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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Les familles de Gaza en sont à un repas par jour

Par

Umm Abdullah ne sait plus quand elle a servi de la viande à ses huit enfants. Mais elle sait que chaque jour de la semaine dernière, le seul plat qu’elle leur a préparé fut des lentilles. Et qu’un jour, elle a reçu un bon d’aide des Nations Unies, avec lequel elle a acheté des tomates et des aubergines au marché local.

Umm Abdullah a 42 ans, elle est couturière à Jabaliya, un camp de réfugiés à la sortie de Gaza ville. Des histoires comme la sienne sont banales partout dans la Bande de Gaza, où des années de sanctions, de siège et maintenant la guerre ont ruiné l’économie du territoire et mis les produits essentiels hors de portée de la majorité de la population.

« Nous vivons au jour le jour, » dit Umm Abdullah, qui a touché moins de trois dollars ces trois derniers jours. « Si nous mangeons une fois par jour, ça suffit. »

Alors que le prix de la nourriture et autres produits a diminué par rapport aux sommets qu’ils ont atteints pendant les trois semaines d’attaque israélienne, le Programme alimentaire mondial (PAM) rapporte que de nombreux articles, dont une majorité d’aliments de base, sont plus chers pour les habitants de Gaza qu’ils ne l’étaient avant les attaques.

Le sucre, le riz, les oignions, les concombres, les tomates, les citrons, le poivre, le poulet, la viande, le poisson et l’ail étaient tous plus chers pour les habitants de Gaza en mars 2009 qu’ils ne l’étaient en décembre 2008, dit le PAM.

Le prix du poivre au kilo a doublé, alors que le coût des oignons a grimpé de 33%. Le poulet est maintenant 43% plus cher qu’il n’était avant les attaques, en raison de la destruction de nombreuses fermes avicoles partout à Gaza pendant les attaques.

La destruction de grands pans de terre agricole, ainsi que du bétail, a ajouté à l’insécurité alimentaire grandissante à Gaza.

Mais la guerre n’a fait qu’intensifier une situation humanitaire dramatique, disent les économistes, qui a ses racines dans le siège économique d’Israël, qui boucle hermétiquement les frontières de Gaza depuis juin 2007.

La pénurie de tous les produits “essentiels” et l’entrée au goutte à goutte du fuel ont fait monter en flèche les prix de la nourriture et des autres produits au cours des deux dernières années, les rendant inabordables pour de nombreux foyers dans la Bande de Gaza.

Selon le Fonds Monétaire International (FMI), la portion alimentaire de l’indice des prix à la consommation à Gaza (instrument de mesure de l’évolution du niveau général des prix des biens et des services, achetés, utilisés ou payés en vue d’être consommés par une population de référence sur un territoire géographique) a augmenté de 28 % en 2008.

Pour comparer avec Israël, il n’a augmenté que de moins de 5% de mars 2008 à mars 2009, selon le Bureau central des statistiques israélien.

Un taux de croissance économique négatif, couplé avec une pénurie extrême des marchandises, provoque ce que nous appelons une stagflation (1) à Gaza, et c’est ça qui est derrière les prix exorbitants,” dit le docteur Ibrahim Hantash, de l'Institut de recherche sur les politiques économiques de Palestine (Palestine Economic Policy Research Institute - MAS).

« La contrebande aussi fait exploser les prix, parce qu’il n’y a aucun contrôle. C’est du marché noir. »

Après la guerre, la majorité des Gaziotes vivent maintenant en dessous du seuil de pauvreté, dit le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) – une famille de six personnes subsistant avec 500 $ par mois.

Plus de la moitié de ces familles vivant sous le seuil de pauvreté ont des conditions de vie très difficiles, avec moins de 250$ par mois, ou 1,35 $ (1€) par jour et par personne.

Et parce que les ménages de Gaza dépensent la majorité de leurs ressources mensuelles en nourriture, dit le FMI, 75% de la population est obligée de réduire la quantité de nourriture qu’elle achète, et 89% en réduisent la qualité.

Ce qui signifie que beaucoup de foyers, comme celui d’Umm Abdullah, doivent se passer de certaines sources de protéines, dont la viande et les œufs.

« Les Gaziotes sont soumis à une pénurie aigue de nourriture nutritive, produite sur place et abordable, » dit un rapport du PAM et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en mars.

Les Gaziotes ont donc réduit leur apport calorique journalier, en ne mangeant plus des aliments comme la viande rouge, le riz, l’huile et la graisse, ainsi que les fruits et les produits laitiers, ce qui entraîne des déficiences nutritionnelles comme l’anémie, dit le rapport.

Jalal Ataf al-Masari tient un étal de fruit au cœur du camp de réfugiés surpeuplé de la Plage, à Gaza ville, depuis 10 ans, et il dit qu’il n’a jamais vu les prix si élevés et le commerce si bas.

« Au début du siège, il n’y a que les pauvres qui n’achetaient plus de fruits, » dit al-Masari. « Aujourd’hui, personne n’en achète. La vie est de pire en pire. »

Un kilo de banane chez al-Masari coûte 6 shekels (1 euro). Les pommes, importées d’Israël, sont à 5 shekels le kilo. Avant le siège, dit al-Masari, vous aviez 3 kilos de pommes pour 10 shekels (1,7€).

Aujourd’hui, il n’y a ni poires, ni pêches ni kiwis sur le marché. Dans les rayons aux stocks clairsemés de beaucoup des « supermarchés » de Gaza , on trouve le riz et l’huile de cuisine fournis par les Nations Unies, quelques conserves et des sacs en plastique de farine, de sel et de lentilles.

« Après deux ans de siège, je n’arrive toujours pas à croire combien tout est cher ici, » dit al-Masari. « C’est plus cher qu’en Amérique. »

Le Programme Alimentaire Mondial dit que les habitants de Gaza ont recours à certains « mécanismes d’adaptation » pour maintenir leurs familles à flot, dont la vente de bijoux ou de biens, l’achat de nourriture à crédit et les emprunts aux amis et aux familles.

Soha Kaloub, mère de huit enfants et femme d’un policier civil dont l’Autorité Palestinienne de Ramallah a coupé le salaire, dit depuis sa maison vide du camp de réfugiés de la Plage qu’ils ont été obligés de vendre tous leurs meubles pour acheter de la nourriture.

Kaloub n’a pas les moyens de remplir sa bouteille de 96 kg de gaz de cuisine, qui lui couterait environ 6 $, alors elle se sert d’un petit réchaud au kérosène, qui date de l’ère ottomane, fin 19è et début du 20è siècles.

Elle y prépare des haricots ou des lentilles, quelquefois des légumes, pour ses enfants. « Depuis 9 mois, nous n’avons mangé ni viande ni poulet. Mon frigo est vide, nos vies sont vides, » dit Kaloub. « Avant le siège, ce n’était pas le paradis, mais ça allait mieux. Au moins nous avions quelque chose. »


(1) La stagflation est la situation d'une économie qui souffre simultanément d’une croissance faible ou nulle et d'une forte inflation (c’est-à-dire une croissance rapide des prix). Cette situation est souvent accompagnée d'un niveau élevé du taux de chômage. (note ISM)

Source : Electronic Initifada

Traduction : MR pour ISM

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