Jayyous - 10 septembre 2007

Le village de Jayyous manifeste contre le vol de ses terres, de sa vie et de sa culture

Par ISM

Le samedi 8 septembre, 50 villageois de Jayyous et des environs se sont rassemblés en compagnie d'environ une cinquantaine d'activistes israéliens et internationaux pour manifester de façon non-violente contre le mur d'Apartheid.
Ils se sont réunis devant l'une des portes dans le mur que les fermiers locaux doivent franchir pour accéder à leurs terres.

CARTE ARIJ : Tracé du Mur dans le secteur de Jayyous et Qalqilia. 8400 dunums* des terres de Jayyous se trouvent de l'autre côté du Mur. (agrandir la carte)

Seuls les fermiers qui ont la chance d'obtenir une autorisation peuvent accéder à leurs terres, et comme l'ont appris les manifestants par les discours qui ont été prononcés ensuite, souvent ces autorisations sont attribuées à des membres de la famille qui ne sont pas capables de travailler, qui ne vivent pas dans le pays, qui sont morts ou qui ont moins de 15 ans ou plus de 50 ans.

Dans ce village d'environ 4.000 personnes dont 85% dépendent de l'agriculture pour leur survie, seuls 90 ont aujourd'hui accès à leurs champs grâce à des autorisations.

Quand un fermier obtient une autorisation, il ne peut passer que par l'une des 3 portes dans le Mur pour accéder à ses terres.
La porte que le fermier est autorisé à franchir es générallement la porte la plus éloigné de son terrain, ce qui rend son travail plus long et laborieux.

Les portes sont officiellement ouvertes seulement pendant 1 heure le matin et 1 heure le soir et parfois 1 heure le midi.

Cependant, dans la pratique, cela dépend surtout du bon vouloir des soldats qui peuvent ouvrir les portes seulement pendant quinze minutes s'ils le veulent, et refouler tous ceux qui se présentent à la porte après ces 15 minutes en disant qu'il est trop tard.

Les villageois ont parlé du manque de ressources en eau sur les terrains situés de l'autre côté du mur. Un fermier a expliqué que les villageois sont autorisés à emmener des citernes à eau jusqu'à un réservoir situés sur leurs terrains, toutefois ils ne peuvent pas ramener ces citernes chez eux.

Chaque tentative pour ramener les citernes à eau au village a été stoppée par l'armée et les villageois considèrent maintenant que c'est un gaspillage de temps et de ressources que de tenter de recueillir l'eau de cette façon.

De plus, il a déclaré qu'il existait une décision de cour permettant la construction de canalisations reliant le réservoir situé sur la terre de ce fermier, au réservoir de Jayyous.

Toutefois malgré cette décision de tribunal datant de 2003, l'armée a refusé de délivrer les autorisations nécessaires pour construire les canalisations, rendant inaccesible le réservoir situé sur le terrain de ce fermier.

Les villageois sont fatigués d'attendre que l'armée applique les décisions de la cour, ils sont fatigués d'attendre tandis qu'ils sont de plus en plus à ne plus pouvoir accéder à leurs terres, incapable de perpétuer le travail de leurs pères, et des pères de leurs pères.

Ils sont venus ensemble pour montrer, de façon non violente, qu'ils ne resteraient pas tranquilles alors que les soldats israéliens les affament afin de les encourager à émigrer et renforcer le mythe d'Israël qui vole une terre sans peuple.

Bien que les villageois soient très en colère, à juste titre, la manifestation s'est terminée sans violence.

Même si les soldats se tenaient, armes à la main, à la porte menant aux terres du village de Jayyous, les fermiers n'ont pas répondu à leur provocation. Les gens sont repartis vers le village, sans arrestations, sans blessés, en sachant qu'ils reviendraient.


* 1 dunum = 1000 mètres carré

En savoir plus sur Jayyous sur le site des "Amis de Jayyous"

Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM