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Egypte - 15 avril 2009
Par Erin Cunningham
Des centaines de milliers de tonnes d'aide destinées à la bande de Gaza s'accumulent dans les villes de la région du Sinaï, au Nord de l'Égypte, en dépit des récents appels de l'Organisation des Nations Unies demandant l’assouplissement des restrictions à la circulation de l'aide destinée au territoire ravagé suite à l'opération Plomb Durci.
De la nourriture, des médicaments, des couvertures, des aliments pour bébés et autres produits destinés aux 1,5 millions de personnes de la bande de Gaza, en provenance de gouvernements et d'organisations non gouvernementales du monde entier, sont stockés dans les entrepôts, les parkings, les stades et sur les pistes des aéroports égyptiens dans le gouvernorat du Nord-Sinaï.
L’Egypte a une frontière de 14 kilomètres avec la bande de Gaza qui a été fermée de façon plus ou moins permanente depuis que le mouvement islamique, le Hamas a pris le contrôle du territoire en Juin 2007.
De la Farine, des pâtes, du sucre, du café, du chocolat, de la sauce tomate, des lentilles, des jus de fruits, des pois chiches, des couvertures, des lits d'hôpital, des tubes cathéter et d'autres articles humanitaires indispensables sont stockés dans au moins huit points dans et autour d'Al-Arish , une ville du Nord Sinaï, à environ 50 kilomètres de la frontière de la bande de Gaza.
Trois mois après la fin de la guerre, une grande partie de l'aide est soit pourris soit irrémédiablement endommagée en raison de la pluie et du soleil, et du refus de l'Égypte à ouvrir le point de passage de Rafah.
"Pour être honnête, la plupart de cette aide ne parviendra jamais à Gaza," dit un responsable local à IPS, sous anonymat. «Il y a beaucoup de nourriture qui devra être jetée."
La Bande de Gaza a été la cible des 3 semaines de l’opération israélienne Plomb Durci pendant laquelle la population civile et l’infrastructure déjà délabrée de l'enclave ont été pilonnées par les puissantes armes israéliennes, faisant environ 1400 morts et plus de 5.000 blessés quand Israël a déclaré un cessez-le-feu unilatéral le 18 janvier.
John Ging, le chef de l’UNWRA, l’Agence d’Aide et de Secours des Nations Unies, a déclaré à IPS la semaine dernière que la strangulation imposée aux efforts de secours pendant la période d'après-guerre avait eu des conséquences dévastatrices, à la fois physiques et émotionnelles, sur la population de la bande de Gaza.
Le dernier rapport sur la situation publié le 30 mars par le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies(OCHA), déclarait que "les quantités et les types de livraisons destinés à la bande de Gaza continuent d'être soumis à des restrictions aléatoires et à des procédures de dédouanement imprévisibles, créant d’énormes problèmes de logistique pour les organisations humanitaires».
L'aide alimentaire et autres produits humanitaires des base pour Gaza ont commencé à affluer en Egypte dès le début de la guerre, et les fournitures médicales ont été acheminées par Rafah - le seul passage de Gaza qui contourne Israël - tout au long de l'agression, alors que l'aide alimentaire passait par Israël.
Toutes les aides destinées à la bande de Gaza via l'Égypte doivent actuellement passer soit par Al-Oujda soit par Kerem Abu Salem, les passages commerciaux entre l’Égypte et Israël, et sont soumises aux spécifications israélo-égyptiennes et à la Loi israélienne sur l’importation.
Une grande partie de ce qui est stocké dans le Nord-Sinaï - dont des aliments comme les lentilles, les pâtes, les pois chiches, et les jus de fruits- sont considérés par Israël comme «non indispensables» à la vie dans la bande de Gaza.
2000 «boîtes familiales»- contenant des produits de base pour les familles palestiniennes et donnés par l'ONG italienne Musique Pour la Paix - ont été refusées au passage d’Al-Oujda par les autorités israéliennes parce qu'elles contenaient un pot de miel, a déclaré à IPS le Président de l'ONG, Stefano Robera, à Al-Arish.
Des représentants d'ONG internationales aussi bien à Al-Arish qu’à Rafah disent qu’aucune aide ne passe par l’un des points de passage égyptiens, malgré les assurances du gouvernement égyptien que le point de passage de Rafah restera ouvert pour "des considérations humanitaires".
OCHA indique que Rafah a été fermé à toutes les marchandises pendant le mois de Mars et qu’il n’a été ouvert que deux jours pour l’envoi de couvertures et de matelas dans la bande de Gaza.
Depuis le 27 décembre 2008, le jour où Israël a lancé sa guerre, seuls 43 camions de ce que l'OCHA appelle «les produits alimentaires humanitaires" sont entrés dans la bande de Gaza via Rafah. Le premier camion est passé le 10 janvier 2009, soit plus de deux semaines après le début de la guerre.
Certaines organisations transitant leur aide par l'Égypte disent que le gouverneur du Nord Sinaï, Mohamed Abdel Fadil Shousha, leur a demandé tout simplement de donner les produits à des ONG locales. D'autres témoins ont dit à IPS que les forces de sécurité égyptiennes chargées de la surveillance de l’aide l’ont distribuée aux habitants d'Al-Arish.
Le poste frontière de Rafah a ouvert ses portes en Novembre 2005, au moment où Israël et l'Autorité Palestinienne (AP) ont signé un accord sur la circulation et l'accès dans le cadre du «désengagement» israélien de la bande de Gaza.
En coordination avec l'Autorité Palestinienne, l'Égypte n’a autorisé le passage des voyageurs, des cargaisons et de l'aide humanitaire que sous la supervision d'observateurs de l'Union Européenne et de la sécurité israélienne. Lorsque le Hamas, le mouvement islamique élu démocratiquement en 2006, a pris le contrôle de la bande de Gaza en Juin 2007, l'Egypte a fermé sa frontière avec l'enclave côtière.
Depuis, le gouvernement égyptien a refusé d'ouvrir le passage de Rafah à toute cargaison ou aide humanitaire non médicale, laissant les marchandises dans un état d'incertitude politique et la population de Gaza se débrouiller avec les séquelles de la guerre meurtrière et la poursuite du siège économique.
Des organisations des droits de l'homme ont récemment déclaré que non seulement Israël, mais aussi l'Égypte, l'Union Européenne et les États-Unis violent le droit international en ne respectant pas l'accord de 2005 sur la circulation et l'accès et, par conséquent, violent les droits de l'homme des 1,5 millions de personnes de la bande de Gaza - en particulier pendant la période d'après-guerre.
Source : http://ipsnews.net/
Traduction : MG pour ISM
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