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Jénine - 1 septembre 2008
Par Ali Samoudi
Ramadan est une de ces fêtes que le secteur commercial attend pour compenser l'effondrement de ses ventes. Les revenus du mois peuvent permettre de tenir, ou briser, une année entière, mais cela fait maintenant des années que l'économie palestinienne fait face à de graves problèmes.
Dessin d'un enfant de Jenin
A Jenin, dans le nord de la Cisjordanie , l'une des zones les plus durement touchées, aujourd'hui ne semble pas différent d'un autre jour, à part les commerçants qui ont sorti les articles traditionnels du Ramadan. Dans les rues, le trafic est clairsemé.
Khalil Abdullah, propriétaire d'une épicerie, dit que les conditions catastrophiques de cette année ne s'arrêtent pas pour le Ramadan. Mais cette année, il espère que tout va s'améliorer puisque les employés du secteur public commencent à être payés plus régulièrement.
Abu Ali Awais tient lui aussi un magasin et dit qu'en dépit de grandes déceptions, le mois est plein de bonté et de bénédictions.
Aux quatre coins de la ville, on fait des gâteaux. Al Haji Abu Talib prépare des "katif" (pâte frite remplie de fromage sucré ou de noix puis plongée dans du sirop), à un prix très inférieur au tarif du Ramadan pratiqué dans les épiceries. Elle dit que les ventes ont été faibles l'an dernier. "Nous espérons un changement de la situation cette année".
Alors que pour beaucoup la recherche d'un emploi continue, les carrioles offrant des bonbons, des fruits et des légumes sont omniprésentes. Awni Hosni dit que les huit membres de sa famille s'en sortaient grâce à leur travail à Haifa, mais avec les bouclages, c'est devenu impossible.
Les habitants du Gouvernorat de Jenin ne peuvent pas circuler facilement en Cisjordanie , et certainement pas dans les limites israéliennes. Le mur, les checkpoints et les colonies les encerclent. Avec le début du Ramadan, un nouveau commerce débute pour des centaines de personnes qui ont pris position comme vendeurs de rue.
Hosni dit : "Ma femme m'a encouragé à vendre des sucreries pendant le mois, pour que nous puissions au moins accueillir mes soeurs mariées, c'est important pour la communication entre les familles. Les traditions encouragent les liens religieux et familiaux, le développement social, tout points incroyablement importants dans notre communauté".
Abdel Kader dit qu'il a rejoint "l'armée des chômeurs"'. Avant cela, "je distribuais de l'aide aux pauvres pour qu'ils puissent préparer les repas du Ramadan pour eux-mêmes et leurs familles, mais à cause du blocus et du siège, je peux à peine couvrir les besoins de ma famille, en particulier pendant le Ramadan. Nous espérons que Dieu aura pitié de nous et nous sortira de cette situation pendant le mois de bonté et de bénédictions."
En dépit des rêves de prospérité qu'expriment beaucoup de citoyens et de marchands, il y en a autant qui sont pleins d'anxiété et de craintes.
Le directeur général d'une compagnie d'import, Bashar Ajawi, dit que l'économie empire. Il n'est pas optimiste et ne pense pas que les conditions économiques s'amélioreront pendant le mois de Ramadan. Ajawi dit que l'encerclement de Jenin est dévastateur. Il n'y a pas suffisamment de subventions pour faire fonctionner les écoles préparatoires, alors beaucoup de familles dépensent leurs revenus à transporter leurs enfants dans d'autres zones, souligne-t-il.
"La caractéristique principale de Jenin est l'encerclement. Il n'y a aucun projet ou perspective de travail."
L'épicerie de Mamoun Al Asmar est très touchée. "Il y a beaucoup de souffrances parmi les citoyens. Les ventes sont basses et les familles n'achètent que le strict nécessaire, pas d'articles de luxe. Je ne suis pas optimiste tant que nous sommes encerclés, qu'il y a ce bouclage, et une absence de toute percée ou de travail. Je pense que ce Ramadan ne sera pas différent des autres années."
Jumaa Abu Khairi dit que les seules parties du Ramadan que sa famille a pu observer depuis quelques années maintenant étaient les cérémonies religieuses. "Le Ramadan arrive une fois par an et une fois de plus, je n'ai pas pu trouver de travail. Lorsque je trouve quelque chose, c'est temporaire. Et ce que je gagne nous permet d'acheter le nécessaire, le reste part au règlement des dettes que j'ai contractées pendant que j'étais au chômage. Mes fils ont travaillé dans pratiquement tous les commerces de Jenin, mais il ne reste plus rien. Aucun n'a d'argent. La situation actuelle ne changera pas tant que nous serons encerclés. Il n'y a aucune possibilité de travail."
Jamal Salim dit que l'arrivée du mois de Ramadan le rend triste. Il veut accueillir ses sœurs. "Mais j'ai été licencié de mon travail. Il n'y avait plus d'argent. Et partout où j'ai cherché depuis, ce fut juste une autre porte fermée devant moi. Je veux juste remplir mes devoirs envers ma famille et mon peuple, mais j'en suis incapable, même pendant ces jours bénis."
Sa femme dit qu'ils sont tous plein de douleur et d'amertume que son mari ne trouve pas de travail. "Ramadan est tellement important pour chaque famille, mais l'occupation nous prive de tout, et même les institutions qui nous aidaient ne peuvent plus rien faire. Ils les ont toutes fermées ! Il n'y a plus d'aide pour les familles pauvres. Il ne nous reste plus qu'à prier Dieu, pour qu'il aide tous les Musulmans ici à surmonter leur angoisse pendant ces jours bénis et à vivre comme tous les Musulmans, dans le reste du monde."
Source : Palestinian News Network
Traduction : MR pour ISM
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