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ISM France - Archives 2001-2021

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Moyen Orient -

Interdit d’entrée en Israel ? Oh, alors vous n’êtes pas le bienvenu en Jordanie !

Par

Paul Larudee est un activiste américain bien connu de l'International Solidarity Movement (ISM) en Palestine qui s’est rendu de nombreuses fois en Palestine et s’est fait tirer dessus par des soldats israéliens, et n’est pas (pour autant que je sache) autorisé par les autorités israéliennes à revenir en Palestine.
Récemment, il a été presque interdit d'entrer en Jordanie!

Oui, vous avez bien entendu : la Jordanie, l'allié stratégique des Etats-Unis bien connu pour son "respect" des citoyens américains comme Paul. Mais il semble que Paul ne soit pas un citoyen américain normal!

On serait étonné de savoir que Paul n'a jamais été actif, à aucun moment donné de sa vie, contre la Jordanie, alors c’est quoi le problème? Il semble que les autorités jordaniennes aient appliqué sur Paul le droit de veto israélien, jusqu'à ce qu'il soit en mesure de renverser la tendance et entre en Jordanie, probablement pour la dernière fois.

Laissons Paul Larudee raconter lui-même son histoire


La résistance non-violente, l’arme nucléaire de Paul Larudee
Paul Larudee
mardi 21 octobre 2008

Encore une fois, j’ai dû utiliser la stratégie de la force de dissuasion non-violente, c'est-à-dire l'équivalent d'une arme nucléaire non-violente. C’était avant-hier, à mon arrivée à Amman, en provenance de Beyrouth.

Alors que je présentais mon passeport à l'officier du contrôle de l'immigration, les autres officiers ont commencé à se rassembler autour de son écran. Alors qu’ils passaient un loooong moment à lire ce qui était dans le dossier, le policier m’a demandé mon empreinte de pouce électronique (ce qui ne fait pas partie de la procédure standard). J’attends en core, d’autres officiers arrivent.

Enfin l'un d'eux me propose de prendre un siège. Mon collègue H est allé reprendre ses valises et m'attendre dehors. Je lui ai suggéré d’appeler mon contact en Jordanie, un ancien ministre. Il m’a demandé s’il devait prendre mon sac, je lui ai répondu non.

Heureusement, la salle de transit de l'aéroport international Queen Alia est l'un des rares endroits au monde qui a un libre accès à internet. J'ai utilisé Skype sur mon portable pour appeler mon ami et lui parler de mon problème. J'ai ensuite attendu un peu plus et j’ai commencé à rattraper mon retard dans mes e-mails.

Au bout de plus d'une heure, les gens de la sécurité m'ont informé que je n'étais pas le bienvenu en Jordanie et que je serais expulsé. "Quel est le problème?" Ai-je demandé.

"Le Mokhabarat (Les services de renseignements) ont dit que vous n’étiez pas autorisés à entrer. Je suis absolument désolé."


J'ai demandé au chef de téléphoner à mon ami, ce qu'il a fait devant moi. Quand il a raccroché, il m'a dit que cela ne ferait aucune différence.

Ils m'ont demandé mes projets de voyage, ma prochaine destination, et si je retournais à Beyrouth. Je leur ai dit que je n'avais pas l’intention de retourner à Beyrouth, et que ma prochaine destination était Chypre.

"Le prochain vol à destination de Chypre est demain matin et vous ne pouvez pas rester ici pendant la nuit. Vous devez repartir à Beyrouth par le prochain vol qui est dans une demi-heure." J'ai été emmené à nouveau dans la salle de transit.

Les officiers ont ensuite tenté de me persuader de monter dans l'avion. J'ai refusé. "Vous n'avez pas le choix», ont-ils dit. «Nous avons tous le choix», leur ai-je répondu.

«C’est un ordre du directeur,"

"Ce n'est pas mon directeur», ai-je répondu.

«Il n'y a pas d'autre vol".

"Alors, je vais rester», ai-je répondu.

Cela a continué et quelques autres passagers ont tenté d'intervenir pour m’aider.
"Ca va», leur ai-je dit. «J'ai déjà vécu ça avant."

Quinze minutes avant le décollage, quatre à cinq officiers étaient autour de moi. Ils ont dit qu'ils me forceraient à monter dans l'avion. «Je suis absolument désolé de vous rendre le travail difficile», dis-je, "mais je ne vais pas monter à bord. En outre, le commandant de bord refusera de me faire monter à bord."

"Pourquoi?" Il était temps d'utiliser l'arme stratégique (une arme que vous supposez n’avoir jamais à utiliser).

«Parce que je vais juste enlever tous mes vêtements."

Je suppose qu'ils ne m'ont pas cru. Ils m'ont attrapé et ont commencé à m’éloigner. J’ai laissé mon corps s’affaisser, rendant le travail plus difficile. Des parties de mon corps ont fini à terre, à tel point que deux des officiers m’ont pris chacun un bras et ont commencé à me tirer sur le sol en marbre.

Ce n’était pas bien planifié, alors mes jambes étaient encore écartées devant moi et commençaient à dériver sur les côtés, se plaçant sur la route des officiers. Ils leur ont donné un coup de pied pour les remettre droit devant.

Enfin, le chef s’est montré à nouveau. Il a ordonné aux hommes de s’arrêter, et puis il s’est adressé à moi. "Vous ne reverrez jamais la Jordanie!" a-t’il proclamé. "Je ne m'y attends pas," ai-je répondu. Il a ensuite ordonné à ses hommes de m’emmener dans une cellule.

Je n'ai pas eu beaucoup de chance de parler aux deux autres détenus dans la cellule. L'un a été endormi. Je demande à l’autre s’il y avait une prise électrique dans la pièce, avec une pensée pour recharger mon ordinateur. Il ne pensait pas, mais un gardien est venu et l’a emmené, coupant court à notre conversation.

J'ai vu une pile de trois cartons de ce qui était probablement des sandwiches sur le sol, et j’ai tenté de vérifier, mais j’ai décidé d'attendre. Seulement dix minutes s'étaient écoulées lorsque la porte s’est à nouveau ouverte.

C’était l'un des gardes avec mon passeport à la main. Il me l’a donné et m'a dit de venir avec lui. Il a pointé du doigt les escaliers vers la récupération des bagages, et a dit: "Allez". Je l’ai regardé. Il a pointé à nouveau du doigt les escaliers et a dit: "C’est bon." Aucun des autres officiers n’était en vue.

C'est tout. J'ai récupéré mon sac et j’ai rejoint H à l'extérieur, et le reste de mon séjour a été décevant.

Que s'est-il passé? Je pense que c’était sans aucun doute lié aux événements d'il y a deux ans, lorsque j'ai été expulsé d’Israël en direction d’Amman et interrogé par le Mokhabarat à ce moment-là. L'un des officiers a dit que cela avait quelque chose à voir avec mon nom - peut-être le fait que j'ai utilisé Larudee et Wilder comme nom de famille.

Selon moi (et cela ne vaut pas plus que cela), c’est que presque tout ce qu’il y a dans mon dossier a à voir avec mes actions en Palestine, et que le Mokhabarat a décidé de vérifier avec leurs homologues là-bas. La recommandation israélienne était bien sûr de me causer le plus de problèmes possible et ils ont probablement supposé que ce serait assez facile de me renvoyer.

Toutefois, lorsque le vol de Beyrouth a décollé sans moi, ils devaient trouver quoi faire de moi, ce qui aurait impliqué m’emmener dans un autre établissement, remplir des papiers, des rapports, etc. En outre, ils n'avaient aucune idée des problèmes que je pouvais leur causer et à quel point j’étais sérieux sur l’utilisation de l'arme nucléaire de résistance non-violente. Car rien dans mon dossier n’était anti-jordanien, donc pourquoi se poser autant de problèmes?

C'est seulement une théorie, mais aussi valable que n’importe laquelle.

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