambulances. Je suis partie avec un ami, un journaliste palestinien, et un autre bénévole international. Nous avons été arrêtés immédiatement et emmenés dans un endroit où 20 Palestiniens étaient détenus. Ils avaient les yeux bandés et les mains menottées. Certains n'avaient plus de pantalon, les autres étaient complètement dévêtus et ils avaient été sérieusement battus. Les soldats israéliens m'ont gardé pendant 2 heures durant lesquelles j'ai été interrogée brièvement, puis ils m'ont dit que j'étais libre de partir. J'ai demandé la permission de rester avec les hommes, dans l'espoir de minimiser la violence mais les soldats ont refusé en me disant que cela n'était pas autorisé. Alors que je refusais de partir, je fus expulsée manu-militari et ils me dirent que si je retournais dans le secteur, je pourrais être blessée par balle.

Alors que je rentrais, je suis passée devant le batiment des Nations Unies. Je m'arrêtai pour parler brièvement avec Iain Hook, le responsable de projet de l'UNRWA (Agence des Nations Unies pour l'aide aux réfugiés Palestiniens) à Jenine, qui m'a dit qu'il essayait de négocier avec les soldats pour que des femmes et des enfants puissent rentrer dans leurs maisons. Il sortit du batiment des Nations Unies armé du drapeau bleu des Nations-Unies. Les soldats lui répondirent en anglais par haut-parleur : " Nous n'en avons rien à faire que vous soyez des Nations-Unies ou qui vous êtes. Allez vous faire foutre et rentrez chez vous ".
Ces femmes et ces enfants essayent seulement de rentrer chez eux. Iain a dit que les choses tournaient mal. Il a insisté sur le fait qu'il voulait fournir un passage de sécurité pour ses 40 travailleurs Palestiniens et pour lui-même en se référant aux Lois internationales.
Certains parents inquiets avaient commencé à faire un trou dans le mur à l'arrière du batiment pour évacuer les enfants qui étaient là pour un programme de vaccination. Nous avons accompagné certains enfants afin de les ramener chez eux.

Ensuite, je me suis dirigée une nouvelle fois vers la maison de la jeunne fille malade. Sur le chemin, j'ai rencontré un groupe d'enfants qui m'ont dit que l'un de mes petits amis agé de 10 ans, Muhammad Bilalo, avait été tué et que 3 autres avaient été blesses par le tir d'un tank. L'un d'entre eux a été frappé à la tête. Aussi, je suis allé à l'endroit où les enfants étaient rassemblés et où les tanks leur tiraient dessus. J'ai descendu la rue pour me positionner entre les enfants et les tanks à environ 50 mètres du tank. J'ai essayé de dialoguer avec les soldats. Je les ai imploré de ne pas tirer à balles réelles sur des enfants désarmés. Ils cessèrent leurs tir. Quelques instants plus tard, un APC s'approcha du tank (un véhicule de transports de troupes de l'armée, semblable à un tank avec le même armement sauf le canon). Je pouvais voir leurs visages et j'imagine qu'ils pouvaient voir le mien. Je les avaient déjà vu en début de journée. Un soldat sortit le haut de son corps et son fusil de la tourelle du deuxième véhicule et commença à tirer. Au début, il a tiré en l'air et la plupart des enfants se sont dispersés en courant dans une ruelle du côté gauche de la rue. Trois petits enfants restèrent et j'ai essayé de les emmener dans l'allée en les trainant et en les poussant. Je me suis retournée et j'ai regardé par dessus mon épaule. J'ai pu voir que le soldat dans l'APC pointait son fusil sur moi à environ 100 mètres. Près de l'entrée de la ruelle, j'ai reçu une balle dans la cuisse. Alors que j'étais à terre, ils ont continué à tirer dans ma direction. J'ai rampé pour accèder à la ruelle et là, des adolescents m'ont trainé le reste du chemin. Aucune ambulance n'était autorisé à accèder au camp, aussi j'ai été emmenée sur un brancard de fortune vers l'entrée du camp où une ambulance du Croissant Rouge a pu me prendre en charge. Alors que j'étais dans la salle des Urgences de l'hopital de Jénine, Iain Hook de l'UNRWA a été ammené. Il est mort quelques minutes plus tard.

On nous a dit que lorsqu'il a été abattu, l'armée Israélienne a interdit à une ambulance clairement identifiée UN de l'évacuer pendant près d'une heure durant laquelle il a perdu énormément de sang. Finalement , les ambulanciers l'ont évacué en le sortant par le mur arrière que les employés avaient cassé un peut plus tôt.

Ayant été présente dans le camp toute la matinee, je peux certifier qu'aucun combattant Palestinien n'a tiré pendant les deux heures avant que nous soyons blessés. Quand je suis passée le matin devant le batiment des Nations Unies, il était cerné par des snipers et des soldats israéliens qui tiraient de façon désordonnée sur le camp. Deux personnes ont été tuées et six blessées. Tous sauf un ont été frappés par des tirs de tanks à l'extérieur du secteur déclaré zone militaire par l'armée Israélienne. Je n'ai pas été touchée lors de feux croisés comme les Forces d'Occupation israélienne l'ont faussement annoncé, et je ne crois pas que ce fut le cas pour Iain HOOK.

Le massacre ne s'est pas arrêté. Les violations aux Drois de l'Homme et les crimes de guerre vus par le Monde entier en Avril dernier continuent chaque jour à Jénine. Hier, les cas d'assassinats que vous avez remarqué, sont des jours habituels à Jénine. Il est devenu suicidaire de s'engager dans des actes basiques d'entre-aide. Les Forces d'Occupation Israéliennes s'engagent encore et encore dans une politique de " tirer pour tuer " sans tenir compte du fait que ses cibles soient des civils ou des combattants armés. Les Israéliens ont montré en Avril dernier qu'ils peuvent perpetrer un massacre et que la condamnation internationale ne peut même pas obtenir une ambulance pour évacuer une personne blessée.

Ainsi le manque de responsabilité vis à vis d'Israël devient provocant alors que des évènements tels que ceux dont nous avons été témoins hier deviennent presque habituels. Ce ne sont pas des opérations militaires. Ce sont des actes de terreur destinés à humilier, brutaliser et martyriser les Palestiniens jusqu'à la soumission. Il leur est refusé non seulement le droit de résister, mais celui d'exister. "

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG

Faire un don

Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.

Oui ! Je soutiens ISM-France.


Contacter ISM France

contact@ism-france.org

Suivre ISM France

S'abonner à ISMFRANCE sur Twitter RSS

Avertissement

L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.

Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.

D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

A lire également...
Même lieu

Jénine

Même sujet

Incursions

Même auteur

Annie Higgins

Même date

23 novembre 2002