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Gaza - 23 août 2008
Par Osama Qashoo
Oussama Qashoo est un réalisateur de documentaires
Ce matin, je suis désolé de me retrouver sur la terre ferme de Chypre, séparé de mes collègues qui achèvent maintenant la dernière étape de leur voyage vers Gaza. Ils apportent de l’aide humanitaire et médicale à une population qui souffre d’un boycott international et de l'occupation israélienne illégale.
À bord des bateaux de pêche rénovés, le SS Free Gaza et le SS Liberty, il y a plus de 50 militants de 17 pays : juifs, musulmans, chrétiens, bouddhistes, agriculteurs, pêcheurs, fonctionnaires, professeurs, réparateur de piano et une survivante de l’Holocauste de 85 ans : tous unis dans leur détermination à briser le siège israélien.
Après des mois de préparation, la mission périlleuse de secours du Free Gaza Mouvement est en cours. Mais je ne suis pas avec eux, malgré le fait que je sois le seul organisateur palestinien impliqué.
La semaine dernière, ma famille, qui vit encore en Cisjordanie , a été attaquée et terrorisée, et j'ai également reçu de nombreuses menaces de mort anonymes. Ma famille a été prévenue que je devais quitter le projet et que je ne devais pas communiquer avec les médias.
Ce terrorisme psychologique m’oblige maintenant à protester publiquement. Bien que je ne sois plus à bord, je ne vais pas abandonner cette mission, même si une confrontation avec l'armée israélienne est imminente.
L'ONU a qualifié la situation à Gaza de catastrophe humanitaire, mais l'inhumanité continue. Plus de 200 civils ont trouvé la mort en raison du refus de laisser les malades de Gaza partir se faire soigner à l’extérieur. Les États-Unis, pays qui assume la gestion du monde et dont l'influence pourrait changer la situation, soutient le blocus.
Pire encore, il approuve les absurdes affirmations israéliennes, comme le récent attribut à d’innocents étudiants titulaires d’une bourse universitaire américaine de "menaces potentielles à la sécurité" qui doivent être interdits de partir étudier à l'étranger.
Au niveau international, la mince apparence de diplomatie a de nouveau été anéantie. Le 19 Juin, Israël a accepté de mettre fin à l'invasion militaire et au bombardement aveugle de Gaza, en échange d'une fin des tirs de roquettes artisanales sur Israël. Israël n'a pas respecté ses engagements.
Les frontières de Gaza, les barrières qui emprisonnent 1,5 millions de civils, restent fermées et peu de marchandises entrent. Même le matériel médical et les médicaments sont bloqués.
J'ai grandi en Palestine et j’ai vécu dans la peur depuis mon enfance. L'horreur de voir les anciens de ma famille brimés et humiliés, la terreur quotidienne de perdre mes parents. Rn regardant les aînés de ma famille être humiliés, la voix de l'enfant en moi criait en silence: "Comment puis-je arrêter cela?"
Pendant que j'étais à bord du Liberty, j'ai écouté les messages menaçants arriver sur le canal d’urgence du bateau, une utilisation illégale sauf en cas de détresse. Ces voix ont réveillé un profond et familier sentiment en moi: Peu importe si je sui un civil non-violent et gentil, je serai toujours surveillé, ou bien pire, pourchassé.
Maintenant je me rends compte que le plus grand ami de la terreur psychologique, c'est le silence. Le Free Gaza Movement a pour but de défier l’étranglement physique infligé à la Bande de Gaza, mais plus important encore, cette mission vise à briser le silence imposé auxs millions de civils sans voix dont les histoires de persécution quotidiennes sont si cruellement ignorées par la communauté internationale.
Lorsque nos bateaux sont arrivés à Chypre le 20 août pour rejoindre le reste de notre groupe de plus de 40 personnes, nous avons appris que le vice-premier ministre israélien et ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, avait enfin répondu à notre invitation.
Le Free Gaza Mouvement l’avait invitée à se joindre aux autorités chypriotes, qui venaient inspecter nos bateaux, afin de répondre à leurs préoccupations en matière de sécurité. Citant les accords d'Oslo, un document émanant du service juridique du Ministère des Affaires étrangères a affirmé qu’Israël avait le droit d'utiliser la force contre nos bateaux.
Il affirmait que les forces de sécurité étaient autorisées à stopper les bateaux dès leur entrée dans les eaux territoriales de Gaza et que les pacifistes non armés à bord pourraient être arrêtés par la force, emmenés en garde à vue et "interrogés" en Israël.
Pourquoi une mission de secours pacifique met autant en colère et fait peur au gouvernement israélien, ce qui le pousse à proférer des menaces?
Est-ce la façon dont Israël observe les responsabilités qui lui incombent en vertu des accords d'Oslo? En vertu de ces accords et de l'Accord Gaza-Jéricho, Israël ne s’est réservé qu’une responsabilité sur "la sécurité". Nos bateaux ne sont pas une menace.
Notre mission de David contre Goliath est une action directe destinée à contester l'inertie de la communauté internationale qui permet à la "catastrophe humanitaire" subie par la population de Gaza de se poursuivre. Les militants ne portent pas d'armes ou ne menacent pas de violence.
Si le gouvernement israélien ordonne la destruction de cette mission, ce sera certainement un acte sans pareil depuis l'explosion de l'USS Liberty il y a plus de 30 ans, une mission secrète de sabotage pour attirer les Américains dans la guerre contre l'Egypte.
Cette perspective jette une ombre sur notre mission. Mais le Liberty et le Free Gaza apporteront leur cargaison pacifique à la population de Gaza. Beaucoup de familles vont maintenant se rassembler sur la plage de Gaza, à attendre et à prier pour l’arrivée saine et sauve des bateaux.
Pour ces familles, pouvoir simplement naviguer sur cette mer d’un bleu cristallin, jouir de la liberté des eaux internationales, serait une très bonne chose en fait.
Source : http://www.guardian.co.uk
Traduction : MG pour ISM
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