Ramallah - 12 mars 2004

Le Mur de l’Apartheid à Ni’lin

Par Sarah et Perla

L’International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.

Aujourd'hui, les ouvriers du chantier et les soldats israéliens sont arrivés tôt le matin et ont marqué les oliviers qui devaient être coupés. La protestation a débuté avec la prière de vendredi (le jour saint Musulman).
Alors que le village priait pour le droit à leur terre, leurs oliviers étaient coupés branche par branche et leur terre était passée au bulldozer pour préparer une voie d'accès israélienne au chantier de construction.

Ni'lin : Une femme blessée est évacuée après avoir reçu une balle en métal recouverte de caoutchouc sous l'oeil - Photo : ISM

Hier, les bulldozers sont arrivés à Ni’lin, un village de 4500 habitants à l’ouest du district de Ramallah, pour commencer la construction du mur. Aujourd'hui, des ouvriers du chantier ont coupé les branches de 120 oliviers pour les préparer à être déracinés et vendus aux colonies israéliennes voisines.

À midi plus de 500 Palestiniens, Israéliens et internationaux sont descendus dans les oliveraies pour s’opposer aux soldats israéliens et arrêter la destruction et le vol de la terre. Les protestataires ont dû faire face à la violence des soldats et des colons israéliens de la région.

Le tracé du mur confisquera 6000 dunums de terre au village (1 dunum = 1000 mètres carrés), ce qui représente 75% du reste de la terre de Ni’lin.

La majorité des oliviers de Ni’lin, 12 000 arbres, sera détruite ou située derrière le mur. Cette terre est, en grande partie, des terres agricoles : des oliveraies, des champs de blé, des cultures de légumes et des terres de pâturage.

Le mur encerclera complètement Ni’lin et huit villages, dont Budrus. Il n’existera très probablement qu’une seule entrée pour la totalité de la région emprisonnée.


Ni’lin a perdu la majorité de ses 58.000 dunums originels au cours des 56 dernières années. Ni’lin s’étendait sur ce qui est maintenant connu comme étant Israël.
• En 1948, quand l'Etat d'Israël a été formé, 42.000 dunums ont été confisqués.
• Trois ans après, Israël a saisi encore 2400 dunums afin d’étendre la Ligne Verte en Cisjordanie .
• Trois colonies (Ha-Shmanim, Matityahu, et Modi’in Ilit) établies entre 1979 et 1990 ont entouré Ni’lin, et ont volé 2000 dunums de plus. Les colonies ont pris beaucoup plus de dunums aux villages palestiniens voisins de Deir Qaddis et d’Al Midya.

Lorsque Israël aura construit le mur, il ne restera au village de Ni’lin que 6000 dunums, éliminant essentiellement toute l'économie agricole du village.


Hier quand les bulldozers et l’armée israélienne sont entrés dans Ni’lin, les jeunes hommes du village sont allés protéger les terres de leurs familles. Les soldats israéliens ont tiré les balles en caoutchouc, frappant et blessant quatre Palestiniens. Le village a planifié une manifestation aujourd'hui pour poursuivre la résistance contre le mur.


Aujourd'hui, les ouvriers du chantier et les soldats israéliens sont arrivés tôt le matin et ont marqué les oliviers qui devaient être coupés. La protestation a débuté avec la prière de vendredi (le jour saint Musulman). Alors que le village priait pour le droit à leur terre, leurs oliviers étaient coupés branche par branche et leur terre était passée au bulldozer pour préparer une voie d'accès israélienne au chantier de construction.

Après la prière, les soldats ont immédiatement tiré des quantités importantes de gaz lacrymogène et grenades assourdissantes sur la foule. Les manifestants, toujours déterminés pour atteindre leurs terres qui étaient ravagées, ont marché autour et parmi les soldats. Un nombre restreint de femmes se sont tenues devant les bulldozers et les ont stoppés dans leur destruction des terres.

Les soldats israéliens ont blessé deux femmes, qui ont été hospitalisées.
Une femme a reçu une balle en caoutchouc à côté de l’oeil, une balle en acier recouverte d'une mince couche de caoutchouc.
Un vieil homme a été hospitalisé en raison d’une exposition excessive au gaz lacrymogène.

Hussein Kan’aan Emarah, un vieux fermier de Ni’lin âgé de 76 ans, et sa famille perdront la totalité de leurs 280 dunums de terres pour le Mur.

Le gouvernement israélien a informé le village que les fermiers auraient accès à leurs terres et aux oliviers par un checkpoint mais le village n’y croit pas.

Des promesses semblables ont été faites aux fermiers de Qalqilia, où un mur et une barrière encerclent la ville entière. Là-bas, les fermiers ont été refusés d'accès à leurs terres de façon permanente.

Lors de la manifestation, un capitaine de l’armée israélienne a dit à Mohammed Abdul Kareem Srour, un enseignant de Ni’lin, qu'il voulait travailler avec le village pour cesser temporairement la construction du mur dans le village.

Le capitaine a déclaré qu'il pensait que la construction devrait s'arrêter jusqu'à ce que des Palestiniens soient consultés sur le tracé du mur. Cinq villageois (maire, fermiers et chefs de village) rencontreront le capitaine demain pour parler du mur.

Les villageois de Ni’lin refusent de négocier le tracé du mur. Ils exigeront que le mur ne soit pas construit sur leur terre et dans l'ensemble de la Cisjordanie .

"Nous sommes tout fiers de ce que nous avons fait dans le village aujourd'hui. Nous mettrons tous nos efforts pour arrêter le mur. Les bulldozers ont été arrêtés aujourd'hui et nous continuerons à les stopper, " a indiqué Kan’aan.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France