Fermer

S'inscrire à la mailing list ISM-France

Recevez par email les titres des derniers articles publiés sur ISM-France.

Votre adresse courriel

Fermer

Envoyer cet article

Votre adresse courriel
Envoyer l'article à
Votre message
Je profite de l'occasion pour m'abonner à la newsletter ISM France.
ISM France - Archives 2001-2021

Imprimer cet article Envoyer cet article
Article lu 2247 fois

Liban -

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?

Par

Avant le début de l'expérience israélienne en 1948, l'un de ses fondateurs résuma le problème de la population palestinienne d'alors en ces termes : "les vieux vont mourir et les jeunes oublieront"
Comment évolue donc le problème ? Beaucoup des anciens sont morts ; il est vrai sans avoir jamais revu leurs maisons ni connu aucune justice en réparation de leur exil forcé et des spoliation subies. Qu'en sera-t-il pour leurs enfants, leurs petits-enfants, leurs arrières et arrières petits-enfants ?

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Camp de réfugiés de Nahr Al-Barid, près de Tarablus au Liban en 1952 : 6 000 réfugiés Palestiniens habitent sous des tentes. Aujourd’hui, le camp abrite 37 542 personnes. - Photo : www.shaml.org

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?

Accompagnez-moi pour une brève visite aux exilés. Notre premier arrêt est pour Nahr-al Barid (prononcé Nahh-Ra-Ba-Red) un camp de réfugiés au nord du Liban. C'est le premier camp de réfugiés officiellement ouvert par l'UNRWA pour la population qui fuyait à pied les attaques contre leurs maisons du nord de la Palestine.

Nous marchons plutôt rapidement à travers des chemins étroits délimités par des blocs de maison en ciment espacés d’un mètre.

Beaucoup de ces constructions font trois étages de haut, quelques unes font un peu plus, et laissent passer largement la généreuse lumière du ciel .

Mais comme la mer qui révèle ses trésors à mesure que vous plongez profondément loin du soleil, ces chemins en lacets dévoilent constamment des scènes d'hospitalité et de bienvenue : "Paix sur vous" et "Paix avec vous" Comment ça va aujourd'hui ?" ­ Bien, grâce à Dieu. Dieu vous garde vous et vos enfants".
Il y a quelque chose dans ces quartiers fermés qui fait sortir des individus soit le meilleur soit le pire.
Dans un passage exigü où tout le monde se frôle, c'est réconfortant que les gens fassent de ces rencontres des instants positifs. La sincérité surmonte le danger de superficialité même si ce n'est qu'un petit bout d'échange humain.

Nous frappons à une porte de métal divisée en deux par le milieu.
"Donnez-vous la peine d'entrée" nous répond-on.
Nous poussons le panneau droit de la porte avec son heurtoir en forme de coeur, et tombons dans un entrée carrelée.
A l'entrée de la salle du premier étage qui constitue la maison, nous déposons nos chaussures.
Au plafond, une ampoule donne plein de lumière remplaçant la petite fenêtre qui ne laisse passer que quelques rayons de lumière grise.
La lumière provient aussi de ce décor joyeux de fleurs en soie multicolores disposées un peu partout.

Voici le Dôme du Rocher à Jérusalem, un des trois cadres joliment accrochés aux murs.
Voici un souvenir de la Fête des Mères avec la photo du dernier adieu d'une mère à son fils au moment où il s'en va pour empêcher l'invasion de la patrie.
"Vous voyez, Tahani ? La nation est plus précieuse que le fils".

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Les murs des maisons et les bureaux deviennent des espaces d'exposition pour le drapeau palestinien. Plus d'une porte est faite dans un drapeau, et les proportions sont parfaites.
Les lieux saints de Jérusalem prennent des milliers d'aspects à travers les photos, les aquarelles, les peintures, les pastels, les dessins d'enfants, les calendriers, les ouvrages en perles et en coquillages, et sont encadrés avec des fleurs ou décorés avec la carte postale d'un martyr.
Si on mettait bout à bout toutes ces représentations du Dôme du Rocher, elles formeraient sûrement un lien assez long pour passer à travers toutes les allées du camp.

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Nous faisons une courte étape au camp de réfugiés de Baddawi qui abrite très peu de gens sur une très vaste surface. Ici le ciel est plus vaste que les bâtiments.
Mais une affiche couvrant tout un côté d'un bâtiment attire toujours l'attention, et nous le voyons parfaitement depuis toutes les rues et les zones ouvertes.
Un immense drapeau palestinien flotte dans le ciel bleu, avec une carte de la Palestine et le dôme du Rocher en son milieu.
Il est signé par le Comité de soutien à la Résistance en Palestine.

C'est une délégation d'artistes iraniens qui apportent leurs talents au cours de brèves visites et laissent les souvenirs colorés de leur solidarité sur des endroits bien visibles. Ailleurs, on voit la mosquée al-Aqsa avec un drapeau et, au premier plan, un membre armé de la Résistance.

Ont-ils oublié déjà oublié la Palestine ?

Est-ce que ceux qui les soutiennent de l'extérieur ont aussi oublié la Palestine ?


Nous, nous allons un peu plus loin cette fois et découvrons un portrait très haut au dessus du croisement du camp de réfugiés de Ayn-al-Hilwa.
Plus grand que la vie, Yahya Ayyash surveille les évènements quotidiens avec son écharpe/keffieh traditionnelle autour du cou. On l'appelait "l'ingénieur" en raison de ses connaissances techniques dans la préparation d'explosions contre un envahisseur qui a commencé à attaquer des civils palestiniens, et n'a jamais cessé.
Israël l'a détruit il y une dizaine d'années en faisant exploser son téléphone mobile par le biais d'un appel de son père.
Son portrait veille sur les rues du camp.

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


La pluie se met à tomber ou plutôt une petite bruine, aussi nous arrêtons-nous dans une boutique où des parapluies de toutes les tailles sont suspendus à un auvent.
Des drapeaux palestiniens, des écharpes/keffieh et des tee-shirts à l'effigie d'Arafat remplissent les rayons en verre d'un grand magasin. Le propriétaire est heureux de montrer ses trésors : souvenir à ramener à la maison. Souvenirs qui apportent la terre natale, la Palestine, là où vit l'exilé.

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Nous tournons dans une petite ruelle, comme celles de Nahr al-Barid, où l'absence de ciel assombrit notre chemin instantanément. Notre guide s'arrête, et nous nous arrêtons derrière lui parce qu'il n'y a pas assez de place pour passer côte à côte.
Une petite moto sur notre chemin s'est arrêtée à côté d'une toute petite boutique à la croisée de deux ruelles étroites.
Le pilote décharge des paquets de chips et des bouteilles de jus de fruits d'une boite à l'arrière de son porte-bagage.
Nous continuons dans le labyrinthe de béton et tournons jusqu'à une entrée en métal qui n'a rien d'exceptionnel.
Avec son escalier à mi-hauteur escalier, l'endroit ressemble à une maison de poupée et les murs roses ajoutent à cette impression.
Je m'attends presque à entrer dans une boutique en sucre.
Les murs tout propres sont roses seulement à mi hauteur, et blanc. Maintenant que nous sommes au second étage, où la cage d'escalier ouvre sur le ciel, la couleur d'émail brille un peu plus.

Nous sommes accueillis avec un enthousiasme spontané.
Nous ont-ils rencontré avant ?
Non, mais nous sommes les invités du fils et par conséquent les invités de la maison.
"Notre maison abrite toute la famille, avec des appartements sur trois étages" , annonce Abu Mahmoud "rien à voir avec votre système où les enfants s'en vont de la maison dès dix-huit ans pour vivre leur vie. Nous, nous restons une seule et grande famille";
Leur système nous favorise car cet étonnant cercle de sourires dynamiques et d'embrassades de bienvenue de la mère et des filles nous donnent l'impression que nous avons dû faire quelque chose pour le mériter. Nous nous sentons à l'unisson.

Ils sont particulièrement fiers de Bahaa, de la dernière génération, et Abu-Mahmoud fait baisser les conversations pour qu'on écoute Bahaa qui chante une chanson très connue de la légendaire égyptienne, Umm Kulthoum.
Tout le monde s'y met, et nous devenons un choeur entier, qui finalement éclate de rire.
Notre guide annonce que sont père va réciter une poésie.
Aussi Abu Mahmoud devient la vedette de la famille, avec une voix qui va bien avec sa forte corpulence mise en valeur par son immanquable sweater couleur moutarde.
Il déclame un poème qui nous conduit jusqu'au balcon d'une femme qui ne veut pas, pour l'instant, savoir si elle vient de perdre son mari ou son fils. Ses vers affirment le courage de cette femme face aux attaques contre la Palestine et son peuple.

Il a composé ces vers en prison à Jamaleh près de Jénine en Galilée quand Israël a envahi le Liban en 1982.
Je lui demande s’il en a une copie.
Sans se départir de son enthousiasme il dit :
"Non, je l'ai fait oralement. Je ne sais pas écrire.
J'ai composé plein de poèmes que je garde en mémoire
".
Il continue de décrire l'attaque qui a touché chaque maison d'une manière ou une autre, et il loue la détermination de toutes les femmes dans les familles.

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Les poèmes écrits par de poètes qui savent écrire comprennent des titres comme :
Un moineau de mon pays
Dors, mon enfant : pour le martyr Muhammad Durra
Rêves de Palestine
Lire sur les Visages des volontaires pour le suicide
Je pleure sur toi Palestine, mais nous reviendrons (avec la permission de Dieu)

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Un nouveau livre a pour titre "Les peuples sont plus puissants que les massacres" et la dernière page reproduit une image ancienne: le Retour d'Hérode.
Ses proches pleurent Imam, un bébé de quatre mois, tués par les troupes israéliennes à Gaza, Palestine. C'est le retour d'Hérode, ce roi qui ordonna de tuer les enfants de Nazareth au temps de la naissance de Jésus. Que le monde sache la vérité.
Faites circuler cette image.
DamascusOnline.com 2001.

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Nous sillonnons le réseau des petites allées.
Un jeune garçon conduisant avec dextérité une brouette où tient en équilibre une grosse cuisinière nous dépasse.
Nous ne pouvons pas aligner notre pas sur le sien, sur ces pavés irréguliers, bien que nous n'ayons que nos corps à conserver en équilibre.
Comme nous nous mettons sur une seule file, nous entendons le gamin et sa tante loin devant nous chanter une chanson de la Palestine et son refrain inoubliable.

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Nous allons voir des centres pour la jeunesse et chacun de ces centres a un groupe qui fait de la musique écrite par ses propres compositeurs.
Dans l'un des centres nous entendons l'enregistrement d'une répétition qui semble si professionnel qu'il pourrait être dans les boutiques.
Dans un autre, nous demandons au chanteur principal de nous excuser bien qu’il ait mal à la gorge.
Nous ne sommes pas surpris d'apprendre qu'il a une expérience professionnelle.
La colle n'a pas fini de sécher sur le oud ( d'où dérive le mot "luth") dont ils ont collés les morceaux ensemble avec amour.
L'argent manque. Les cordes viendront ensuite.
Ils sont plein de talents et nous avons le sentiment que le monde les rate parce qu'ils ignorent ces voix.

Ils chantent sur :
Muhamma Durra, des chansons séparées dan palestiniens et en libanais :
Notre retour`
Témoignez, le Monde !
Ne pleures pas, mon Pays

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Notre guide à une nièce appelée Jenine, née peu après la grande invasion de Jénine par Israël en mars et avril 2002. Les écoles et les rues dans ces camps ont été renommées Jénine.
Toute une troupe de filles portent dans leur nom le souvenir de cette injustice, Jénine.
Un poème local me vient à l'esprit "la moisson de notre exil contient les moissons de notre nation".

Ont-ils déjà oublié la Palestine ?


Un nouvel ami montre l'affiche d'un martyr sur le mur et explique que c'est son père. L'attaque contre l'Irak l'a a ce point désespéré, après des décennies où il a été témoin des attaques contre la Palestine qu'il a eu une crise cardiaque.
Quand sa fille s'était approchée de lui à l'hôpital, il a eu ces derniers mots "N'oublie pas la Palestine"

Source : www.mediamonitors.net

Traduction : CS

Faire un don

Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.

Oui ! Je soutiens ISM-France.


Contacter ISM France

contact@ism-france.org

Suivre ISM France

S'abonner à ISMFRANCE sur Twitter RSS

Avertissement

L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.

Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.

D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

A lire également...
Même lieu

Liban

Même sujet

Réfugiés

Même auteur

Annie Higgins

Même date

29 janvier 2004