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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

Le jour de Jérusalem

Par

En revenant chez moi à Jérusalem, je suis bloqué dans un énorme bouchon : c’était le jour de Jérusalem qui célèbre l’unification de Jérusalem ; le jour de Jérusalem a été décidé pendant la guerre de 1967.
Je suis sorti du taxi et j’ai marché lentement au milieu de milliers d’enfants, de jeunes et de familles brandissant des drapeaux israéliens, chantant des chansons et dansant dans la rue. J’ai pleuré en silence. J’aurais voulu crier à tous ces gens pour qu’ils réalisent ce qu’ils ne voulaient pas comprendre ou peut-être qu’ils s’en moquent.
Vingt enfants morts à Rafah, bien loin, et ce n’est pas leur affaire.

Hier a été un jour très pénible. Je me suis trouvé à Bethléem tout la journée avec Husam Jubran, pour discuter de son travail avec Holy Land Trust qui travaille selon des stratégies non violentes.

Nous avons regardé avec horreur les images diffusées par Al-Jazeera d’une attaque à la rocket contre une foule sans armes de jeunes garçons et d’hommes qui manifestaient au camp de Rafah.

La vidéo était vraiment horrible et je suis bien certain que les photos montrant les jeunes garçons morts transportés par des hommes horrifiés et des jeunes courant dans la rue n’a pas eu les honneurs de CNN.

Hier justement, devant une énorme foule du lobby israélien le président Bush a redit qu’Israël avait le droit de se défendre, et cela même quand vingt personnes ont été tuées à Rafah, et certaines enterrées vivantes sous leurs maisons.

Aujourd’hui, je me suis demandé ce qu’on dira..

Y aura-t-il une condamnation ?

Les Palestiniens se verront-ils appelés une fois de plus à la retenue comme si ça ne dépendait que d’eux-mêmes.

Comment croire que la première réponse de l’armée israélienne à cette atrocité ait été que les Palestiniens eux-mêmes ont posé des explosifs dans la rue pour tendre une embuscade à l’armée ?

Quand, si jamais cela arrive, arriverons-nous à témoigner assez ?

Ce qu’on éprouve, ici en Cisjordanie , c’est qu’on est démuni d’aide et en état de choc. Aujourd’hui, on appelle à une gréve générale et nous manifesterons à Biddu pour soutenir le camp de Rafah.

En revenant chez moi à Jérusalem, je suis bloqué dans un énorme bouchon : c’était le jour de Jérusalem qui célèbre l’unification de Jérusalem ; le jour de Jérusalem a été décidé pendant la guerre de 1967.

Comme le chauffeur de taxi m’expliquait ça mon air idubitatif a dû être perceptible. . Comment sur terre cela est-ce possible ? Si Jérusalem est unifiée, Pourquoi cet énorme Mur divise la ville ? Pourquoi des soldats partout ?

Il me regarde, secoue la tête et dit tristement : « Ah, dans les mots, dans les mots seulement nous sommes unifiés ».

Je suis sorti du taxi à environ 1500 m de la vieille ville, et j’ai marché lentement au milieu de milliers d’enfants, de jeunes et de familles brandissant des drapeaux israéliens, chantant des chansons et dansant dans la rue. J’ai pleuré en silence. J’aurais voulu crier à tous ces gens pour qu’ils réalisent ce qu’ils ne voulaient pas comprendre ou peut-être qu’ils s’en moquent.
Vingt enfants morts à Rafah, bien loin, et ce n’est pas leur affaire.

J’ai marché dans la vieille ville, pensant pouvoir prendre un café, et peut-être aussi une cigarette mais toutes les boutiques du quartier arabe étaient fermées.

L’armée, la police, la sécurité et les fusils étaient partout.
Un type qui portait son petit garçon sur les épaules, qui riait et dansait avait un 9mm à la ceinture, un autre garçon avait un M16 en bandoulière.

La vieille ville tout entière était envahie de participants. J’imagine que c’es la Jérusalem unifiée que beaucoup de gens souhaitent. Une Jérusalem débarrassée des arabes, une Jérusalem pour un peuple et un seul. Aujourd’hui c’était un jour pour rêver « et quoi si… »

On n’arrête pas de se poser des questions ici. Mon ami Husam, un universitaire de Fullbright, un homme qui se consacre à la non violence et à la réconciliation depuis des années, a pourtant des doutes.

Dans un moment de confidence, il m’a dit « Je ne sais pas si ce que je fais est bien ou mal. J’ignore si c’est ce que nous devons enseigner aux gens d’ici. Regarde l’accueil qu’on fait à la non-violence. Peut-être devrions-nous faire autre chose ».

Mais qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? Et qu’est-ce qu’il y a à faire ici ?

Mary Oliver a écrit un poème appelé « Ombres » Il se termine comme ça :
« Quel que soit le pouvoir de destruction de la terre, nous regardons avec des yeux hébétés ou anonymes ; quel que soit le nom de la catastrophe, elle ne sera jamais à l’opposé de l’amour ».

Savez-vous comment cela peut-il arriver ?

Paix et amour

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : CS pour ISM-France

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