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ISM France - Archives 2001-2021

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Ramallah -

Lettre à Muhammad Riad Nayef : "Tu n'as pas pu vivre dans ce monde qu'ils ont créé pour toi"

Par

Cher Muhammad,
Tu aurais pu être n’importe lequel des adolescents que j’ai vu autour de Ramallah. Je ne sais pas à quoi tu ressemblais, je n’ai jamais vu ton visage, mais je peux te décrire.
Bien habillé, beau, le regard souriant, et par-dessus tout, fier. Il y a tellement de garçons comme toi en Palestine. Tu es un parmi des milliers, et cette tragédie aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre eux. Je suis tellement désolée que ce soit arrivé. Je suis tellement désolée pour ta famille, pour ta mère, qui est l’une des milliers de mère à perdre son fils, ce qu’aucune mère ne devrait avoir à vivre. Je suis tellement désolée pour tes amis, qui sont trop jeunes pour voir leurs amis mourir.

Lettre à Muhammad Riad Nayef : 'Tu n'as pas pu vivre dans ce monde qu'ils ont créé pour toi'

Quand j’ai appris que tu avais été tué, les larmes m’ont serré la gorge, même si je ne te connais pas. Des larmes de chagrin simple, ordinaire, le genre de chagrin qu’on ressent quand des enfants sont tués pour rien du tout. Je ne peux m’empêcher de penser à la vie que tu avais devant toi, toute la vie que tu avais à vivre. Ta vie avait à peine commencé quand on te l’a volée.

Peu importe ce que disent les autres, je ne puis admettre que tu aies fait quoique ce soit de mal. Tout ce que tu as fait, c’est d’être en colère. Ton seul crime fut d’exprimer ta rage et ta frustration devant les conditions sous-humaines dans lesquelles toi et beaucoup d’autres sont maintenus, ont été maintenus depuis des décennies. Je ne peux que trop bien imaginer comment tes mains ont pris une pierre pour montrer que tu ne pouvais pas vivre dans ce monde qu’ils ont créé pour toi.

Peut-être tu aurais dû mieux savoir. Tu savais qu’ils n’hésitent jamais à ouvrir le feu sur des enfants à la moindre provocation. Tu connaissais leur capacité à agir de façon disproportionnée, à un degré écœurant. Tu avais 15 ans, pourtant, et tu étais fier. « Tu aurais dû », « tu n’aurais pas dû », « pourquoi as-tu », n’ont plus aucun sens aujourd’hui. Ton corps repose maintenant dans la terre.

S’il n’avait pas volé ta terre, tout ceci ne serait jamais arrivé, et tu serais toujours en vie. Tu serais toujours en vie ; tu aurais terminé tes études, trouvé un travail, tu te serais marié, tu aurais eu beaucoup d’enfants, tu aurais vieilli et grossi et tu serais mort dans ton lit, âgé. Rien de tout ceci n’arrivera maintenant, parce ta colère t’a condamné à mort par ceux qui occupent ta terre. Je ne sais pas combien de fois une chose pareille doit encore se produire pour que le monde entende et réalise l’ampleur du cauchemar collectif de ton pays.

Tu n’as pas choisi la violence. Tu as grandi encerclé par des murs et des fils de fer barbelés, et tu es mort encerclé par des murs et des fils de fer barbelés. Ta mort est une parmi des millions, une petite tragédie dans une catastrophe plus vaste. Mais tu ne seras pas oublié, du moins pas par moi. Ta colère se transmettra à d’autres. Ta frustration deviendra notre frustration. Ta rage deviendra notre rage. Un jour, avec suffisamment de colère et de frustration et de rage, les choses changeront, les murs tomberont, les torts seront redressés. Alors tu ne seras pas mort pour rien.

Jude

Note ISM :

Mohammed Riad Nayef habitant le camp de réfugiés d’Al-Jalazoun, près de Ramallah. Il a été tué par l’armée sioniste près de la colonie illégale de Beit Eil. Il était le deuxième de six enfants, et fils du responsable du Fatah du camp d’Al-Jalazoun, Riad Nayef, tué lui aussi par l’armée d’occupation il y a quelques années.

Le 31 août, vers 21h30, les troupes stationnées dans la tour d’observation installée à l’intérieur de la colonie illégale Beit Eil ont ouvert le feu sur cinq enfants palestiniens qui étaient près de l’école de l’Unrwa d’al-Jalazon.

Mohammed a été blessé de trois balles à la poitrine. Une ambulance de l’hôpital Sheikh Zayed, à Ramallah, a tenté de s’approcher de lui. Elle a été stoppée par au moins 30 soldats qui ont empêché l’équipe médicale de s’occuper du blessé.

Mohammed est resté au sol, baignant dans son sang, pendant une heure. Vers 22h30, les forces d’occupation l’ont transféré à Beit Eil d’où il a été évacué par hélicoptère à l’hôpital Hadasa ‘Ein Karem, à Jérusalem Ouest, où il est mort.

Source : The Palestine Telegraph

Traduction : MR pour ISM

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