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Jénine - 3 mai 2008
Par Ali Samoudi
Alors que le siège et les incessantes attaques et violations israéliennes se poursuivent dans les territoires palestiniens, la Journée Internationale du Travail, May Day comme certains l’appellent, ne fait aucune différence pour les travailleurs palestiniens qui, de toute façon, n’ont pas de travail. Pourtant, même les enfants sont maintenant touchés.
Ce document raconte des histoires d'enfants palestiniens qui ont été forcés de travailler en raison de la mauvaise situation dans les territoires occupés.
Photo ISM : enfants du camp de réfugiés de Jénine
1er Mai ou non, ça ne fait pas vraiment de différence pour Ibrahim Al Qahqwaji, dont le surnom, Al Qahwaji, fait référence à son travail, puisque Al Qahwaji fait référence à la personne qui vend le café.
Il a commencé cette "profession" il y a deux ans après qu’il ait dû quitter l'école afin de fournir des moyens de subsistance à ses jeunes frères, en particulier après que son père soit tombé malade et ait été viré par son employeur israélien puisqu’il travaillait en Israël. Ses employeurs l’ont viré et ils ne lui ont même pas versé la moindre compensation.
"Maintenant, je n'ai pas d'autre choix que de travailler", dit Ibrahim. «Ma mère m’a dit que je devrait peut-être, devenir un Qahwaji et vendre du café, c’est un métier difficile, mais maintenant je m’y suis habitué, et j'aide mes frères, ils sont tous plus jeunes que moi, mon père a perdu son emploi, je me sens heureux quand je réussis à offrir à mes frères et à mes parents ce dont ils ont besoin, cela me fait oublier tous mes douleurs ".
Ibrahim travaille presque 10 heures par jour et maintenant il a quelques clients permanents "qui boivent son café tous les matins. Il a aussi réussi à établir de solides relations avec ses «clients» qui préfèrent son café au café des autres vendeurs.
«Je m’assure que je leur offre le meilleur café, je leur offre du café en fonction de ce qu'ils demandent et de leurs désirs", ajoute Ibrahim.
Ses clients sont des ouvriers, des avocats, des médecins, des ingénieurs et des employés des différentes institutions. Mais aujourd'hui, le jour de la fête du travail, il s’est rendu dans leurs institutions pour leur vendre son café et il a trouvé porte close
C’est en effet un travailleur, mais il ne savait pas qu’aujourd'hui, le 1er Mai, il devait être en vacances. Mais il prend jamais de vacances, chaque jour sans travail est un jour sans argent, et un jour sans argent est un jour où il ne peut pas rapporter de nourriture et de salaire à sa famille pauvre.
Un autre adolescent, Mahmoud Khalid, fait le même "métier", et ce jour-là, la Journée internationale du travail, il mériterait également d'être en vacances. Comme de nombreux enfants qui ont dû quitter l'école pour fournir des moyens de subsistance à leurs familles, il aurait dû être en congés.
Mahmoud est âgé de quinze ans, il a quitté l'école il y a un an et a commencé à vendre son café aux employés des différents bureaux et institutions de Jénine qui sont devenus ses clients réguliers.
Le 1er Mai, il y est allé comme il le fait tous les jours, mais il a été surpris de voir tous les bureaux fermés, et il demande : "C’est quoi la Journée des travailleurs?" "Je n'avais jamais entendu parler de cette journée avant".
La tristesse se lit sur son visage. En général, les jours de fêtes sont de bonnes journées pour lui, les gens lui donnent des cadeaux et des présents, et il a plus de travail, mais ce jour-là, pas de travail et pas d'argent.
"J'ai perdu aujourd'hui au moins 10 clients», dit-il, "qui va me dédommager ? Mon père est sans travail depuis quatre ans, nous n'avons pas de revenus et pas de soutien depuis que mon père a perdu son travail à Haïfa".
Mahmoud et Ibrahim sont un petit exemple du grand nombre d'enfants qui travaillent à Jénine. Comme le dit Bayer Saïd, le chef du bureau du Syndicat des travailleurs palestiniens de Jénine : "Ils paient le prix du siège israélien, des bouclages et du taux croissant de chômage".
"La ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie , est connue maintenant comme étant la capitale de la pauvreté en Palestine", a-t-il ajouté.
Il a également déclaré que le Syndicat tentait de lutter contre le travail des enfants, contre la pauvreté, mais dans ces conditions, avec les incessantes attaques israéliennes, les bouclages, les barrages routiers, ils ne peuvent rien faire car aucune autre solution ne peut être trouvée.
Les familles appauvries ne sont plus en mesure de fournir un niveau de vie décent à leurs enfants, les familles ne peuvent pas payer les frais de la scolarité, et maintenant leurs enfants sont devenus des travailleurs.
En effet, c’est triste de voir ce qui se passe, des efforts au niveau national sont nécessaires afin de trouver une solution pour sauver les enfants, leur assurer un avenir meilleur, et leur assurer une bonne éducation.
Un habitant, Khalid Hussein, déclare : "Lorsque vous avez faim, vous ne pouvez pas penser à l'éducation et l'école".
«Je suis incapable de trouver du travail, incapable de nourrir mes enfants, où vais-je trouver de l'argent pour les envoyer à l'école», dit-il, "je reçois une aide, mais c’est à peine suffisant pour manger, je travaillais en Israël, et maintenant je ne peux pas obtenir de permis de travail là-bas".
«J'ai dû priver mon fils Hussein, 15 ans, d'aller à l'école, mais je n'ai jamais voulu faire cela», Khalid ajoute : «Mon fils porte maintenant des choses pour les gens et il gagne très peu d’argent en retour. A quoi cela sert de parler de la Journée des Travailleurs alors que les travailleurs palestiniens ne peuvent pas ramener du pain à leurs familles, nous avons besoin d'une solution, nous avons besoin d'une alternative au travail des enfants ".
Pourtant, à Jénine, vous trouverez des dizaines d'enfants qui font différentes sortes de travail, certains d'entre eux essaient de vendre des vêtements, d'autres essaient de vendre des parfums ou des produits ménagers, d'autres travaillent dans le nettoyage des appartements et des bâtiments.
Awad est un enfant qui travaille 12 heures par jour dans un magasin, il gagne seulement 30 shekels par jour, (5.50 Euros).
Awad travaille d'arrache-pied, son père travaillait pour faire vivre les huit membres de sa famille, mais il a perdu son travail depuis plus de cinq ans.
Othman est un autre enfant. Sa mère a dû vendre son or et il a acheté un panier et a commencé à vendre des légumes. Son père l'aide, et ils doivent travailler douze heures par jour, sous la pluie et le froid, ou sous le soleil brûlant d'été.
«Le travail est ne va pas bien, il y a beaucoup de vendeurs comme moi, mais il suffit d'être patient, nous n'avons pas d'autre alternative", déclare Othman,
"Merci à Dieu pour tout, j'espère que d'ici le prochain 1er Mai, j’aurai un meilleur travail, j'espère que je serai en mesure d'avoir un jour de congé et de repos, mais comment pouvons-nous avoir du repos tout pendant qu’il y a le siège et une hausse des prix sur tout, comment pouvons-nous avoir un jour de congé alors que nous ne pouvons à peine nous nourrir."
Source : http://www.imemc.org/
Traduction : MG pour ISM
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