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Tulkarem - 13 janvier 2004
Par ISM
L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.
Une journée et demi après le début de l'invasion, douze hommes ont été officiellement arrêtés, trois maisons ont été endommagées de façon significative par le feu, et plus de trente maisons ont subit de graves dégâts avec des trous dans les murs de la taille d'un homme, des trous dans les sols et la complète destruction de la propriété personnelle.
Dès 11 h, lundi 12 janvier, tous les habitants de trois quartiers du camp de réfugiés de TulKarem ont été rassemblés dans un dispensaire du centre ville.
On a séparé les hommes des femmes et des enfants et ils ont été emmenés dans des camions militaires..
A la fin de la première journée, plus de 230 hommes avaient été menottés, ont eu les yeux bandé et ont été emmenés du camp vers une destination inconnue.
Les femmes et les enfants, après avoir été séparés des hommes, ont été emmenés dans un bâtiment de l'UNRWA situé au centre du camp.
Dès le début, plusieurs femmes se sont plaintes parce que leurs enfants n'étaient pas là. Ces femmes ont affirmé que leurs enfants se trouvaient dans un centre de jeunesse pendant l'opération militaire, sans présence d'aucun adulte.
Un volontaire de l'ISM s'est approché d'un soldat que son insigne désignait comme commandant et a demandé à ce qu'elle et un travailleur des Nations Unies puissent aller chercher les enfants au centre de jeunesse. Le commandant a juré qu'il n' y avait pas d'enfants dans le centre.
Quand on lui a demandé si les membres de l 'ISM et des Nations Unies pouvaient se rendre au centre pour vérifier par eux-mêmes et rassurer les femmes par leur propre témoignage , le commandant a refusé prétendant que la zone était trop dangereuse.
Quelques heures plus tard, l'anxiété des mères pour leurs enfants grandissant, des volontaires de l'ISM ont une fois encore contacté le Commandant.
A ce moment-là, les membres de l'ISM se sont vu accorder l'accès au bâtiment pour vérifier qu'il n'y avait vraiment aucun enfant à l'intérieur. Quand les volontaires sont arrivés au centre de jeunesse en plein milieu de l'invasion, ils ont découvert que plus de quinze enfant se trouvaient bien à l'intérieur, tremblant dans un coin, pleurant, sans aucun adulte avec eux..
Les enfants qui avaient passé plus de trois heures tout seuls en plein milieu de l'invasion, sortirent du bâtiment escortés par les volontaires de l'ISM. Pour retrouver leurs mères,les enfants ont dû ramper sous des barbelés coupants et traverser un bloc du camp où plus de vingt soldats stationnaient leurs fusils braqués sur les enfants.
D'autres mères encore se sont plaintes parce que leurs petits se trouvaient au moment de l'invasion avec d'autres parents. Quand le commandant a été contacté par ces mères, une fois de plus il a refusé qu'elles aillent retrouver leurs bébés.
A la fin de la première journée de l'invasion plus de 300 femmes avec leurs enfants ont été gardés dans des rues froides et pluvieuses, surveillés pendant que leurs maisons étaient occupées, fouillées et bombardées.
Une vieille femme a été obligée de rester près de sa maison et d'assister à ce spectacle : a maison et tout ce qu'elle possédait a disparu dans les flammes
Après onze heures d’errement dans les rues, beaucoup de femme et d'enfants ont cherché refuge dans des maisons voisines déjà archi pleines et où l'alimentation manquait.
Plusieurs de ces maisons ont abrité plus de 20 femmes et deux fois plus d'enfants; les femmes qui restaient dans la rue ont été hébergées dans le centre de l'UNRWA, près de la police des frontières.
Les volontaires de l'ISM qui essayaient de contacter les femmes du centre se sont vu refuser l'entrée par la police des frontières mais ont passé la nuit dans le camp, dans une maison proche.
Les tirs nourris et les explosions qu'on a entendu toute la journée se sont poursuivis sans discontinuer toute la nuit et le jour suivant. Bien que depuis le début de l'invasion le camp était été sous couvre-feu, la police israélienne des frontières a commencé à 1h à annoncer à plusieurs reprises que le couvre-feu durerait toute la nuit.
Au deuxième jour, on a eu encore droit à dix heures de tirs, d'explosions et d'interdiction pour les femmes de regagner leurs maisons.
Il y a eu peu à manger, au cours de ces trente heures d'invasion, et le peu qui a pu être apporté (essentiellement du pain) a été réservé aux enfants.
Une journée et demi après le début de l'invasion, douze hommes ont été officiellement arrêtés, trois maisons ont été endommagées de façon significative par le feu, et plus de trente maisons ont subit de graves dégâts avec des trous dans les murs de la taille d'un homme, des trous dans les sols et la complète destruction de la propriété personnelle.
Dans cette section du camp presque toutes les fenêtres ont été détruites par les balles et les explosions. Dans une maison, on a trouvé dans une chambre avoisinant la salle de bain, un tas d'excrément masqué sous le tapis.
Pour plus d'informations : Flo: +972 67 361 708
Flo, est un exemple pour nous tous. Elle fait partie des quelques membres de l’ISM - basés en permanence dans la petite ville de Tulkarem - qui vivent et partagent les coditions difficiles que sont celles de la population, dont elle a su nous dire avec amour, avec compassion, les blessures et les souffrances.
Cette petite femme, humble, silencieuse, toute menue, toute pétrie de bonté, de 29 ans, de nationalité américaine, vit en Palestine depuis avril 2003. Ses témoignages sur les aggressions violentes et répétées de l’armée israéliennes, sont irremplaçables.
En mai 2003, une cinquantaine de soldats sont venus l’arrêter, alors qu’elle se trouvait dans les bureaux del l’ISM à Beit Sahour. Interrogée, brutalisée durant sa détention, elle n’en a pas moins continué, une fois relâchée, de se tenir aux côtés des Palestiniens les plus opprimés.
Quand je l’ai vue avant Noël, pour la dernière fois, ses yeux gris bleus étaient remplis de tristesse. Je l’ai regardée repartir vers l’inconnu, vers sa noble mission, avec une infine tendresse.
Silvia Cattori
Source : www.palsolidarity.org
Traduction : CS
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